Marine Le Pen (Front national) Marine Le Pen (Front national)
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PRIORITÉS
En cas de victoire de votre parti, quelles sont les trois mesures que vous prendrez pour le secteur agricole ?
Notre première mesure visera à abandonner la Pac au bénéfice de la Paf (politique agricole française) permettant un développement stratégique plus justement réparti entre petites et grosses structures agricoles. Pour cela, la France adoptera cette politique agricole nationale ambitieuse financée par la réduction globale au budget européen, dans le cadre de la renégociation des traités européens qui sera entreprise dès 2012.
Pour ce faire, sera votée une loi de programmation pluriannuelle mettant en oeuvre une vision à long terme de nos ambitions collectives pour l'agriculture française, avec pour premier objectif la stabilisation des prix des matières premières agricoles, qui donnera aux agriculteurs une visibilité à moyen terme leur permettant de prendre des décisions d'investissement.
Notre seconde mesure dans le cadre de la préparation de la loi de programmation sera la tenue d'une conférence des finances agricoles qui devra évaluer cette contribution : valeur des services écologiques rendus (entretien des paysages, de la biodiversité...), valeur de la sécurité et de l'indépendance alimentaires, montant de la rupture d'égalité des agriculteurs devant les charges publiques. Les mesures de compensation comprendront notamment :
- La création d'une caisse de compensation et d'amortissement de la dette paysanne en vertu du principe de rétablissement de l'égalité devant les charges publiques.
- La création d'un fonds d'intervention pour la campagne afin de revaloriser les zones rurales en difficulté et de réduire les inégalités entre les territoires, notamment sur le plan des services publics.
- La création d'un conservatoire du patrimoine viticole et le refus des plans d'arrachage de vignes demandées par l'Union européenne.
- Un programme d'aide à l'installation des jeunes agriculteurs (110 millions). La revalorisation des retraites agricoles, spécialement pour le conjoint survivant. La retraite agricole minimale sera fixée à 85 % du Smic.
La troisième mesure immédiate sera la réduction de la bureaucratie agricole et la simplification des procédures et des contrôles qui permettront de faire des économies budgétaires, et d'alléger les contraintes administratives déraisonnables pesant sur les agriculteurs.
ENVIRONNEMENT
Faut-il encore verdir la politique agricole et si oui, de quelle façon ?
Si par « verdir » la politique agricole on entend le souhait de protéger notre environnement et les consommateurs, il est certain que la politique agricole défendue par Marine Le Pen vise également à promouvoir une agriculture raisonnée, en équilibre entre les techniques et le respect de la nature.
Il s'agit donc de mieux maitriser les apports chimiques et les innovations ayant fait la preuve de leur innocuité, planifiant l'amélioration des sols et optimisant la gestion des ressources et besoins en eau.
La productivité dynamique peut aller de pair avec une sécurité sanitaire exigeante dont les agriculteurs, premières victimes de l'abus des pesticides, seront les premiers bénéficiaires.
SOUTIENS
Faut-il aider l'agriculture ? Par quels moyens et à quelles conditions ?
Oui, il faut aider l'agriculture française. Un mécanisme de soutien interne doit être rétabli pour garantir des prix minimaux et stables. Celle-ci doit pouvoir bénéficier d'une loi « Achetons français » qui obligera les administrations d'Etat et les administrations des collectivités territoriales, ainsi que les cantines et restaurants d'entreprise, à se fournir prioritairement en denrées alimentaires produites en France.
Autre moyen d'aider notre secteur agricole, l'excellence de la recherche agronomique française doit être renforcée et remise au service des agriculteurs (amélioration des sols) et des consommateurs.
Le droit des agriculteurs à ressemer leur propre récolte et à en disposer doit être sanctuarisé.
Les mesures favorisant un partage de la valeur ajoutée plus favorable aux producteurs doivent être considérablement renforcées, notamment par la régulation et la simplification des circuits de distribution et la régionalisation des achats publics (au moyen d'une modification du code des marchés publics), ainsi que par la promotion des systèmes coopératifs entre producteurs.
Une lutte renforcée contre les ententes entre centrales d'achat et les abus de position dominante de la grande distribution doit être menée, grâce à un renforcement des moyens de l'Autorité de la concurrence à laquelle la loi fixera en outre une mission plus ambitieuse et l'adoption, enfin, d'une loi sur les recours collectifs.
