Moduler son programme à la parcelle de Moduler son programme à la parcelle de blé
Le choix de la protection dépendra de la pression des maladies et du contexte pédoclimatique. Avec pour mot d'ordre : diversifier les matières actives.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Pour construire son programme fongicide pour 2011, le céréalier pourra compter sur quelques nouveautés (lire Essais de 2010 : les spécialités p assées au crible en blé tendre), qui ne vont pas changer fondamentalement la donne comparé à 2009. La protection standard est généralement calée sur deux ou trois interventions, adaptées au contexte parasitaire probable de la région. Les doses seront ensuite modulées en fonction de la sensibilité variétale.
En cours de campagne, il est conseillé d'ajuster le programme type bâti en morte-saison, après observation des symptômes et en prenant en compte le contexte de la parcelle (date et densité de semis, gestion des résidus...).
Selon Arvalis, il existe encore des « marges de progrès pour mieux adapter la protection fongicide au contexte local et annuel ». L'institut met en avant un sondage réalisé par BASF montrant que « un quart seulement des agriculteurs du nord de la France différencient leur programme de traitement en fonction des parcelles ».
Blé d'hiver
« La base de la protection reste la maîtrise de la septoriose, rappelle Jean-Yves Maufras, spécialiste des fongicides céréales chez Arvalis. Cette protection est calée sur l'emploi d'une triazole en T1, complétée par un prochloraze ou un chlorothalonil si le mélange est permis.
Le prothioconazole reste le plus efficace des triazoles, tandis que le boscalid (Bell) montre un meilleur niveau visuel que les deux dernières années. « Le chlorothalonil a un rôle important à jouer tant sur le plan de l'efficacité que sur celui de la gestion de la résistance », complète Arvalis.
Optimum économique
En deux ou trois interventions, la dose de triazoles cumulée doit être ajustée en fonction de la nuisibilité de la septoriose attendue et éventuellement du prix de la céréale. Pour une nuisibilité en maladies foliaires attendue aux alentours de 20 q/ha (ce qui est loin des 9 q/ha moyens de 2010, année exceptionnelle), la dépense fongicide optimale s'échelonne, selon Arvalis, entre 45 et 81 €/ha en fonction du prix du blé retenu (de 90 à 200 €/t).
A titre d'exemple, pour un prix du blé de 150 €/t, l'investissement fongicide est en moyenne de 67 €/ha. Si d'autres maladies apparaissent, cette dépense sera réévaluée car il faudra une matière active complémentaire voire une intervention spécifique.
S'il y a du piétin verse, Unix Max, Flexity... feront l'affaire en T1, et contre l'oïdium, Nissodium, Talendo, Flexity... peuvent être utilisés. Pour ces deux maladies, le coût est d'environ 20 €/ha en Nord-Picardie.
« S'il y a de l'helminthosporiose ou si la rouille brune est difficile à contenir, il faut ajouter entre 50 et 75 g de strobilurine dans le programme, entre la dernière feuille et la floraison », complète Arvalis.
En cas de risque important de fusariose des épis, la protection peut être assurée avec Caramba Star, Joao, Osiris Win ou encore avec Prosaro, un nouveau produit qui rend possible l'utilisation en un seul passage des deux molécules (prothioconazole et tébuconazole) spécialistes de la lutte contre les fusarioses.
« Prosaro est plus polyvalent qu'Horizon EW car il agit à la fois sur F. graminearum et Microdochium spp », informe Jean-Yves Maufras. Le coût d'une protection fusariose en T2 est en moyenne de 15 €/ha en Lorraine.
Blé dur
Les programmes fongicides s'établissent à partir de deux critères : les risques de septoriose et de rouille brune potentiels et la sensibilité des variétés de blé dur à la rouille brune. En fonction de l'arrivée précoce ou non de cette maladie, et de la présence ou non d'oïdium et/ou de piétin verse, la protection sera réajustée.
Par exemple, dans les zones du Sud-Ouest, avec un faible risque de septoriose (sols argilo-calcaires du Lauragais et du Gers), un traitement au stade des 1 à 2 noeuds sera réalisé uniquement en cas d'arrivée précoce de rouille brune.
Si des symptômes d'oïdium sont présents, un produit spécifique sera employé (mêmes spécialités qu'en blé tendre). Puis un traitement à la dernière feuille étalée (T2) à base de triazoles et de strobilurines (Acanto + Menara, Fandango S...) complètera la protection contre la rouille brune.
S'il y a de la septoriose, Arvalis conseille d'ajouter 375 g de prochloraze au T1 ou T2. Un traitement à la floraison est systématique contre la fusariose des épis, avec aussi une action contre la rouille brune.
Matières actives en alternance
Pour limiter la sélection de souches résistantes et préserver l'efficacité des produits, Arvalis insiste sur la nécessité de diversifier les modes d'action, voire les molécules au sein d'une même famille chimique, entre les T1, T2 et T3.
Concrètement, cela signifie ne pas utiliser plus d'une strobilurine par campagne ou plus d'un carboxamide. De même, mieux vaut se limiter à un seul prochloraze par an, « même si cela reste compliqué, reconnaît Jean-Yves Maufras, car il faut choisir entre son action sur tiges, sur feuilles ou sur épis contre Microdochium.
Toutefois, son meilleur créneau reste la lutte contre la septoriose, sur feuilles. » Si plusieurs applications foliaires sont prévues, préférez le chlorothalonil en T1 (il est meilleur en préventif) et le prochloraze en T2. En revanche, avec une seule application foliaire en T1, mieux vaut utiliser le prochloraze, notamment en cas de forte pression de la maladie.
Le conseil d'alternance vaut aussi pour les différentes triazoles du programme, en évitant d'utiliser deux fois la même molécule. « Si on a prévu un Prosaro sur épi, il faut éviter Fandango S, Joao ou Madison sur feuilles, précise Jean-Yves Maufras.
Autre exemple : éviter Swing Gold sur épi si Osiris Win est appliqué sur feuilles. »
Le prothioconazole et le boscalid ont aussi été écartés du T1 en cas de programmes à 3 passages, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais, parce qu'ils seront mieux valorisés en T2. En revanche, ils restent parfaitement utilisables en cas de démarrage précoce et sévère de septoriose ou de prise en compte du piétin verse.
Moins de traitements en 2010• Baisse de 11 % du nombre d'hectares traités (-14 % en valeur). • Près d'un tiers des surfaces n'ont reçu aucun traitement. • Le nombre d'hectares traités trois fois a diminué de 5 %. • Dépense moyenne en fongicides de 67 q/ha (77 €/ha en 2009). |
[summary id = "10022"]
Pour accéder à l'ensembles nos offres :