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Aricle Un café paysan pour créer du lien

Anne Martin veut renouer le dialogue entre les paysans et la société. Et organise pour cela des cafés paysans.

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Une allure de lycéenne, aux chaussures rouges. Assise à la table d'un café, Anne Martin écoute. Collier coloré sur un pull noir, elle sourit, acquiesce. Ce soir, c'est « café paysan » pour tout le monde. En quelques minutes, le troquet, situé sur la rive gauche de Blois, se remplit. Silence. Un jeune homme prend la parole pour présenter la soirée. Anne Martin aurait pu le faire. Elle fait partie de ces quelques personnes qui, il y a deux ans, ont mis sur pied les cafés paysans. Mais elle reste discrète, préfère passer la main à d'autres. « Les autres », ils jouent un rôle central dans sa vie. « Je crois beaucoup au réseau, à l'échange, à l'évolution mutuelle. C'est le coeur des cafés paysans. Cela ne demande pas d'infrastructure, on peut dialoguer partout. »

Partout, mais de préférence au café, un lieu populaire où l'agriculture devient accessible à tous. Ce soir, ça se passe au Liber'thé, un café-librairie. « Ce qui m'intéresse, c'est l'ouverture sur la société. L'alimentation est l'affaire de tous. » Engagée, présidente de l'Addear 41 (1) pendant sept ans, Anne Martin défend une agriculture plus humaine, en circuits courts.

DU CAFÉ AU FROMAGE BLANC

Attablée devant une bière – elle aurait sans doute préféré un « vin rouge bio du coin » –, elle écoute les témoignages des jeunes installés. On s'interroge, on s'offusque, on s'exclame. À 52 ans, Anne réfléchit à sa propre succession. Installée à Monthou-sur-Bièvre (Loir-et-Cher), avec son mari, elle exploite 62 ha et élève 35 vaches.

Née de parents céréaliers, elle fut d'abord animatrice avant d'arriver tardivement à l'agriculture. « Elle possède une grande capacité à sentir le fonctionnement d'un groupe », apprécie Gilles, son mari.

Un jour, alors que celui-ci est éleveur depuis dix ans, elle décide de construire une fromagerie et d'accueillir des groupes à la ferme. Dans son exploitation qui reçoit régulièrement des enfants, des curieux des énergies renouvelables, des amateurs de bio, et même quelques musiciens d'une fanfare en répétition, sa fromagerie est un havre de paix. Anne parle avec poésie de son fromage blanc. « Le lait caillé est un produit agréable. Je me régale à le déposer dans les faisselles. Je suis tranquille, je me vide la tête… » Un moment solitaire dans une vie trépidante.

(1) Association départementale pour le développement de l'emploi agricole et rural du Loir-et-Cher.

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