L'emprise de la finance sur le marché des matières premières agricoles doit être limitée notamment par la restriction des opérations purement spéculatives, la lutte contre la manipulation des marchés et la mise en oeuvre de moyens publics de régulation des prix (stocks d'intervention)
Enfin, toute tentation des institutions européennes d'accepter dans le cadre de l'OMC de nouvelles réductions des tarifs douaniers, du soutien interne, des subventions à l'exportation ou de la protection des indications géographiques rencontrera d'emblée l'opposition de la France si Marine Le Pen est élue. La spécificité de l'agriculture européenne doit être reconnue au sein de l'OMC... Dans le cas contraire, l'agriculture européenne (ou, à défaut, française) doit sortir du champ de l'OMC.
COMPÉTITIVITÉ
La course à la compétitivité doit-elle être soutenue ? Quelles mesures serez-vous prêt à prendre dans ce sens ?
La course à la compétitivité ne doit pas être soutenue car l'Europe n'est pas excédentaire. Les échanges se font dans 90 % des cas à l'intérieur de l'Europe. Il ne faut pas chercher un prix pour être en phase avec les cours mondiaux mais plutôt des prix minimaux garantis à nos agriculteurs par l'Etat car ce sont les marchés financiers qui spéculent aujourd'hui sur les matières premières agricoles. Il faut donc mettre en place une politique agricole française (PAF) financée par la réduction globale au budget européen et renégocier les traités européens.
RELOCALISATION
La sécurité alimentaire passe-t-elle par la relocalisation de la production agricole ? Jusqu'où doit-elle aller ?
Oui, la relocalisation est largement une question de bon sens. C'est pourquoi nous souhaitons promulguer la loi « Achetons français » que nous évoquions dans les réponses à votre question. Les importations doivent se limiter aux produits pour lesquels notre pays n'est pas autosuffisant.
Plus largement, pour garantir la sécurité alimentaire, les importations en Europe doivent être soumises aux mêmes contraintes phytosanitaires que celles imposées à nos paysans producteurs. Cette exigence devra être imposée par l'intermédiaire des droits de douane ciblés.
La régulation et la simplification des circuits de distribution et la régionalisation des achats publics, la promotion des systèmes coopératifs entre producteurs que nous évoquions également dans notre réponse à cette même question participent de cette volonté de ré-enracinement de notre production.
FONCIER
L'usage des terres doit-il être réservé à la production alimentaire, ou faut-il en réserver une part pour les débouchés énergétiques et la préservation de la biodiversité ?
Il y a les faits : l'explosion démographique mondiale a débouché sur la conversion de forêts tropicales, en particulier en Amérique du Sud et en Afrique, en surfaces agricoles cultivables. A cela s'ajoute le fait que l'augmentation du niveau de vie des pays émergents induit également d'autres modes de consommation alimentaire, indirectement responsables de cette déforestation, notamment avec l'augmentation des cheptels de bêtes à viande... Notre planète peut-elle supporter le cout écologique de cet accroissement exponentiel de sa population ?
Selon les estimations des experts, les prix de la nourriture devraient augmenter de 70 à 90 % en termes réels d'ici à 2030, et ce sans même prendre en compte l'éventuel effet du changement climatique, qui pourrait à nouveau doubler les prix.
Les prix du maïs ont d'ailleurs fortement augmenté ces derniers mois, la production mondiale étant incapable de suivre le rythme de la demande record, liée notamment à la croissance de l'industrie de l'éthanol aux Etats-Unis.
Nous estimons que le développement des biocarburants est tout sauf une solution d'avenir sur le plan environnemental au-delà même du détournement des productions agricoles à des fins qui ne sont plus alimentaires. L'alternative est simple : rouler ou manger. Si notre pays voulait assurer sa consommation uniquement grâce aux biocarburants, il faudrait pour cela une fois et demie la totalité des surfaces cultivables en France.
L'étude britannique, publiée le 17 août 2007 par la revue Science, indique que l'utilisation des « agrocarburants » émettrait jusqu'à neuf fois plus de CO2 que nos carburants fossiles traditionnels. Car les forêts qui assimilent le carbone lors du processus de photosynthèse sont détruites au profit de la betterave et du colza qui en assimilent beaucoup moins.
La production de ces biocarburants est responsable de nombreux rejets polluants. Selon une étude américaine, l'énergie dépensée par le processus de fabrication du bioéthanol est de 29 % supérieure à l'énergie contenue dans ce bioéthanol.
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