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Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts) Eva Joly (Europe Ecologie-Les Verts)

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PRIORITÉS

En cas de victoire de votre parti, quelles sont les trois mesures que vous prendrez pour le secteur agricole ?

J'abrogerai la loi de modernisation agricole pour la remplacer par une nouvelle loi d'orientation agricole mettant en place les conditions de la transition écologique de l'agriculture, notamment en ouvrant la gouvernance des instances agricoles à tous les syndicats agricoles, à la société civile et aux élus locaux, et en stimulant l'accès au foncier aux porteurs de projet d'une agriculture plus écologique.

Je conditionnerai l'ensemble des aides versées au niveau national par rapport à l'emploi, l'environnement et à un réel bien-être animal.

J'inciterai les collectivités à atteindre 20 % de leur surface agricole en bio, par acquisitions foncières publiques ou associatives, ces dernières étant financées par une taxe renforcée sur l'urbanisation des terres agricoles.

ENVIRONNEMENT

Faut-il encore verdir la politique agricole et si oui, de quelle façon ?

Le verdissement de la Pac actuellement proposé est insuffisant. Il faut accentuer la transition écologique de l'agriculture, par le soutien de projets d'agriculture durable, des taxes renforcées sur les pesticides et les nitrates, des avantages fiscaux pour les projets écologiques et une réorientation de la recherche agronomique et de l'enseignement agricole vers l'agroécologie. Cette accélération du verdissement sera accompagnée d'exigences de l'application similaire des mêmes règles à l'ensemble des pays européens.

SOUTIENS

Faut-il aider l'agriculture ? Par quels moyens et à quelles conditions ?

Tant que l'agriculture est soumise à la volatilité des marchés, donc en attendant plus de régulation, il faut mettre en place des aides contracycliques conditionnées à l'emploi et à l'environnement.

Mais moi surtout, je ne veux plus que le paysan soit vu comme un pollueur. Je veux qu'il participe à un projet de société durable, dans un nouveau pacte avec la société. Car où est la fierté quand on doit cultiver sa terre en tenue de cosmonaute pour se prémunir d'une intoxication aux pesticides ? Quel dilemme quand on comprend l'impact de tous ces intrants chimiques sur nos rivières et nos plages.

Vous savez, j'ai rencontré beaucoup de paysans pendant ma campagne. Vous n'avez pas à me convaincre que vous avez le souci de la nature, car c'est votre outil de travail. Mais vous connaissez comme moi l'impact du modèle agricole conventionnel. Vous vivez cela. Et moi, je me souviendrai toujours de cet agriculteur malade des pesticides que j'ai rencontré lors d'une visite en Alsace.

COMPÉTITIVITÉ

La course à la compétitivité doit-elle être soutenue ? Quelles mesures serez-vous prêt à prendre dans ce sens ?

La compétitivité sur les coûts de production et les volumes produits est non seulement très coûteuse en externalités sociales et environnementales, mais est en plus non durable, et nous avons peu de chance d'y gagner vu les avantages comparatifs d'autres grands pays producteurs et l'évolution du cours du pétrole. Nous défendons une autre compétitivité, en termes de durabilité : une agriculture résiliente, en accord avec l'environnement, adaptée au territoire, créatrice d'emplois objectif prioritaire dans une économie avec 4 millions de chômeurs. Pour gagner sur ce terrain, nous proposons d'accompagner la transition du monde agricole vers l'agroécologie, sur le modèle de l'agriculture biologique, via l'agriculture intégrée, la production européenne de protéines végétales, l'installation agricole et la diversification des productions locales. Cette transition, pour avoir lieu, implique une forte implication des pouvoirs publics à toutes les échelles, une réorientation des critères d'attribution des aides, de la recherche, de l'enseignement, de l'accompagnement agricole, de la gestion foncière...

RELOCALISATION

La sécurité alimentaire passe-t-elle par la relocalisation de la production agricole ? Jusqu'où doit-elle aller ?

La sécurité alimentaire passe par une production beaucoup plus diversifiée à toute les échelles, pour réduire les transports, et accroître les liens sociaux, mais aussi restaurer la fertilité des sols et la résistance aux parasites.. Il faut restaurer la polyculture-élevage, tout en mettant un terme à l'élevage industriel et en réduisant la consommation de viande. On ne peut cependant pas produire de tout partout pour des raisons de conditions climatiques et de sols. La France devrait développer des exportations à partir des productions de haute valeur ajoutée (vin, fromage, label rouge, AOP, AB, etc).

FONCIER

L'usage des terres doit-il être réservé à la production alimentaire, ou faut-il en réserver une part pour les débouchés énergétiques et la préservation de la biodiversité ?

Il faut préserver des forêts pour la biodiversité, le carbone et la biomasse, mais l'usage des terres agricoles doit être destiné en priorité à la production alimentaire, même si on peut également en tirer de la biomasse pour l'énergie et des agromatériaux pour la construction, quand les besoins alimentaires nationaux sont satisfaits. L'agroécologie travaille en accord avec la biodiversité et encourage des cultures mixtes en consacrant une même parcelle à plusieurs productions en même temps, alimentaire, fourragère, énergétique...

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