3. « La sharka est sous haute surveillan 3. « La sharka est sous haute surveillance »
Arrachage, prospection et diversification ont été les conséquences de l'arrivée du virus chez Régis et Pascal Aubenas.
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En vingt ans, l'exploitation de Pascal et Régis Aubenas a bien changé, mais pas forcément comme ils l'auraient souhaité. « En 1999, l'apparition de la sharka sur une douzaine de jeunes pêchers a tout fait basculer », se souvient Régis, arboriculteur avec son frère à Châteauneuf-sur-Isère, dans la Drôme. Ces arbres retirés le jour même (seul moyen de lutte) ont été les premiers d'une longue série puisque, depuis, la moitié du verger de 37 ha a été arrachée. » Pourtant, dès 2000, les agriculteurs avaient mis en place une surveillance avec quatre passages par an et formé des salariés à la reconnaissance du virus. « La sharka était déjà considérée comme un organisme de quarantaine mais la lutte n'était pas exhaustive », précise Régis.
VALORISER LES HECTARES ARRACHÉS
En 2000, une cinquantaine d'arbres ont été arrachés puis, en 2003, c'était le tour de toutes les parcelles contaminées, soit 2,20 ha. Un hectare supplémentaire a été arraché en 2005, en plus des 200 à 250 arbres annuels. Le couperet final fut donné en 2008 avec l'arrachage de 8,5 ha de pêchers et d'abricotiers. « Depuis 2004, nous ne renouvelions plus nos vergers, alors que le taux était de 8 à 10 % par an auparavant, explique Régis. Sur les parcelles libres, nous avons semé des cultures intermédiaires afin de redonner de la matière organique au sol. Avec l'extension du virus, nous ne pouvions pas replanter de fruitiers avant plusieurs années. Il fallait trouver de nouvelles productions pour valoriser la douzaine d'hectares en tentant de compenser la perte financière. Le but était aussi de conserver nos saisonniers sur une période continue de mars à fin septembre. En outre, la ferme est située en zone périurbaine, l'agrandissement était impossible. »
Dès 2008, après des formations auprès de la chambre d'agriculture et de la coopérative Top semences, 5 ha ont été semés en production de semences de tournesol et de maïs et 0,25 ha en pommes de terre primeurs. En 2009, 1,5 ha d'oignons semences ont été ajoutés. Aujourd'hui, l'exploitation compte 22 ha de verger, 14 ha de production de semences et 1 ha de pommes de terre. L'hiver dernier, les agriculteurs ont replanté 1 ha d'abricotiers de la variété Chamade résistante à la sharka, et un autre de la variété Bergeval, peu sensible.
Mais si cette diversification a été possible, c'est grâce au plan triennal sharka mis en place en Rhône-Alpes début 2007, après d'âpres négociations entre les syndicats agricoles, la chambre d'agriculture et l'Etat. L'arrêté national de lutte de mars dernier reprend d'ailleurs les points de ce plan régional.
UNE EXPLOITATION TOUJOURS PRÉCAIRE
Souscrit pour cinq ans, ce plan comprend notamment une aide à l'arrachage, à la prospection et à la reconversion. « En moyenne, en Isère et dans la Drôme, 13 000 €/ha ont été distribués, avec un plafond de 83 000 euros par exploitation, compte Régis. Pour notre verger, nous avons estimé la perte nette à 250 000 euros sur 37 ha, sans compter la trésorerie laminée. »
Aujourd'hui, Régis fonctionne en flux tendu avec des ouvertures de crédit régulières pour faire face aux prêts toujours en cours pour des vergers qui ne produisent plus. « Cette expérience est traumatisante, nous allons travailler quinze ans juste pour sauver l'exploitation, qui restera encore très précaire. » Mais Régis garde espoir car, grâce à la diversification et à l'arrêté de lutte, il se sent mieux armé face à la sharka. D'ici à cinq ans, les frères Aubenas espèrent renouveler le verger d'abricotiers mais aussi de pêchers avec 15 ha. « La clé reste de ne pas relâcher la prospection », conclut l'agriculteur.
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