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2. Tournesol : des marges de progrès imp 2. Tournesol : des marges de progrès importantes

Souvent mal-aimé dans l'assolement, le tournesol déçoit en rendement et en teneur en huile. Il suffirait de peu pour améliorer certaines pratiques, d'autant que le prix de vente en hausse invite à se pencher sur la culture.

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La rusticité du tournesol a toujours été une bonne excuse pour délaisser la culture, d'où une stagnation et une grande variabilité entre parcelles du rendement et de la teneur en huile. Dans un même bassin de collecte, entre 2007 et 2009, le Cetiom a noté une énorme amplitude de 20 q/ha/an et de 10 points d'huile.

Pourtant une marge de progression existe bel et bien. Pour atteindre l'optimum, des ajustements doivent intervenir tout au long de l'itinéraire technique. Selon le Cetiom, le potentiel des meilleures variétés est proche de 50 q/ha, alors que le rendement national stagne entre 21 et 26 q/ha.

SEMIS. Augmenter la densité. Le potentiel de production du milieu, selon le type de sol et la réserve utile en eau, est le premier facteur important. Selon une étude du Cetiom, un écart de 7 à 8 q/ha a été observé en 2008 entre des milieux à faible potentiel et d'autres à potentiels moyen et élevé.

Des densités de semis trop faibles sont également observées : entre 11 et 30 % des parcelles présentent une densité de peuplement inférieure à 40 000 plantes/ha entre 2007 et 2009, alors que le Cetiom recommande entre 50 000 et 60 000 plantes/ ha pour un écartement de 50 à 60 cm. Pour viser un tel peuplement, il faut donc semer à une densité de 65 000 graines/ha au minimum. « Depuis deux ans, le prix du tournesol est assez élevé pour ne pas aller vers de fausses économies de semences, estime Pierre Jouffret, du Cetiom. Cela vaut le coup d'investir un peu plus dans la culture. » La densité et l'homogénéité du peuplement sont d'autant plus cruciales qu'elles influent directement sur le rendement mais aussi sur la teneur en huile. A titre d'exemple, il est rare d'atteindre 25 q/ha en deçà de 40 000 plantes/ha alors que ce rendement est souvent dépassé au-delà de 55 000 plantes/ha, quelle que soit la variété. Pour l'huile, si la densité est faible, la graine sera certainement plus lourde mais avec une part de coques élevée, et la teneur en huile subira un effet de dilution.

La date de semis est également trop tardive, il faut éviter les semis de fin avril-début mai. On privilégiera les semis entre fin mars et fin avril dans le Sud, les semis d'avril dans le Centre et l'Ouest, et de la première quinzaine d'avril dans le Nord et l'Est.

DÉSHERBAGE. Attention aux rotations courtes et aux plantes invasives. Le désherbage est globalement bien maîtrisé mais, selon l'enquête du Cetiom, conduite en 2009, 6 % des parcelles étaient jugées sales à très sales, avec une incidence sur le rendement de plusieurs quintaux. Ces salissements excessifs se retrouvent notamment dans des rotations courtes, avec un développement de flores invasives : ambroisie, xanthium, datura, ammi majus, bidens, tournesols sauvages...

« Les herbicides de postlevée ne sont pas à utiliser dans tous les cas mais peuvent être une solution », précise Pierre Jouffret. Pulsar 40 s'utilise sur variétés tolérantes Clearfield, et Express SX sur variétés tolérantes Express Sun à 4 feuilles du tournesol (1 mois après le semis) et à 2-4 feuilles des dicotylédones ou à 1 feuille à début tallage pour les graminées.

FERTILISATION. Eviter les excès d'azote. Si des impasses en P et K sont de plus en plus observées sur tournesol, la dose d'azote apportée est plutôt supérieure aux recommandations. Cette pratique doit être corrigée car la surfertilisation azotée peut avoir un effet négatif sur la teneur en huile (surfertiliser de 50 unités peut engendrer une perte de 0,5 % d'huile) mais aussi sur la précocité d'apparition du dessèchement et sur le nombre de plantes touchées par ce syndrome. La méthode Héliotest, mise au point par le Cetiom, permet de déterminer la dose optimale d'azote à apporter. « Des essais seront menés par le Cetiom en 2012 sur la fertilisation localisée notamment en P et K afin de réduire la quantité apportée, et donc le coût, par rapport à un apport en plein », précise Pierre Jouffret.

Concernant le bore, les apports sont toujours insuffisants dans le Sud- Ouest, où les carences peuvent être favorisées par de fortes sécheresses et des pics de températures très élevées en juin. « Moins de la moitié des surfaces du Sud-Ouest sont corrigées en bore, alors qu'en réalité les besoins s'étendent sur 70 à 80 % des surfaces », compte Pierre Jouffret.

MALADIES. Limiter les risques par l'agronomie et la surveillance. Concernant la lutte contre le phomopsis, le constat est du même acabit : « Moins de 20 % des parcelles ont été traitées en 2011 dans le Sud, alors que beaucoup de variétés étaient sensibles au phomopsis et que le retour des pluies en a favorisé le développement », regrette l'ingénieur. Le choix des variétés est primordial, ainsi que l'itinéraire (date de semis, fertilisation...) qui a un fort impact sur le développement des maladies. Pour adapter son programme, la surveillance des maladies doit aussi être accrue.

IRRIGATION. Gain de 8 à 10 q/ha pour 100 mm. En 2011, l'irrigation a été récompensée pour ceux qui ont pu la mettre en oeuvre (beaucoup de restrictions d'usage dues à la sécheresse au printemps). En moyenne, des gains de 8 à 10 q/ha sont observés pour une centaine de millimètres apportés, notamment dans les groies de Poitou-Charentes. « Le tournesol irrigué peut être une véritable alternative dans les situations d'accès à l'eau limité par rapport à d'autres cultures plus gourmandes », estime Pierre Jouffret.

Du côté de la teneur en huile, le gain peut atteindre 2 à 3 points avec une bonne alimentation en eau.

RÉCOLTE. Entre 9 et 11 % d'humidité. Alors que l'humidité de la graine doit se situer entre 9 et 11 %, les agriculteurs effectuent souvent la récolte à surmaturité à 6-7 %, pour éviter les frais de séchage notamment. Cependant une récolte tardive peut entraîner des pertes par égrenage ou par dégâts d'oiseaux. Le bon stade de récolte est reconnaissable quand le dos du capitule vire du jaune au brun et lorsque les feuilles de la base et du milieu de la tige sont sèches. La tige passe du vert au beige clair. Il ne faut pas attendre que la partie la plus tardive de la parcelle soit au bon stade si, au même moment, la majorité est à surmaturité.

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