1. En société. Un intervenant extérieur 1. En société. Un intervenant extérieur pour se parler

Conjointe collaboratrice dans le nord de la France, une agricultrice résume les écueils qui guettent les associés de Gaec : « Nous avions besoin d'aide car l'entente n'était pas bonne entre mon mari et son frère, qui se parlent peu. Nous avons fait appel au conseiller spécialisé en relations humaines de notre centre de gestion. Nous avons discuté, établi des règles d'autant plus indispensables qu'en famille, elles n'avaient jamais été débattues, créé un vrai bureau. Dire nos différences nous a aidés à avancer, même si on reste tel que l'on est. Cette formation devrait être obligatoire. Si elle n'avait pas eu lieu, je travaillerais en dehors de l'exploitation. Mais attention, on reprend vite de mauvaises habitudes. »

RELATIONS ENTRE ASSOCIÉS : LA CERISE SUR LE GÂTEAU

C'est Régis Desseaux, conseiller en relations humaines à CER France- Nord et désormais consultant privé (1), qui est intervenu. Il fait partie des quelque quatre-vingts intervenants agréés par Gaec et sociétés pour accompagner les réflexions sur les relations humaines dans les groupes. Voilà maintenant plus de dix ans que ces défenseurs de l'agriculture de groupe se penchent sur la question. Car si tout est prévu techniquement pour accompagner les agriculteurs dans la mise en commun de leurs moyens de production, la réflexion sur les relations entre associés reste dans le meilleur des cas « la cerise sur le gâteau ». Or dans les ruptures, c'est presque toujours là que le bât blesse.

LES JEUNES SENSIBILISÉS

Des progrès ont été accomplis : dans une quarantaine de départements, les interventions auprès des jeunes en phase d'installation sont systématiques. Selon Danielle Guilbaud, conseillère à la chambre d'agriculture de Saône-et-Loire, « les jeunes minimisent les risques, surtout en famille. Ils se disent : « on verra bien. De toute façon on n'y peut rien ». Nous les encourageons à s'interroger sur leur projet personnel, celui du groupe qu'ils rejoignent, sur la place qu'ils vont se faire. Tout le monde doit bouger quand il arrivera sur l'exploitation : en famille ou hors cadre, la reprise à l'identique n'existe pas. »

Les conflits peuvent éclater plus tard : au cours de la vie professionnelle et personnelle, les désirs, les compétences, les aptitudes physiques de chacun changent. Selon Emmanuelle Parou, spécialiste à CER France-Val de Loire, « l'absence de réunions est un indicateur de dégradation. On emmagasine les non-dits. Ce sont souvent les femmes lasses de faire « tampon » entre les hommes qui demandent un appui extérieur. » Régis Desseaux souligne : « La plus grande difficulté reste d'écouter l'autre, de reconnaître les différences, de les accepter et d'en faire une complémentarité. Les sociétés ne travaillent que grâce aux règles mises en place. Elles doivent être réfléchies régulièrement. Tout comme chacun doit se poser la question de ce qu'il vient chercher à titre personnel. »

L'intervenant extérieur formé à l'écoute va aider à voir les choses autrement sans se substituer à la réflexion des associés. Selon Danielle Guilbaud, « en entretien individuel, je suis surprise de la facilité des associés à s'exprimer. Nous les accompagnons pour qu'ils entendent les raisons d'agir des autres membres du groupe. Il y a des concessions à faire, une organisation à trouver, des responsabilités à distribuer. »

La démarche préconisée par Gaec et sociétés entraîne au préalable la définition précise de la commande : l'intervenant est soumis à des règles de déontologie et au secret professionnel. Tous les associés signent un contrat d'accompagnement avec entretiens individuels, partage en groupe du diagnostic et plan de progrès. Le champ d'intervention des animateurs reste celui de l'entreprise. Dès qu'il s'agit d'un problème privé, les conseillers orientent vers les interlocuteurs appropriés.

(1) Arc et sens développement.

[summary id = "10022"]