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Présidentielle L'agriculture dans la campagne

Au-delà du folklore, avec la traditionnelle visite des candidats au Salon de l'agriculture et des polémiques ponctuelles, comme sur le halal, les sujets agricoles ont du mal à percer. Ils ne sont pourtant pas absents des débats. 

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Si le Salon de l'agriculture n'avait pas le bon goût de se tenir moins de deux mois avant le premier tour des élections, entendrait-on seulement parler d'agriculture dans la campagne présidentielle ?

Sitôt terminé le traditionnel défilé des prétendants à l'Elysée, la parenthèse agricole semble se refermer pour laisser place à une campagne qui n'a plus grand-chose à voir avec le monde rural.

Et on peut s'interroger sur la place que les candidats accordent à l'agriculture, au-delà de quelques débats polémiques comme sur l'abattage rituel – qui traite finalement moins d'agriculture que d'intégration.

Sept candidats sur dix se sont pourtant rendus à Montpellier, le 29 mars 2012, pour exposer leur vision de l'agriculture devant des représentants du monde rural (FNSEA, JA, ainsi qu'une vingtaine d'organismes agricoles et para-agricoles). Preuve qu'ils en ont une, de vision de l'agriculture !

Cachée dans les détails

De fait, tous les candidats abordent l'agriculture dans leur programme. Certains lui consacrent un chapitre spécifique : le sixième des 60 engagements de François Hollande vise à « défendre l'agriculture française », François Bayrou consacre un volet à « une agriculture compétitive, préservée et durable », Jean-Luc Mélenchon dessine les contours d'un « nouveau modèle agricole », Marine Le Pen consacre un chapitre à l'agriculture et la ruralité, Eva Joly égrène cinq propositions pour une « agriculture paysanne pour une bonne alimentation », la dix-septième proposition de Nicolas Dupont-Aignan vise à « permettre aux agriculteurs et pêcheurs de vivre de leur travail »... Et si le président sortant ne consacre pas de chapitre exclusif à l'agriculture, il l'aborde dans ses propositions générales, par exemple lorsqu'il veut « alléger les charges patronales qui pèsent sur le travail [...] notamment dans l'industrie et l'agriculture ».

Bien d'autres propositions, chez les uns et les autres, concernent le monde agricole, même si elles ne sont pas étiquetées en tant que telles – notamment dans les domaines de l'environnement, de l'énergie, du commerce ou encore des services publics dans les terriroires ruraux. Une lecture attentive est de mise : dans les programmes des candidats, l'agriculture se cache dans les détails !

Agriculture made in France

Plus globalement, si elle n'est pas toujours sous les feux des projecteurs, l'agriculture est concernée au premier chef par les thèmes phares de la campagne. A commencer par le « Produire en France ».

Aujourd'hui, l'agriculture est délocalisable au même titre que l'industrie, avec des implications tout aussi graves sur les plans économique et social : l'agriculture et l'agroalimentaire emploient 6 % de la population active, et plus du double si l'on compte les services à l'agriculture et le commerce.

Le sujet de la délocalisation est peut-être encore plus sensible pour l'agriculture que pour d'autres secteurs puisque c'est la sécurité alimentaire du pays qui est en jeu. Une sécurité alimentaire en termes de volumes mais aussi de qualité sanitaire des produits, les normes sanitaires et les contrôles étant plus stricts en France que dans un certain nombre de pays.

Enfin, maintenir un tissu d'exploitations agricoles sur le sol français est essentiel pour préserver nos territoires, ce qui contribue non seulement à la qualité de vie mais aussi à l'excédent touristique français. Tous les candidats semblent bien conscients de cette menace, à des degrés divers, et chacun a sa réponse à apporter.

Autre expression actuellement dans toutes les bouches: la perte de « compétitivité ». Il semblerait que ce fléau qui gangrène l'économie française n'épargne pas l'agriculture. L'enjeu est de taille puisque l'agroalimentaire est l'un des seuls secteurs économiques à pouvoir encore s'enorgueillir d'une balance commerciale positive. Là encore, la plupart des candidats ont une réponse à apporter, même si elle consiste, pour certains, en un abandon pur et simple de la course à la compétitivité.

Préoccupations des Français

Enfin, à bien d'autres égards, les préoccupations du monde agricole rejoignent ou croisent celles de l'ensemble de la société. Alors que le chômage est la préoccupation numéro un de nombreux Français, l'agriculture et la forêt représentent des gisements d'emplois considérables pourvu qu'il y ait une volonté politique de les mettre en valeur.

La question du pouvoir d'achat entraîne celle des marges de la grande distribution. Le problème des retraites est loin d'être résolu, en agriculture comme pour le reste de la société. Le volet de l'enseignement et de la formation concerne aussi l'enseignement agricole. A toutes ces préoccupations, les candidats tentent d'apporter des réponses.

Et ils s'adressent pour cela à l'ensemble des Français, donc y compris aux agriculteurs. C'est par exemple le cas lorsque François Hollande, à Montpellier, confirme que les 60.000 postes qu'il prévoit de créer dans l'éducation concernent aussi l'enseignement agricole.

Par ailleurs, quelques phrases lâchées çà et là par les présidentiables montrent qu'ils n'oublient pas l'agriculture. Un exercice facile pour François Bayrou, issu du monde agricole, qui peut expliquer que « les retraités agricoles, pour moi, ce ne sont pas des dossiers, ce sont des visages ».

Mais d'autres ont aussi à coeur de montrer leur intérêt pour le monde agricole, y compris parmi les moins connus. Tel Nicolas Dupont-Aignan, en meeting le 25 mars, qui martelait que « la France ne peut plus se permettre de perdre un agriculteur », ou Nathalie Arthaud qui s'adresse, dans son clip de campagne, à « tout ceux dont l'activité est utile à la société, personnel des hôpitaux, de l'enseignement, chercheurs mais aussi petits paysans ».

Tous les candidats ont des choses à dire sur l'agriculture, mais cette dernière est rarement au coeur des débats. Peut-être parce que c'est aussi le rôle des médias de centrer les débats sur certains thèmes. C'est ce qu'a fait La France agricole, en allant au devant des candidats pour les faire parler de sujets qui vous concernent.

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