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Boeufs et chèvres après les comtoises Boeufs et chèvres après les comtoises

Philippe Martial rééquilibre les effectifs de ses trois ateliers en fonction des orientations du marché.

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Les dix comtoises tiennent la vedette depuis 1994 sur l'exploitation de Nathalie et Philippe Martial, éleveurs à Bagnac-sur-Célé, dans le Lot. Elles se partagent 27 ha avec six boeufs salers et cinquante chèvres pyrénéennes. L'élevage est une activité parallèle à l'emploi salarié hors secteur agricole des époux.

 

« Chaque espèce est complémentaire des deux autres, explique Philippe. Si je n'en conservais qu'une, les parcelles s'appauvriraient. » Au pâturage, le cheval ne consomme l'herbe que sur les deux tiers de la surface. Il utilise le tiers restant pour concentrer ses déjections.

Des refus se développent alors sur cette zone. Ils doivent être éliminés pour préserver la productivité de la parcelle. Les boeufs accomplissent très bien cette « mission » dans les jours qui suivent le passage des juments. Leurs propres refus, répartis uniformément sur la parcelle, sont par la suite facilement consommés par les chevaux.

« Cela ne m'intéresse pas de les broyer, insiste Philippe. Je n'ai ni le matériel nécessaire, ni de temps à consacrer à cette tâche. Notre but est aussi d'optimiser l'utilisation des ressources fourragères. »

Bons résultats 

 

Les chèvres arrivent en troisième position. Elles ont un rôle de débroussailleuses. « Nous les avons achetées lors de la reprise de 8 ha de “châtaigneraies”, explique-t-il. Elles consomment aussi bien les ronces que les jeunes pousses des arbres, dont elles limitent la progression. Elles entretiennent bien les terrains difficiles. »

 

Elles sont accompagnées de leurs chevreaux, pour une grande partie, jusqu'à l'automne. Ces derniers étant vendus à Pâques et en octobre sur le marché de Laissac. Les boeufs empruntent la même direction.

La rentabilité de l'exploitation est essentielle pour les époux, même si l'élevage est une activité secondaire. Les résultats comptables sont d'ailleurs plutôt bons. Les marges brutes dégagées en 2008 par les trois productions s'élèvent avec les aides à 783 €/UGB pour les chevaux, 588 €/UGB pour les chèvres et 323 €/UGB pour les boeufs.

La marge brute des chevaux atteint le double de la moyenne du réseau économique de la filière équine. L'excédent brut d'exploitation atteint presque 10.000 euros. Ramené à l'unité de main-d'oeuvre (UMO), il s'élève à 32.083 euros. Ces résultats sont liés à une bonne maîtrise technique (voir ci-dessous) mais aussi à des charges très limitées.

« Nous n'achetons quasi pas de concentrés, assure Philippe. Les boeufs sont finis à l'automne au pâturage. Si l'herbe de qualité vient à manquer, nous ajoutons un peu de maïs grain, mais c'est rare. »

Les charges se limitent aux frais vétérinaires, avec un traitement antiparasitaire pour tous les animaux et un peu d'engrais sur les parcelles de fauche.

De leur côté, les charges de structure sont très faibles en raison de l'absence de bâtiments. « La récolte des 6 ha de foin est “sous-traitée” et suffit à combler les besoins hivernaux », déclare-t-il.

Complémentarité financière

Toutes les productions sont conduites en plein air. Les poulinages se déroulent de mars à juin dans la parcelle proche de l'habitation, sous la surveillance des éleveurs. Les mises bas des chèvres ont lieu dans un abri sommaire où elles sont isolées pendant une journée ou deux.

« L'équilibre financier s'est néanmoins détérioré en 2009, signale Philippe. Le prix des poulains maigres, commercialisés sur le marché de Maurs, a chuté de 30 %. Nous pensons donc diminuer l'effectif des juments pour augmenter celui des chèvres. Nous avons la possibilité de les envoyer en estive, comme les chevaux, pendant l'été, mais nous n'envisageons pas de conserver une production qui ne serait pas rentable. »

Il n'est pas question non plus d'en éliminer une totalement. Cela romprait l'équilibre fourrager.

Il sera toutefois difficile pour Philippe Martial de valoriser les poulains autrement. L'engraissement nécessite trop de frais et, pour la vente directe, les abattoirs spécialisés sont trop éloignés.

 

Sélection stricte des juments

La conduite de la reproduction des juments est essentielle pour Philippe. Pour que le poulinage se passe bien, il écarte de la sélection les juments trop grosses et privilégie les plus rustiques.

Les mises bas ont lieu au printemps, au moment où elles sont le plus maigres. Les pouliches sont saillies par un âne plutôt que par l'étalon. Résultat, le taux de productivité numérique atteint 87,5 %. Soit environ 20 % de plus que la moyenne des élevages enquêtés en 2008 dans le cadre du réseau économique de la filière équine.

Le taux de gestation est parfait, avec 100 % des juments diagnostiquées pleines contre 83 % pour la moyenne du réseau.

« Je considère mes juments comme un outil de production, insiste Philippe. Si l'une d'entre elle est défaillante, je la vends rapidement. »

 

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