3. Switchgrass : un pari sur l'avenir 3. Switchgrass : un pari sur l'avenir
Emmanuel Raillard s'est lancé dans cette culture à biomasse en 2008. Elle apporte une diversification sur des terres éloignées ou difficiles à travailler.
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« En tout, j'ai implanté près de 7 ha de switchgras s sur mon exploitation, soit environ 3 % de ma SAU », explique Emmanuel Raillard, exploitant à Montigny-Mornay-Villeneuve-sur-Vingeanne, en Côte-d'Or. Les quatre premiers hectares utilisés en 2008 étaient en gel annuel, ce qui nécessitait de l'entretien tel que d'éviter la montée à graines de certaines adventices comme le chardon.
LE SEMIS, UNE ÉTAPE CLÉ
« Le gel n'étant plus obligatoire et après avoir vu un essai de switchgrass dans le Centre, je me suis lancé, explique-t-il. J'ai pensé que ce serait toujours plus valorisant économiquement. » Pourtant, à l'époque, il n'y avait aucun débouché pour cette culture à biomasse. « Optimiste, je me doutais que tôt ou tard mon switchgrass se vendrait. J'avais d'ailleurs entendu parler du projet de la coopérative Bourgogne Pellets. » Désormais adhérent de la structure, un contrat lui assure un revenu minimum (lire l'encadré ci-dessous). Il a donc valorisé les semis réalisés en 2008 et a effectué depuis des semis en 2009 et 2010. Cette fois, Emmanuel a choisi des terres plus éloignées ou des pièces enclavées, ainsi que des terrains superficiels car la culture s'y prête bien.
Au début, il a sélectionné ses variétés sans appui technique. « Je savais qu'il fallait une bonne implantation la première année, que cela déterminerait les rendements pour les quinze années à venir », poursuit l'exploitant. Chaque semis a été une réussite. Pourtant, le switchgrass est difficile à mettre en place : certains lots ne germent qu'à 60 % ou, pour d'autres, la dormance des graines n'est pas toujours levée... « Il faut exiger un certificat de viabilité pour ces semences qui proviennent des Etats-Unis, d'autant qu'elles coûtent très cher », fait savoir Emmanuel. Ainsi, en 2008, il a financé la totalité de l'implantation, soit environ 600 €/ha. Depuis, ce coût a quasiment été divisé par deux car, en tant que nouvel adhérent de Bourgogne Pellets, il a profité des aides à l'implantation dans le cadre du plan régional d'aide à la restructuration de la filière sucre.
CONTRER LES ADVENTICES
En avril-mai, la préparation des semis doit être soignée. Le semoir est fermé au maximum car les graines sont très « coulantes », le PMG étant inférieur à 1 g. Un roulage permet un meilleur contact avec la terre. « Il faut être patient car ce panic érigé met trois semaines à un mois pour lever », ajoute Emmanuel.
Pour réussir la culture, la parcelle doit être propre le temps que le switchgrass prenne le dessus. A cette fin, un herbicide non sélectif est réalisé durant l'interculture avant de labourer. « En 2008, aucune spécialité n'étant autorisée sur cette graminée, j'ai réalisé un deuxième passage avant le semis. Il m'est aussi arrivé d'utiliser un herbicide total en deuxième année pour éliminer les chiendents et les ray-grass 15 jours après le fauchage, pendant son court repos végétatif. »
Depuis 2009, tous les herbicides homologués sur maïs le sont également sur switchgrass. Même s'il en a déjà utilisé, il reste méfiant car il n'y a pas de recul et des phénomènes importants de phytotoxicité restent possibles. De toutes façons, les champs ne doivent pas être forcément indemnes d'adventices et les herbicides ne sont donc appliqués que les deux premières années. En outre, après une année de culture, la première fauche est laissée au sol, ce qui permet d'éviter la levée des mauvaises herbes.
Lorsque la culture atteint 1,3 à 2 m de haut après les premières gelées fin octobre, elle entre en sénescence et stocke ses éléments nutritifs dans son rhizome. Une partie des feuilles tombe, créant ainsi un mulch qui réalimente le sol. « Pour le moment, je n'ai pas prévu d'apporter d'engrais mais il faudra voir dans cinq ans comment évolue le switchgrass », estime Emmanuel Raillard.
Philippe Béjot, de la coopérative Bourgogne Pellets, estime qu'à partir de 4 t de MS/ha, les agriculteurs rentrent dans leurs frais. Emmanuel a obtenu 8,1 t/ha en troisième année, ce qui est très encourageant et il estime qu'il y aura 10 à 12 t de MS/ha les années suivantes. « Avant de faucher en mars, puis de presser les andains, la coopérative effectue des mesures de matière sèche pour ne pas compromettre le stockage et garantir la qualité », précise l'exploitant.
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