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4. Protéger la QUALITÉ 4. Protéger la QUALITÉ

Dans la Nièvre, Frédéric Detable comme Sacha Blanchard raisonnent leurs apports d'azote et plus généralement leurs pratiques.

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La quatrième version de la directive nitrates, plus contraignante que le précédent programme d'action, est entrée en vigueur depuis deux campagnes déjà. C'est un outil réglementaire mis en place pour atteindre l'objectif de la directive-cadre sur l'eau : diminuer la présence des nitrates d'origine agricole dans les eaux. Les agriculteurs qui exploitent des terres en zone vulnérable doivent donc respecter des règles pour parvenir à ce but, avec depuis 2009 comme principale nouveauté l'implantation de Cipan (cultures intermédiaires pièges à nitrates).

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Pour sa part, Frédéric Detable, céréalier à Dordres, dans la Nièvre, n'a pas attendu la directive pour implanter des couverts. Il pratique le non-labour depuis une dizaine d'années et les racines des Cipan structurent le sol. Il se dit également sensibilisé par les questions d'environnement. Alors que le quatrième programme lui demande de laisser au minimum trois semaines ses repousses de colza en place, l'exploitant ne les détruit pas avant un mois et demi. « Elles pompent ainsi plus d'azote, qui sera restitué aux cultures suivantes », appuie Frédéric.

Avant tournesol, il sème un mélange moitié avoine de printemps, moitié légumineuses (vesce, lentille, pois d'hiver et parfois même féverole), produites en majeure partie sur l'exploitation. « Au début, je ne mettais que de l'avoine pure, mais les légumineuses permettent de capter l'azote de l'air, souligne l'agriculteur. J'estime que les Cipan relarguent une vingtaine d'unités d'azote, dont le tournesol profite au moment de sa floraison. » En effet, Frédéric n'apporte que neuf unités (50 kg de 18-46) en localisé au semis et les résultats sont très satisfaisants.

Après s'être essayé au sarrasin avec de gros soucis de désherbage, il a décidé d'implanter, cette année, de la moutarde devant l'orge de printemps. Après ses maïs (en monoculture), il réalise aussi un mulch avec un décompacteur rotatif, comme le lui permet la directive nitrates.

Alors que l'arrêté départemental l'autorise à détruire ses couverts avec du glyphosate car il est en non-labour, Frédéric préfère éviter de passer cet herbicide total. Excepté pour les repousses de colza, qui sont en interculture courte, il a donc choisi de détruire mécaniquement ses Cipan. Comme les semis d'orge de printemps sont réalisés dès février, sur la moutarde, il passe un déchaumeur mécanique au plus tôt mais en respectant les dates réglementaires.

Dans le département, c'est possible à partir du 20 octobre, mais il faut aussi que la culture soit maintenue au minimum soixante jours. Avant tournesol, il attend pour permettre au mélange de geler. Puis, il passe directement en un passage un décompacteur et une rotative pour enfouir la végétation avant de semer.

Quant à Sacha Blanchard, exploitant à Ciez, également dans la Nièvre, il compte pour la première fois implanter, en 2011, un couvert. En effet, l'arrêté du département est l'un des seuls en France qui permet de laisser les repousses de céréales en place. Sacha en a jusqu'à présent profité. Cette option ne se justifie que si des reliquats azotés postrécolte sont réalisés et qu'ils sont inférieurs à 40 unités. Au-delà, l'implantation d'une Cipan est obligatoire.

« J'ai, jusqu'à présent, eu des reliquats inférieurs à ce seuil mais j'ai tout de même prévu de mettre de l'avoine brésilienne avant mes cultures de printemps pour la prochaine campagne », indique ce dernier. Il faut en effet qu'il se « fasse la main » car, pour 2012-2013, il est prévu que les repousses de céréales ne soient plus autorisées et que les Cipan deviennent obligatoires. Il se laisse donc encore deux campagnes pour voir si les choix qu'il aura faits ne présentent pas trop d'inconvénients, notamment en termes d'implantation, de destruction et de coût.

Il espère, par exemple, ne pas avoir des « nids à limaces » avec les Cipan : « Il faudra peut-être mettre un molluscicide. »

Mais Sacha insiste : « Ce qui est dommage, c'est que nous devons aujourd'hui payer les pots cassés de ce qui a été mis en place il y a plus de vingt ans par les prescripteurs de l'époque... Pourtant, j'ai toujours fait attention à ne pas mettre trop d'engrais, comme de phytos. Cela pour des raisons économiques en premier lieu, mais aussi environnementales, car je pense à mes enfants. Et mes résultats sont bons. Comme quoi, il ne sert à rien d'en mettre trop, surtout au prix actuel des engrais. »

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