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1. Des systèmes moins dépendants du clim 1. Des systèmes moins dépendants du climat

Le changement climatique est en route. Pour rester dans la course, l'agriculture devra s'adapter en changeant totalement les systèmes d'aujourd'hui.

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Une chose est sûre, le réchauffement climatique est inéluctable (lire l'encadré ci-dessous). Deuxième certitude : nos systèmes de production ne sont pas adaptés à ce changement. Pour Emmanuel Cloppet, responsable du service agrométéorologie de Météo France, l'adaptation dépend surtout de l'ampleur du changement : « Avec une hausse de 2 à 3 °C, l'agriculture peut s'adapter, avec 4 à 5 °C de plus, il faut trouver de nouveaux systèmes ». « Il y a cent ans, personne n'avait prévu ce qu'est l'agriculture d'aujourd'hui (la place du maïs par exemple), alors il est difficile d'imaginer ce qu'elle sera dans cent ans avec un tel changement climatique… observe Christian Huygue, directeur scientifique adjoint du secteur agriculture de l'Inra. Tout doit être modifié, même si on ne perçoit pas encore l'évolution du climat car les aléas interannuels masquent la tendance générale. »

SÉCURISER LE SYSTÈME

Si ce changement va entraîner des contraintes pour l'agriculture, les spécialistes s'accordent à dire qu'il y aura aussi des opportunités à saisir. Il existe plusieurs pistes pour pallier les aléas climatiques : augmenter le recours à l'irrigation (ce qui n'est pas vraiment d'actualité), optimiser la gestion de la ressource (agriculture et irrigation de précision) ou imaginer des systèmes moins dépendants du climat en réduisant leur sensibilité au milieu. Le tout en restant performant. Le système doit à la fois faire face à la forte variabilité interannuelle mais aussi à des « intrants », a priori, en baisse tels que l'eau, l'azote et les produits phytosanitaires. Il faut donc combiner performance économique, sociale et environnementale à un système tolérant aux aléas.

« L'objectif, reprend Christian Huygue, est d'avoir un système plus stable, capable d'encaisser les variations du climat même s'il donne de moins bons résultats l'année où tous les feux sont au vert. » Autrement dit, il convient de sécuriser le système car les conditions climatiques sont tellement différentes d'une année sur l'autre, qu'il est très difficile de prévoir un itinéraire sans qu'il soit chamboulé.

MÉLANGE CÉRÉALES PROTÉAGINEUX

Selon l'Inra, diversifier les productions permettrait par exemple de répartir les risques, de réduire les problèmes parasitaires, de diminuer les intrants et d'améliorer leur efficience, de mieux répartir les travaux et de participer à l'organisation d'un paysage. La diversification des espèces (sorgho, soja…) mais aussi des variétés (précocité, sensibilité aux maladies, tolérance aux accidents climatiques) est donc une piste à explorer à court terme.

A plus long terme, le mélange de plusieurs espèces pourrait répondre à l'enjeu de performance et de résilience (la capacité d'un système à maintenir les résultats face à un environnement changeant). Ainsi, le mélange céréales-protéagineux, en associant une céréale exigeante en azote et une légumineuse fixatrice d'azote, serait une solution. A condition d'intégrer ce changement à l'échelle de la rotation, en tenant compte du précédent mais aussi des avantages et inconvénients pour la culture suivante. Mais avant de se lancer, il faut penser aux débouchés, aux filières en place, et notamment à la nécessité de trier (choix des espèces selon la taille des grains…). La rotation, enrichie de cultures intermédiaires, doit aussi permettre de réduire la sélection d'adventices et de pathogènes résistants, de stocker du carbone et de réduire les besoins azotés. A l'échelle du territoire, cette diversification permet également de protéger la qualité de l'eau et des sols. Les cultures différentes peuvent alors servir d'écran pour les flux polluants dans un bassin versant avant d'atteindre les zones de captage.

De nouveaux débouchés deviendront aussi possibles (ou au contraire se fermeront) selon ce que feront nos partenaires européens et mondiaux. « Pour rester compétitif, prendre une place sur le marché et rester proactif, il faut avoir une vision sur le reste du monde pendant plusieurs années afin de suivre les évolutions de marché », conseille Christian Huygue.

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