1. Les hommes en mer les femmes à quai 1. Les hommes en mer les femmes à quai
Les Rigault pratique la pêche côtière en famille, sous haute surveillance.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Chez les Rigault, la pêche est une affaire de famille. Huit personnes vivent autour du « Cap à l'Amont », un catamaran de quinze mètres basé à Barfleur (Manche), dans le nord-Cotentin. « Mon père et mon grand-père étaient marins pêcheurs. J'ai 52 ans et j'espère passer le relais à mon fils Philippe », confie Alain Rigault, patron pêcheur.
Avec son gendre et deux salariés, ils sont cinq à partir en mer. A terre, sa femme, sa fille et sa belle-fille s'activent pour la commercialisation. L'année se divise en deux temps : de décembre à mi-avril, ils se consacrent à la coquille Saint-Jacques en baie de Seine. Puis les moules et le poisson prennent le relais pendant sept mois. Le bateau revient à quai tous les jours, sauf pendant la période de la coquille, où il peut partir deux à trois jours.
La quasi-totalité de la pêche est vendue à la criée de Cherbourg, selon la loi de l'offre et de la demande. « Le maquereau peut être à 2 €/kg le lundi et à 0,50 € le mardi parce que tout le monde en a pêché », explique Philippe. Si aucune vente n'est réalisée, un prix de retrait est appliqué par l'OPBN, l'organisation des producteurs marins pêcheurs de Basse-Normandie. « Un prélèvement de 1,55 % sur nos ventes finance ce rachat. »
Le bateau doit respecter les quotas sur les espèces protégées (morue, sole, moules, coquilles). « Pour les moules, nous avons droit à 480 kg par personne embarquée, avec un maximum de cinq personnes, soit 2 400 kg par jour, cinq jours par semaine, explique Philippe. Pour les coquilles, le quota est lié à la taille du bateau, soit 1 800 kg par jour quatre jours par semaine pour le "Cap à l'Amont". »
DE LOURDES CONTRAINTES RÉGLEMENTAIRES
Tous les jours, ils transmettent une évaluation de la pêche par satellite à la direction des pêches maritimes. En cas de contrôle, une erreur maximum de 8 % est tolérée par rapport aux quantités effectivement vendues à la criée. « Nous sommes la seule profession suivie par les gendarmes 24 heures sur 24 », ironise Alain Rigault. Aux quotas s'ajoute le contrôle par GPS. Le dispositif par satellite VMS (Vessel Monitoring System) permet au centre de surveillance des pêches d'Etel (Morbihan) de suivre en permanence la position du bateau. Un autre système baptisé AIS (Automatic Identification System) donne à chacun la position de ses collègues. « AIS a été mis en place en janvier pour des raisons de sécurité. Du coup, les autres bateaux connaissent aussi nos zones de pêche, nuance Alain Rigault. Je ne l'ai pas encore activé. J'attends que le bateau des affaires maritimes allume le sien ! » Malgré ces lourdes contraintes réglementaires, Alain transmettra son bateau à Philippe, 28 ans, à bord depuis douze ans. Mais il ne peut céder de son propre chef ses licences de pêche accordées en fonction des contingents.
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :