Deux semaines de travaux forcés pour les Deux semaines de travaux forcés pour les sept concurrents
Nous avons testé chaque tracteur lors de trois épreuves à la ferme, puis sur les bancs de puissance et d'hydraulique de la DLG.
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Alors que deux technologies de dépollution des moteurs agricoles s'affrontent sur le marché, nous avons mis à l'épreuve sept tracteurs dans le segment des grosses puissances sur une exploitation d'Allemagne de l'Ouest pendant dix jours. Les tracteurs sont ensuite partis sur la station d'essai de la DLG (société des agriculteurs allemands) basée à Francfort, pour des analyses plus poussées et un passage au banc d'essai.
Cinq concurrents utilisent la technologie SCR avec adjonction d'Ad- Blue : Case IH Magnum EP 340, Fendt 939 Vario, Massey Ferguson 8690, New Holland T 8.390, Valtra S 353. Les deux John Deere 8335 R et 8360 R disposent d'un filtre à particules FAP.
DEUX TRANSMISSIONS
A la ferme, nous avons travaillé sur chaque tracteur avec deux outils de travail du sol : un Karat de 6 m et un combiné de semis Amazone Cirius active de 6 m composé d'une herse rotative suivi d'une ligne de semis. Une troisième épreuve consistait à réaliser un parcours sur route de 50 km avec une tonne à lisier 3 essieux pleine. Elle a été réalisée par deux chauffeurs allemands autorisés à rouler à plus de 50 km/h. Pour les épreuves aux champs, six journalistes de quatre pays se sont relayés au volant afin de confronter leurs impressions.
CNH n'a présenté que des tracteurs équipés d'une transmission full powershift. De son côté, le groupe Agco proposait des tracteurs à variation continue. John Deere, qui propose les deux versions, avait apporté un tracteur équipé de chaque transmission. Nous avons évalué l'ergonomie en cabine, les fonctions pour l'utilisation de la transmission, du relevage, de la prise de force. Ce test prend la suite de celui de l'année dernière, où nous avions estimé l'ergonomie en cabine et plus particulièrement l'utilisation des terminaux.
PASSAGE AUX BANCS DE LA DLG
La DLG a pratiqué une série de tests afin de déterminer les puissances des moteurs à la prise de force sur un banc d'essai, et des relevés de puissance moteur à la traction. Le tracteur est attelé à un camion et relié par un dynamomètre pour définir la puissance de traction. Les consommations sont mesurées pour chaque régime : à la puissance au régime nominal, à la puissance maximale et au régime à la puissance maximale avec le boost (John Deere et CNH). Pour être plus précis, la consommation est également prise sur six points de la courbe de puissance et la DLG détermine une moyenne de la consommation sur toute la plage de puissance. Notons que les tracteurs avaient peu d'heures au compteur (entre 60 et 455 heures). La DLG a également procédé à des mesures similaires pour la consommation d'AdBlue aux différents régimes, ainsi que sur six points avec une moyenne.
Afin d'éviter les éventuelles tricheries et les manipulations sur les moteurs, la DLG a contrôlé les émissions d'oxydes d'azote et de particules de chaque moteur. Tous les tracteurs testés au banc de puissance étaient conformes à la dernière réglementation antipollution.
DES DIFFÉRENCES SELON NE PAYS D'ORIGINE
Tous les tracteurs passés à la DLG sont équipés de pneumatiques Michelin Axio Bib et MachXBib pour les deux CNH. La monte arrière est la même pour six tracteurs, chaussés en 710/70R42. Seul le Massey Ferguson est chaussé en 38 à l'arrière. Le Valtra étant exactement le même tracteur que le Massey Ferguson, excepté l'intérieur de la cabine, nous avons eu l'accord d'Agco pour lui attribuer les résultats techniques du Massey Ferguson qui seul a été passé aux tests de la DLG. D'autres caractéristiques comme le débit hydraulique, la puissance du circuit hydraulique, la force du relevage arrière ont été relevées. Les débits hydrauliques maximum dépassent allègrement 200 l/min.
En lisant les résultats de la DLG, on sent une différence entre les tracteurs européens et les tracteurs nord-américains, comme les deux John Deere et les deux CNH. La capacité de charge totale permise par ces tracteurs de très forte puissance est de 18 tonnes pour les modèles américains, adeptes des travaux de traction. Les trois tracteurs fabriqués en Europe (les membres du groupe Agco) ont une capacité de charge totale autorisée de 16 tonnes pour le Fendt et de 15 tonnes pour le Massey Ferguson et le Valtra. La répartition du poids avant/arrière est différente pour certains constructeurs mais reste néanmoins similaire, avec un rapport moyen de 40/60. Notons que le Fendt est le tracteur qui a le plus de poids sur l'arrière, avec 63 %, tandis que le John Deere 8360 R se rapproche des 50/50, avec une répartition de 56 % sur le pont arrière et 44 % sur l'avant. Quant à l'empattement, il est le même pour tous les modèles du test, sauf le T8 qui est plus long de 40 cm, avec un empattement de 3,45 m. Seuls les tracteurs américains ont un boost activable automatiquement lors des travaux à la prise de force et au transport. Les tracteurs européens proposent une puissance maximale à un régime inférieur au régime nominal.
