1. Les inhibiteurs de l'ALS débarquent 1. Les inhibiteurs de l'ALS débarquent
Pour assurer la durabilité de ces futurs herbicides colza, il faudra suivre à la lettre les recommandations des firmes et du Cetiom.
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Pour la prochaine campagne, un peu moins d'une dizaine de nouveaux herbicides devraient être disponibles sur colza. Parmi eux, trois spécialités sont de la famille des inhibiteurs de l'acétolactate synthase (ALS). L'imazamox et l'ethametsulfuron- méthyl, les deux matières actives concernées, appartiennent au groupe HRAC (herbicide resistance action committee) B, pour lequel des cas de résistance ont été détectés.
Deux de ces herbicides sont proposés par BASF. Il s'agit du concept Clearfield, déjà utilisé sur tournesol. Les herbicides (en partie composés d'imazamox) sont alors associés à des variétés tolérantes.
SPECTRE D'EFFICACITÉ PLUS LARGE
Homologué l'automne dernier, Cleranda (imazamox 17,5 g/l + métazachlore 375 g/l) est associé à l'adjuvant Dash HC. BAS 798H, en attente d'homologation, est composé en plus de 100 g/l de quinmérac et doit être associé au même adjuvant.
En proposant plusieurs modes d'action, BASF souhaite ainsi s'assurer de la durabilité de ses solutions (voir tableau ci-contre). « 2012 sera une année de tests sur quelques centaines d'hectares pour la technique Clearfield sur colza. Le lancement à grande échelle sera probablement pour 2013 », informe Jean-Pierre Galle, chez BASF.
Le Cetiom estime que ces deux nouveautés sont un progrès car elles peuvent s'employer en postlevée en un seul passage à 2-3 feuilles de la culture. « Mais leur spectre d'action est aussi innovant, notamment pour la deuxième spécialité grâce au quinmérac, qui améliore l'efficacité sur coquelicot, ombellifères et gaillet », précise Franck Duroueix, spécialiste du désherbage au Cetiom.
L'efficacité de Cleranda et de BAS 798H sur géraniums et crucifères serait sans commune mesure avec les solutions de prélevée ou de présemis-prélevée disponibles. Les produits présentent aussi des spectres beaucoup plus larges que les solutions de postlevée actuelles. Sur les autres adventices, l'efficacité serait satisfaisante, excepté sur bleuet.
Du côté des monocotylédones, les repousses de céréales, brome et vulpie sont bien contrôlées par ces deux produits. Même si l'efficacité sur vulpin et ray-grass dépasse 80 %, l'utilisation de cette technologie est à proscrire. Il existe en effet pour ces adventices de nombreux cas de résistances aux herbicides de la famille des sulfonylurées (employées sur céréales), qui présentent le même mode d'action.
Sur le terrain, les techniciens demeurent très mesurés et prôneront l'utilisation de ces herbicides dans des cas de désherbages spécifiques de géraniums ou de crucifères, comme c'est le cas dans les rotations de type colza/blé/orge du Berry ou de Lorraine notamment. Le Cetiom ajoute qu'ils pourraient aussi être employés dans les régions méridionales, où les conditions sèches au semis handicapent le désherbage. « Cela pourrait inciter les agriculteurs à faire plus facilement du colza dans le Sud- Ouest », ajoute Franck Duroueix. En revanche, dans des situations de flores plus simples, l'utilisation de la technologie Clearfield sur colza ne sera pas recommandée.
PAS DE VARIÉTÉS FRANÇAISES
Des voix s'élèvent contre les variétés tolérantes aux herbicides (VTH) issues de la mutagenèse, assimilées dans ce cas aux OGM. Depuis que ces solutions sont disponibles sur tournesol, des arrachages ont régulièrement lieu. Ce contexte ne semble donc pas être propice à l'inscription de ce type de matériel génétique.
Seuls un ou deux colzas tolérants à l'imazamox inscrits au catalogue européen (pays de l'Est) seraient disponibles actuellement. Quant aux demandes d'inscription au catalogue français, elles seraient en cours d'étude au sein du CTPS (Comité technique permanent de la sélection). « Nous sommes dans un contexte particulier et nous allons tenir compte de l'expertise collective pour proposer ou non ce type de variétés au catalogue », informe le CTPS. On peut se questionner : les semenciers vont-il être obligés de passer par d'autres pays, avec peut-être des exigences moindres, pour pouvoir proposer une large gamme de colzas tolérants ?
ASSOCIER LES MODES D'ACTION
DPX-A7881 est le troisième herbicide inhibiteur de l'ALS qui pourrait, sans certitude, être proposé l'automne prochain par DuPont Solutions. Il pourra être utilisé sur toutes les variétés. Il est composé de 75 % d'ethametsulfuron-méthyl, une nouvelle matière active qui présente là aussi un intérêt sur la flore difficilement contrôlable telle que les géraniums, la sanve, la calépine ou les ombellifères. Cette sulfonylurée dispose d'une moindre action sur passerage, barbarée, matricaire et s'avère insuffisante sur ravenelle et coquelicot. Sur bleuet, chardon marie et érodium, l'efficacité serait également faible. Par ailleurs, elle n'a pas d'action sur graminées. Même en l'absence d'adventices moins bien contrôlées par DPXA7881, la firme souhaite que le produit soit mis en marché dans le cadre d'un programme ou d'une association, pour un désherbage durable. Le Cetiom estime que son utilisation en postlevée avec 0,8 l/ha de Butisan S ou de Sultan, voire avec 1 l/ha de Novall permet de renforcer son action sur géraniums, sanve et coquelicot. Au final, le spectre d'action sera large, avec toutefois un léger bémol sur bleuets, mercuriales, ravenelles, bromes et repousses de céréales. Le contrôle des graminées pourra se faire grâce à une prélevée modulée (1,2 l/ha de Butisan S ou 1,5 l/ha de Novall ou 3 l/ha de Colzor Trio).
Si lDPX-A7881 semble moins inquiéter les responsables techniques des coopératives que les solutions Clearfield, le Cetiom appuie qu'elle devra aussi « faire l'objet d'une gestion du risque d'apparition de résistance uniquement sur dicotylédones ». Les premiers cas de coquelicots et de matricaires résistants aux herbicides du groupe B ont en effet été détectés sur le territoire français.
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