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Des aménagements des prêts bancaires peuvent donner de l'oxygène à la trésorerie en 2011. Cela ne doit pas dispenser de revoir sa stratégie globale d'entreprise.

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C'est un sujet délicat, voire tabou », met en garde Jacques Chazalet, président de la FRSEA du Massif central. Pas facile en effet de parler de ses problèmes de trésorerie avec ses collègues, ni même avec son banquier (alors que les énormes découverts des banques devraient nous faire relativiser notre situation...). La gêne pour en parler viendrait d'une différence « culturelle », reprend le syndicaliste : « Les banquiers sont dans l'économie de la financiarisation, avec une logique d'emprunt. Alors que les éleveurs de la région sont peu endettés et préfèrent se serrer la ceinture plutôt que d'emprunter pour payer des emprunts. » Pourtant, en dépassant des incompréhensions, il y a fort à gagner à s'entretenir avec son partenaire financier.

Le recours à la banque

Prendre les devants. Cet été, faites vos prévisions d'EBE et de trésorerie et allez voir le banquier si vous détectez des difficultés financières au printemps 2012, voire dès cet hiver. Faites aussi le tour de la concurrence. Ne vous laissez pas influencer par des mauvaises expériences de voisins qui n'auraient pas obtenu satisfaction dans leur négociation. Chacun a sa propre situation, ses réserves financières, sa « notation » et sa force de persuasion...

Négociez. Ne vous mettez pas dans une situation d'infériorité : chacun a besoin de l'autre. Sur ces bases saines, envisagez avec le banquier les options possibles si vous devez cette année alléger vos remboursements (voir infographie ci-contre).

Pour des financements à court terme, préférez les prêts bancaires aux crédits autorisés par les coopératives, plus chers. Pour les achats de fourrage et aliments, les banques proposent du 2 %. En parallèle, vérifiez que le montant de votre ouverture de crédit est suffisant (le budget de trésorerie aide à préciser les besoins). Les taux des ouvertures de crédit sont de l'ordre de 7 à 8 % (davantage en cas de dépassement).

Consolidez. Si les prêts à court terme sont trop nombreux, il est possible de les regrouper en un seul emprunt à moyen terme, sur cinq à dix ans. Le montant des annuités est réduit et les taux plus avantageux que les « court terme » (et les agios !). Cette « consolidation » des « court terme » est plus facile à obtenir si elle correspond à du rattrapage d'autofinancement (refinancement de croît de cheptel ou de matériel, par exemple). Attention si vous devez donner des garanties supplémentaires (caution ou hypothèque).

Une bouffée d'oxygène chère. Le report d'annuités en fin de tableau de remboursement est une opération coûteuse et peu pratiquée. Elle apporterait pourtant une vraie bouffée d'oxygène aux trésoreries, plaident les syndicats de tous bords, qui demandent une prise en charge du gouvernement. Sans succès encore, à l'exception de la promesse du président Sarkozy (voir encadré).

Une banque a tout de même proposé une révision à la baisse des taux d'emprunt, permettant un report des annuités 2011 en fin de tableau, sans surcoût.

Revoir sa stratégie

Si la banque peut « sauver les meubles », les raisons de la « fuite » de trésorerie doivent être résolues. Une mise à plat du système peut entraîner des remises en cause.

Si les prix de vente sont inférieurs au coût de revient : ils le sont de combien ? chez tous les agriculteurs ? que veulent les consommateurs ? Dans le cas de la viande, des éleveurs ont investi dans la commercialisation pour retrouver des prix.

Décapitaliser, une solution extrême. L'ampleur de la décapitalisation est encore mal connue, mais le phénomène existe bel et bien et montre le malaise. Vendre des mères allaitantes, par exemple, est une opération de « survie », qui handicape le futur du troupeau. Et il est difficile de faire marche arrière.

Devant le manque de fourrage, des éleveurs ont commencé à décapitaliser : impossible de supporter les achats pour nourrir tout le cheptel D'autres ont vendu tout leur troupeau pour s'orienter vers de nouvelles activités.

Stratégie alimentaire. Il y a également des arguments technico-économiques. En élevage, le système alimentaire est-il optimal, robuste en cas de sécheresse ? Des éleveurs parlent de revoir leur stratégie d'alimentation pour devenir davantage autonomes pour l'alimentation des animaux, avec des systèmes fourragers plus rustiques ou une gestion des prairies optimisée. La compétence technique est très importante.

Se regrouper. Les agriculteurs en difficulté s'isolent et souffrent en silence, constatent plusieurs représentants syndicaux. Un abattement et un repliement sur soi qui freinent les avancées, pour qui croit dans les démarches collectives.

Règlement amiable. Inviter ses principaux partenaires pour une « table ronde » permet d'informer tout le monde de ses projets, de les rassurer et de trouver des arrangements. Ne pas hésiter à en prendre l'initiative.

Investir dans la trésorerie. Une fois que l'exploitation dégage du « cash », « il faudrait idéalement avoir une année d'annuités en réserve pour faire face à la variabilité des résultats. Le premier investissement à faire est dans la trésorerie », insiste Sébastien Daguenet. Il faudrait avoir la capacité d'absorber une année comme 2009. Comment ? Comme la fourmi, qui conserve d'abord des liquidités avant d'investir.

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