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“La MAE sécurise le bassin de captage de “La MAE sécurise le bassin de captage des eaux”

Marc d'Arrentières s'est engagé à réduire de 50 %, sur cinq ans, ses traitements phytosanitaires hors herbicides, dans le cadre d'une mesure agroenvironnementale.

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« Jusqu'à présent, nous n'avons pas rencontré de problèmes particuliers de pollution de la nappe phréatique liés aux activités agricoles, mais nous préférons anticiper, explique Marc d'Arrentières, à Neufvy sur-Aronde, dans l'Oise. En tant qu'agriculteurs, c'est de notre devoir de montrer l'exemple, même si nous savons que d'autres substances sont fréquemment détectées dans les eaux, en commençant par les médicaments. » Soucieux de faire évoluer ses pratiques, il n'a pas hésité, lorsqu'on le lui a proposé, à s'engager dans une mesure agroenvironnementale territorialisée (MAET), comme l'ensemble des agriculteurs du bassin d'alimentation des captages des eaux de Baugy et de l'Hospice, qui alimentent en eau potable l'agglomération de Compiègne et ses 65 000 habitants.

Mise sur pied en 2009, cette MAE a été déclinée sous quatre formes (lire l'encadré ci-dessous). Marc d'Arrentières a opté pour celle qu'il estimait pouvoir atteindre assez facilement, à savoir réduire de 50 % la quantité de produits phytosanitaires appliquée à l'hectare, en dehors des herbicides. « Même si j'ai un assolement assez varié, le désherbage des graminées n'est pas très facile dans la région, surtout lorsqu'on est passé comme moi, pour la grande majorité des semis, en techniques culturales simplifiées, souligne l'agriculteur. C'est la raison pour laquelle j'ai préféré ne pas m'engager sur la réduction des herbicides. »

LES TROIS QUARTS DE L'EXPLOITATION

Sur les 420 ha de blé, colza, betterave, maïs, féveroles, lin à fibre et pois de conserve que compte son exploitation, il a contractualisé une MAE pour les 300 ha qui sont intégrés au bassin de captage de Baugy. Concrètement, la réduction de produits phyto repose sur l'indice de fréquence de traitement (IFT), qu'il doit calculer chaque année sur son exploitation. Un traitement réalisé avec une matière active à sa dose d'homologation correspond à 1 IFT. S'il est effectué à demi-dose, il comptera pour 0,5 IFT et ainsi de suite. L'objectif est de calculer l'IFT de chaque traitement et de les additionner parcelle par parcelle pour chaque culture. « Pour notre territoire, l'IFT moyen de référence a été estimé à 4,04, pour l'ensemble des traitements phytosanitaires hors herbicides, et ce en moyenne pour toutes les grandes cultures en dehors des pommes de terre, précise Marc d'Arrentières. Je dois passer progressivement d'ici à 2014, sur mes parcelles contractualisées, à un IFT moyen de 2,02. Mon objectif est d'y parvenir sans perdre de potentiel. Nous ne pouvons pas revenir à une agriculture du Moyen Age ! »

FORMATION ET TRAVAIL EN GROUPE

« Pour nous aider, nous avons suivi plusieurs formations – huit jours et demi jusqu'à présent – et nous avons travaillé en groupe, avec notamment l'appui de la chambre d'agriculture et de notre coopérative Agora, dont l'un des techniciens anime notre groupe, indique-t-il. C'est la condition indispensable pour s'en sortir. » Dans l'itinéraire cultural du blé, par exemple, il n'a pas modifié ses dates de semis mais a réduit ses doses, à 160 grains/m² lorsqu'il était auparavant à 220, ce qui lui permettra certaines années de supprimer le régulateur de croissance.

Pour gérer les maladies et les insectes, il observe davantage et s'appuie sur les conseils de sa coopérative. Il ne prévoit pas d'intervenir moins souvent mais plutôt avec des doses plus faibles. Après une formation, il a opté pour les traitements à bas volume et a prévu de changer son pulvérisateur, un Matrot M44D de 3 700 litres, pour un Matrot ou un Artec de 5 000 litres, qui roulent plus vite, ce qui lui permettrait de gagner 50 % de temps à chaque application et de réaliser ainsi le maximum de traitements aux heures optimales de la journée, entre 5 et 7 heures le matin.

« La démarche demande beaucoup d'efforts, reconnaît l'agriculteur, qui a aujourd'hui un an de recul. En 2010, nous avons réussi à réduire très facilement nos applications, mais l'année n'a pas été favorable aux maladies. »

PLUS DIFFICILE POUR LES FÉVEROLES

« Pour certaines cultures, ce sera beaucoup plus difficile, reprend-il. Je pense en particulier au colza ou aux féveroles, qui nécessitent forcément une protection insecticide soignée contre la bruche pour pouvoir être valorisées en alimentation humaine. J'ai d'ailleurs déjà divisé par deux mes surfaces de féverole, mais le but du jeu n'est pas de supprimer des cultures ! Toutefois, je n'ai pas envie de me priver de surfaces de colza, qui bénéficie actuellement d'un bon prix. »

Et s'il estime que l'aide apportée par la MAE – 110 euros/ha/an sur cinq ans –, couvre les jours de formation, les tracasseries administratives... elle n'est absolument pas suffisante pour couvrir le risque d'un déclassement de la récolte pour des raisons de qualité, de blé avec un taux de mycotoxines trop élevé, par exemple, ou de féveroles bruchées.

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