Fabriquer soi-même le concentré pour ses Fabriquer soi-même le concentré pour ses broutards

« C'est quand ils ont l'âge de deux mois que nous commençons à complémenter nos veaux, explique Jean Guillon, à Saint-Priest-la-Plaine, dans la Creuse. Jusqu'au sevrage, ils reçoivent un aliment que nous fabriquons nous-mêmes avec la mélangeuse. Pour environ 2 tonnes de concentré, nous mettons 1,2 t de céréales, 300 kg de soja, 180 kg de mélasse, 180 kg de paille, 60 kg de tourteau de lin et 25 kg de minéraux. Les quatre premiers mois, nous en distribuons 2 t par semaine, 4 t les quatre suivants. »

Jean est en Gaec avec Damien, son fils, et Pascal Thome. Pour eux, l'intérêt du mélange fermier est double : sa composition est parfaitement maîtrisée et son coût de revient inférieur à celui d'un complémentaire du commerce.

« L'économie est, en moyenne, de 10 centimes d'euro par kilogramme, calcule Pascal. Soit 10.200 € pour notre consommation annuelle, de 102 t. Dans la conjoncture actuelle, une réflexion permanente sur les économies des charges est vitale ! »

Les nourrisseurs ont dû être adaptés pour distribuer cet aliment fermier. Leur ouverture a été élargie de 15 cm, pour la porter à 20 cm. La vingtaine de mâles vendus entre 9 et 18 mois comme reproducteurs consomment eux aussi le concentré distribué aux broutards. « La paille aide au développement de leur capacité d'ingestion, souligne Pascal. En outre, cet aliment prépare bien nos veaux à l'engraissement. »

Une centaine de mâles et vingt-cinq génisses y entrent directement au sevrage. Pour une mélangeuse de 2 t, leur ration intègre 1,3 t d'ensilage de maïs, 330 kg de céréales, 90 kg de paille, 30 kg de mélasse, 40 kg de tourteau de colza, 260 kg de tourteau de soja et 32 kg de minéraux. Abattus entre 16 et 17 mois, les taurillons affichent un GMQ de 1.300 à 1.400 g/j pour un poids de carcasse de l'ordre de 430 kg.

Valoriser l'herbe

Avec neuf vêlages sur dix en septembre et octobre, le sevrage s'étale de juin à août. Les génisses d'élevage repartent à l'herbe en trois lots. « Nous sommes encore en rodage, poursuivent Pascal et Jean. L'exploitation s'est agrandie en deux temps. D'abord avec le regroupement de nos exploitations en 2004, puis à l'arrivée de Damien en 2008 avec 80 ha. Nous raisonnons l'assolement pour approcher au maximum de l'autonomie. »

Aux 45 ha de céréales autoconsommées et 20 ha de maïs ensilage s'ajoutent 120 ha de prairies permanentes uniquement pâturées et 95 ha de prairies temporaires. Ces dernières produisent entre 6 et 8 t de matière sèche par hectare. La première coupe est récoltée et suivie par deux ou trois passages des animaux.

« Nous privilégions les mélanges de ray-grass anglais, de fétuque, de dactyle et de trois ou quatre variétés de trèfle blanc, souligne Jean. Nos sols sont hétérogènes et certains, séchants. Nous envisageons une rotation plus rapide des prairies et avons amorcé une réflexion sur le choix des variétés », toujours avec en ligne de mire l'autonomie.  

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