LES POWERSHIFT
Case IH Magnum 340. Le Magnum bénéficie du moteur le plus économique du test. Le régime nominal est le moins élevé, avec 2 000 tr/min. Il atteint sa puissance maximale à 1 800 tr/min, soit 100 tr de moins que certains concurrents. La consomation d'AdBlue est en dessous de la moyenne et représente 7,9 % de la consommation de gazole. Cette performance permet de faire un plein d'AdBlue pour deux pleins de gazole. Le Magnum sort premier sur plusieurs mesures relevées par la DLG, telles la puissance de relevage, la puissance hydraulique, la perte de puissance à la traction la moins importante, l'insonorisation en cabine... Comme le Fendt, et malgré son gabarit très imposant, le Magnum présente le meilleur rapport poids-puissance, avec 47 kg/kW. L'accès pour l'entretien a été revu et est concentré sur les deux côtés du tracteur à hauteur d'homme.
John Deere 8335 R. Le 8335 R est annoncé avec un moteur de 335 ch, selon la norme EC 97/68. A la prise de force et avec le boost enclenché, il sort 346 ch. La consommation atteint 226 g/kWh lorsque le boost est activé. En comparaison avec tous les tracteurs, sans tenir compte du boost, le John Deere consomme plus que les CNH mais réalise une performance équivalente à celle du Sisu qui équipe le Massey et le Valtra. La DLG annonce une consommation pour la régénération du filtre à particules de 260 g/kWh au régime nominal, soit 68 l/h. Le constructeur annonce une régénération toutes les 25 heures d'utilisation.
New Holland T 8.390. Le T 8.390 est équipé du même moteur maison que le Magnum, avec le Fiat Power Train de 8,7 l. Néanmoins on remarque une légère différence de puissance qui peut s'expliquer par un nombre d'heures au compteur différent, le Magnum ayant réalisé 110 heures, contre 60 heures pour le T 8.390. Pour l'AdBlue aussi, le T 8 est très légèrement supérieur en consommation mais il faut noter que l'écart est infirme. On remarque également des différences à la puissance de relevage, de débit hydraulique, ainsi que de puissance du circuit hydraulique.
LES VARIATIONS CONTINUES
Fendt 939 Vario. Le Fendt est motorisé par un Deutz qui fournit la puissance la plus importante mais avec la cylindrée la plus petite du test : 7,75 l. Il développe 335 ch à son régime nominal à 2 200 tr/min. Sa puissance maximale est de 375 ch à 1 900 tr/min, soit une surpuissance de 40 ch. En revanche, ce petit six cylindres est le moins gourmand sur la moyenne du test six points. Néanmoins, il est le tracteur qui consomme le plus au régime nominal, ainsi qu'à la puissance maximale, avec des consommations respectives de 233 et 230 g/kWh. Il est également le tracteur qui consomme le plus d'AdBlue, que ce soit à la puissance maximale que lors du test des six points, avec une moyenne de 8,8 % de la consommation de gazole, tandis que ses concurrents sont autour de 7 %. Selon les mesures de la DLG à la puissance de traction, le Fendt sort premier du test malgré son poids plume, avec seulement 12 900 kg sur la balance.
John Deere 8360 R. Le 8360 R équipé de la transmission à variation continue AutoPowr est annoncé à 360 ch à la norme EC 97/68. Après passage au banc, il sort 354 ch à la puissance maximale sans le boost. Sa surpuissance due au boost n'est que de 10 %. Le 8360 R est le tracteur du test qui consomme le plus, que ce soit au régime nominal ou à la puissance maximale au régime moteur de 1 800 tr/min. Même résultat sur la moyenne des six points, qui est de 243 g/kWh. Comme pour le 8335 R avec la boîte full powershift, le 8360 R nécessite une régénération active du FAP toutes les 25 heures. Là encore, la consommation avec la rénégénation atteint des sommets, avec 269 g/kWh à 2 000 tr/min.
Massey Ferguson 8690. Contrairement au Fendt, le Massey Ferguson, qui dispose pourtant de la même transmission, reçoit le moteur du groupe, le Sisu de 8,4 l. Il est annoncé par le constructeur à 340 ch et sort après passage au banc à la prise de force 338 ch en puissance maximale. Le Massey est le moins gourmand en AdBlue, avec une moyenne de 7 % de la consommation de gazole. Cette faible consommation peut s'expliquer par le système de seconde génération qui répond d'ores et déjà à la norme Tier 4 final de 2014. Pour le reste (relevage, hydraulique), le 8690 rentre dans la moyenne. Seule sa capacité de charge totale admissible est moins élevée que la concurrence, avec 15 tonnes.
Valtra S 353. Frère jumeau du Massey Ferguson, le Valtra affiche les mêmes performances au banc de puissance de la DLG. La différence entre les deux marques, outre le choix du concessionnaire, se fera donc sur le prix (avantage au Valtra) et l'ergonomie de la cabine (avantage au Massey Ferguson). Parmi les mesures réalisées à la DLG, le S affiche le meilleur rayon de braquage du test, avec 12,8 mètres, et une très intéressante consommation de gazole sur la moyenne des six points de mesure (231 g/kWh).
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