Login

1. Mieux tenir compte du climat pour fra 1. Mieux tenir compte du climat pour fractionner les apports

La sécheresse de 2011 ne remet pas en cause le raisonnement de fond mais le positionnement des apports peut être assoupli autour du stade épi 1 cm.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

L'année 2011 a été atypique au niveau climatologique et a affecté l'efficacité des engrais azotés (lire l'encadré page 53). Toutefois, il n'est pas question de remettre en cause le fractionnement de la dose d'azote tant qu'il n'y a pas de données plus fiables sur le long terme concernant les prévisions saisonnières. « Le fractionnement des apports du plein tallage jusqu'au stade dernière feuille permet d'assurer une alimentation en azote quand la plante en a le plus besoin », assure Arvalis. Il permet aussi l'exploitation de plusieurs dates pour minimiser les risques de mauvaise valorisation.

« Le stade des plantes reste un bon repère pour déclencher les apports d'engrais azoté, confirme Jean-Pierre Cohan, spécialiste de la fertilisation à l'institut technique. Les besoins du blé courant tallage sont faibles, il est donc préférable de limiter la dose de ce premier apport, soit 40 unités maximum, de façon à garder suffisamment d'azote pour des stades ultérieurs (épi 1 cm et montaison) où il sera plus utile. En règle générale, 70 à 80 % de l'azote est absorbé entre le redressement et la floraison. Durant la montaison, cela correspond à des besoins de 2,5 unités d'azote par hectare et par jour (un peu moins à basse température en début montaison).

15 MM DE PLUIE DANS LES QUINZE JOURS SUIVANT L'APPORT

L'apport au tallage a pour rôle d'accompagner le redémarrage du blé mais l'azote n'est pas suffisant. Le temps doit aussi être un peu poussant. Si l'élément minéral est apporté trop tôt en février, une partie risque d'être perdue. Mieux vaut donc attendre que l'hiver se termine pour sortir l'épandeur à engrais afin que le démarrage de la montaison de l'épi ne se réalise pas en conditions limitantes.

Néanmoins, l'an dernier a montré l'importance de la pluie après l'apport pour en assurer une bonne valorisation par la plante. Ainsi, la date effective doit prendre en compte les prévisions de précipitations, « ce qui peut conduire à avancer ou retarder l'intervention de quelques jours », précise Jean-Pierre Cohan. Le mieux est de cumuler 15 mm de pluies dans les quinze jours après l'apport, ceci quelle que soit la forme d'engrais utilisée et l'état de sécheresse de la surface du sol au moment du passage de l'épandeur ou du pulvérisateur. Sinon, les risques en termes de carence ou de pertes par volatilisation de l'engrais deviennent importants.

MARS SOUVENT SEC

Il est donc recommandé de s'informer sur la pluviosité habituelle de sa région et de consulter les prévisions météo avant de décider de l'opportunité d'un apport d'azote en cours de campagne. Les analyses fréquentielles climatiques montrent qu'une période moins pluvieuse est souvent observée au mois de mars, notamment dans le Grand-Ouest et le Sud-Est, laissant peu de jours aux agriculteurs pour passer dans de bonnes conditions. Avril et mai sont en général plus arrosés.

« Le pilotage du troisième apport fin montaison est aussi conditionné par les pluies qui suivent, sachant qu'en avril-mai, il s'agit davantage de pluies orageuses », ajoute Christine Le Souder, d'Arvalis.

Cela peut conduire à adapter le fractionnement lors de l'apport de début montaison. Cette adaptation est d'autant plus importante pour les formes d'engrais susceptibles de subir des pertes importantes par voie gazeuse en situation de mauvaise absorption, comme par exemple la solution azotée (lire page 55).

Lorsque des périodes s'avèrent régulièrement défavorables dans certaines zones de production en termes de pluviosité, elles doivent si possible être évitées, même si le stade repère intervient à ce moment-là. Tout dépend bien sûr de la dose totale calculée. « Il ne faut pas focaliser sur la date calendaire du stade épi 1 cm, confirme Anne-Monique Bodilis, ingénieur régional Arvalis en Pays de la Loire. Il n'y a pas de risques à avancer l'apport de début montaison de plusieurs jours. » Par exemple, si 40 unités sont apportées au tallage mi-février, l'apport suivant peut intervenir dès début mars. En cas d'impasse au tallage, un passage peut être réalisé dès fin février à une dose plus conséquente. « Si l'apport central à épi 1 cm dépasse 100 unités (120 u par exemple), il est possible de le fractionner en deux fois en anticipant de quinze jours le premier passage (70 u) et en mettant le complément (50 u) à épi 1 cm, voire un peu après selon la pluviométrie annoncée. « Si les conditions sont humides, rien ne sert d'avancer les apports car l'azote est toujours mieux valorisé sur les apports tardifs », précise toutefois Jean-Paul Prévot.

L'impasse au tallage peut être réalisée selon l'état végétatif des cultures en sortie hiver et selon la densité de tiges. Cela dépend aussi du type de sol. « Dans les sols à forte teneur en matière organique ou recevant régulièrement des engrais organiques, les plantes peuvent se passer de cet apport », explique Jean-Paul Prévot, ingénieur régional en Nord-Picardie. En revanche, pour les parcelles chétives, en rotation céréales ou dans des sols à faible disponibilité, mieux vaut ne pas se passer de ce passage courant février. Il est possible de le vérifier grâce à l'observation de la bande à double densité si elle a été prévue au semis. Ou encore en appliquant de l'azote dans un coin de la parcelle pour voir si ça marque.

QUE FAIRE DANS LE CONTEXTE MÉTÉO ACTUEL ?

Reste que, cette année, le tallage des blés est déjà très important (plus de 5 talles en moyenne) alors que le stade épi 1 cm n'est généralement pas encore atteint. Certains jaunissements peuvent apparaître, ce qui est normal au vu des biomasses et des quantités d'azote absorbées, ainsi que le manque de rayonnement intervenu début janvier. Mais les cultures manquent forcément d'azote. Seule la mesure des reliquats pourra le dire (lire l'encadré page 52). Dans ce contexte, tous les spécialistes s'accordent à dire qu'il ne faut pas s'affoler. « C'est plutôt bon que les blés soient stressés », lance Anne-Monique Bodilis. Il vaut mieux retarder le premier apport. L'objectif est de rationner les cultures dès maintenant et faire régresser quelques talles. L'azote apporté ne ferait qu'entretenir des talles secondaires qui ne donneraient pas de beaux épis. Les parcelles risquent de jaunir un peu mais elles seront moins exubérantes, ce qui limitera le risque de verse et le développement trop important des maladies. « En revanche, les stades risquent d'être encore avancés au moment du début de la montaison, il faudra donc en tenir compte pour bien positionner les apports », remarque Jean-Paul Prévot.

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement