5. Développer des alternatives 5. Développer des alternatives
Le plan gouvernemental mise sur le développement d'une offre variée et adaptée aux contraintes des filières.
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La recherche de solutions pour se passer d'antibiotiques ne date pas d'hier. L'Union européenne a donné le départ de cette course à la fin des années quatre-vingt-dix, quand elle a banni l'emploi des antibiotiques comme activateurs de croissance. Depuis, fabricants d'aliments et laboratoires explorent de nombreuses pistes.
Acides organiques, extraits végétaux et huiles essentielles, restriction alimentaire, levures, enzymes, pré et probiotiques…, les solutions pour améliorer la santé animale par l'alimentation se multiplient. Il ne s'agit pas à proprement parler d'alternatives aux antibiotiques. Ni de remplacer une molécule médicamenteuse par un produit d'une autre nature mais de repenser la relation aliment-santé. Les solutions s'organisent selon les objectifs visés, des objectifs qui souvent s'entrecroisent. Il peut s'agir du bien-être digestif, de la lutte contre les pathogènes, de l'orientation de la flore intestinale, ou encore du soutien des défenses immunitaires de l'animal. « Le stress induit des besoins alimentaires spécifiques et augmente les risques de pathologie à certains moments, comme le vêlage, le sevrage des jeunes, la vaccination…, détaille Fabrice Robert, directeur recherches et développement chez CCPA. Nous avons mis au point des outils pour évaluer en routine l'état de santé du troupeau sur deux critères : l'inflammation et le stress oxydatif. » Ces outils dérivent de ceux utilisés dans la médecine des sportifs de haut niveau. « Ensuite, nous proposons des solutions adaptées à la situation particulière de l'élevage. Pas uniquement en proposant des additifs mais aussi en valorisant au mieux les activités antioxydantes de chaque matière première et les propriétés des acides aminés, vitamines, oligo-éléments… »
Les scientifiques ont encore du pain sur la planche : ils ne savent pas toujours pourquoi une solution qui fonctionne dans un élevage ne va pas donner les mêmes résultats ailleurs. Quant au champ d'investigation face aux extraits de plantes, il reste énorme.
Qu'il s'agisse de vaccin ou d'autovaccin, l'objectif reste identique : protéger l'animal contre les agents pathogènes. La différence ? L'autovaccin est produit à partir de la ou des bactéries isolées dans un élevage donné. « Sa mise en oeuvre exige un diagnostic très précis, une autopsie très fine, insiste Rosine Danguy des Déserts, directrice adjointe du Laboratoire départemental d'analyses des Côtes-d'Armor (LDA22). Il faut aller pêcher la bactérie dans les lésions. C'est plus difficile pour les pathologies digestives que respiratoires. Nous avons parfois besoin de recommencer le prélèvement. »
La souche isolée est ensuite acheminée vers le laboratoire chargé de fabriquer l'autovaccin. « Ce dernier est produit puis libéré en quatre semaines, calcule Dominique Fournier, du laboratoire Filavie. Je dis libéré car il fait l'objet d'un ensemble de tests avant d'être envoyé au vétérinaire qui l'a prescrit. Les autovaccins sont aujourd'hui fabriqués avec des objectifs de qualité et de sécurité identiques à ceux des vaccins qui font l'objet d'une autorisation de mise sur le marché (AMM). »
Seules les espèces porcines, avicoles, équines, piscicoles, canines et félines peuvent faire l'objet d'une telle prescription. Depuis la crise de la vache folle, la pratique est interdite chez les ruminants. Les autovaccins s'utilisent chez les volailles reproductrices, les canards mulards, le canard de barbarie, les porcs reproducteurs, les poulettes futures pondeuses et les dindes de chair. Une des difficultés est la culture des bactéries en laboratoire.
« Nous prescrivons des autovaccins de plus en plus souvent, détaille Julie Fontaine, vétérinaire du réseau Cristal. Le cadre réglementaire limite le choix des molécules pour certaines espèces. Nous avons intérêt à travailler avec des méthodes préventives, à utiliser plutôt des vaccins et des autovaccins. Et à ne recourir aux antibiotiques que lorsque la maladie se déclare. La mise en oeuvre d'un autovaccin est l'aboutissement d'une réflexion entre l'éleveur, son vétérinaire et son technicien. »
La prescription intervient en général quand la maladie récidive sur deux ou trois lots. Elle n'est pas possible quand un vaccin faisant l'objet d'une AMM existe pour la bactérie en question. À moins de demander une dérogation. « L'avantage de l'autovaccin, c'est sa flexibilité, poursuit Christophe Tremblaye, président de Biovac. Une bactérie, ça vit, ça mute. Nous pouvons, sur demande du vétérinaire, changer de souche. Un autovaccin peut aussi être ciblé contre plusieurs bactéries, ce qui limite le nombre d'interventions sur les animaux. »
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