Contraintes environnementales Les cultures intermédiaires réglementées en zones vulnérables
Désormais, il est difficile de parler de couverts sans penser à la directive nitrates, qui impose des règles pour le choix des espèces, des modalités de semis et de destruction.
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Les couverts végétaux présentent de multiples intérêts. Ils permettent de piéger et de restituer aux cultures suivantes de l'azote, du potassium ou, dans une moindre mesure, du phosphore. Ils sont également un outil de lutte contre l'érosion. En outre, leurs racines travaillent efficacement le sol, ce qui est recherché dans les systèmes de travail du sol simplifiés.
Leur implantation était jusqu'à présent essentiellement réalisée dans le nord du territoire et n'avait pas de caractère obligatoire. Toutefois, depuis l'an dernier, dans le cadre du quatrième programme d'action de la directive nitrates, en zone vulnérable, il y a obligation de couvrir les sols en hiver. Il faudra au final arriver à 100 % de couverture en 2012.
Pour atteindre cet objectif, chaque département a précisé, dans un arrêté, la proportion à atteindre en 2009, 2010 et 2011. Ainsi, pour 2010 (voir la carte), l'obligation de couverture oscille entre 30 et 100 %, mais la majorité des départements a misé sur 80 %. En 2011, ils ont en grande partie opté pour 90 %.
La couverture totale critiquée
Toutefois, la volonté de parvenir à 100 % de couverture en 2012 est une mesure qui, depuis le début, reste décriée par la profession. A la fin de juin, un courrier a d'ailleurs été envoyé aux ministres de l'Ecologie et de l'Agriculture pour demander de revoir la rédaction de la circulaire du 26 mars 2008, à l'origine des arrêtés départementaux.
Pour la FNSEA, Orama et l'APCA, qui ont fait cette demande, « cette mesure n'apporte aucune garantie de réduction des nitrates dans les eaux et n'est pas réaliste compte tenu des particularités agronomiques des sols, des climats et des pratiques culturales françaises ». Aucune réponse n'aurait à l'heure actuelle été donnée.
Les cultures intermédiaires prennent donc une toute autre importance (elire l'encadré). Toutefois, la présence de cultures d'hiver, de prairies ou d'espèces pérennes dans l'assolement permet également de couvrir les sols. Parfois, les cultures récoltées tardivement (fin d'été-début d'automne) peuvent s'ajouter à cette liste. Ainsi, dans la Seine-Maritime, si la récolte a lieu après le mois d'octobre, nul besoin d'implanter une Cipan (culture intermédiaire piège à nitrates).
Pour d'autres espèces récoltées également tardivement (maïs grain, tournesol et sorgho), il est possible de broyer finement les résidus et de les enfouir. L'Hérault, qui a pris son arrêté depuis peu, a obtenu une dérogation pour permettre ce même type de travail sur céréales à paille.
La destruction mécanique encouragée
Quelques départements ont autorisé, toujours sous conditions, la possibilité de recourir aux repousses de céréales à paille (voir la carte ci-dessus). Dans l'Oise, par exemple, elles sont admises dans la limite de 10 % de la SAU.
Alors que cette mesure est souvent plébiscitée car simple à mettre en oeuvre, peu coûteuse et avec une levée quasi certaine de réussir, la plupart du temps, les repousses ne peuvent pas être utilisées pour couvrir le sol.
En effet, l'Administration estime qu'elles favoriseraient le parasitisme (rouilles, pucerons...). En revanche, dans le cadre d'une rotation courte et après un colza, il est obligatoire de laisser les repousses en place. Une durée minimale de présence est souvent précisée dans les arrêtés.
Quant aux modalités d'implantation et de destruction, elles ont aussi été fixées département par département. La majorité d'entre eux n'autorise pas la destruction chimique. Il est malgré tout souvent possible de passer un herbicide total en non-labour. Les dates de destruction ont aussi fait l'objet de multiples discussions.
« Dans les sols lourds, avec un taux de matière organique ou d'argile élevé, qui nécessitent des labours précoces, la date de destruction est généralement avancée », stipule Jean-Pierre Cohan, responsable du pôle de la fertilisation chez Arvalis. La possibilité d'utiliser les légumineuses a aussi fait débat. Elles sont généralement acceptée, mais surtout en mélange.
Semences : le marché s'adapte à la nouvelle donneLes semences certifiées de cultures intermédiaires représenteraient aujourd'hui près de 700.000 ha, alors que les estimations montrent un marché potentiel proche de 5 millions d'hectares (Mha). Mais il semble qu'en prenant en compte les semences de ferme et les diverses dérogations des arrêtés départementaux du quatrième programme de la directive nitrates, le marché s'approcherait de 2,5 Mha. Dans ce contexte porteur, les semenciers déjà présents sur ce créneau investissent toujours plus, tandis que d'autres entrent en scène. Ils sont en relation avec les instituts techniques et communiquent auprès de la distribution afin d'expliquer les intérêts agronomiques et économiques des couverts. Ils informent également les exploitants et mettent à leur disposition des outils comme, par exemple, un simulateur de bénéfices des cultures intermédiaires. Les gammes évoluent donc, afin de mieux s'adapter aux nouvelles attentes. Ainsi, Jouffray-Drillaud propose cette année cinq nouvelles compositions et la gamme permet, selon l'entreprise, de répondre à l'ensemble des situations agronomiques, climatiques et d'usage. « Par exemple, Chlorofiltre Plus a été créé pour répondre aux besoins des situations à fort excédent d'azote, où les légumineuses sont interdites », informe Philippe Gratadou, chef du marché des semences. Quant à Carneau, qui fournit 30 % des semences de moutarde blanche, l'espèce la plus implantée en France, son travail a notamment porté sur des variétés très tardives, pour éviter la lignification, la montée à fleur, et qui relarguent l'azote facilement. Parmi la nouvelle offre de Sem-Partners, le mélange Eco-Fix (caméline, moha et nyger) assure une bonne couverture du sol, permet de s'affranchir des aléas climatiques et dispose d'un coût/ha acceptable. Les entreprises semencières travaillent aussi sur des couverts tels que les graminées fourragères, qui peuvent être consommées par les animaux. |
Deux départements sans arrêtéSelon le ministère de l'Ecologie, sur 74 départements situés en zone vulnérable, 71 disposaient de leur arrêté à l'automne dernier. Les trois retardataires étaient situés dans le Languedoc-Roussillon, sur de « petites » zones vulnérables. L'Hérault ayant pris son arrêté en mai, il reste désormais à l'Aude et aux Pyrénées-Orientales de sauter le pas. Toujours selon le ministère, les négociations pour ces deux départements auraient été plus ardues, notamment concernant la définition des cours d'eau et donc sur la présence des bandes végétalisées le long de ces cours d'eau. « En zone méditerannéenne, la notion de cours d'eau n'est pas aisée, mais la mise en place de couverts dans un contexte agricole morose et avec notre climat pose aussi des problèmes », ajoute-t-on à la chambre d'agriculture de l'Aude. Si les deux arrêtés sont pour le moment en attente, ils devraient être pris sous peu en s'appuyant notamment sur ce qui s'est fait dans le Midi-Pyrénées. |
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