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Contraintes environnementales à chaque culture son couvert

Si l'intérêt agronomique et économique est à prendre en compte, le choix du couvert dépend aussi de la culture qui suit pour obtenir un sol sain et propre.

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Espèces de printemps ou d'automne (lire l'encadré ci-dessous), la culture intermédiaire qui la précède doit s'adapter. Réserve en eau, levée, adventices, maladies, ravageurs, azote... les conséquences sont nombreuses.

Maïs : proscrire le millet

Avant maïs, les crucifères et les légumineuses sont à préférer. Il faut tout de même surveiller l'alimentation en phosphore du maïs qui peut être freinée par les crucifères. La navette, plus difficile à détruire, est aussi à éviter.

Dans les assolements riches en céréales à paille et en maïs, l'intérêt est de ne pas utiliser les graminées en couverture hivernale (seigle, avoine...). Le millet est également à proscrire car difficilement maîtrisable en cas de repousses dans le maïs.

Prudence si le maïs est implanté tard, il faut veiller à ne pas détruire le couvert après la mi-mars afin de conserver une réserve en eau suffisante.

Pour les monocultures, le semis de cultures intermédiaires sous couvert se développe.

Orge de printemps : préférer les crucifères

Avant une orge de printemps, comme avant un maïs, les crucifères (moutarde, colza) sont à préférer. Les graminées étant déconseillées dans une rotation de céréales. Un mélange à base de radis fourrager, phacélie, sarrasin, moha ou millet est envisageable.

Avec le relargage de l'azote, les légumineuses auraient un effet positif sur le rendement et sur le taux de protéines. Ce dernier point peut être préjudiciable pour les orges brassicoles.

Betterave, pomme de terre : moutarde antinématodes

Certaines variétés de moutarde ou de radis ont un effet antinématodes sur betterave, à condition d'être semées tôt après la moisson. Le seigle et l'avoine sont en revanche déconseillés avant betterave en présence de nématode du collet.

Avant pomme de terre, le seigle est intéressant car il permet un émiettement du sol en surface. Des essais sont réalisés par Arvalis afin de mieux connaître les effets des couverts vis-à-vis de la gale commune et du rhizoctone de la pomme de terre.

Pois, féverole, tournesol, lin : attention aux maladies

Pour implanter un pois ou une féverole, les crucifères, les graminées et la phacélie sont intéressantes. Les légumineuses sont déconseillées. Le nyger peut notamment entraîner un risque de mildiou.

Du côté de la maladie, il est conseillé d'éviter d'introduire des couverts de la famille des crucifères, des composées ou des légumineuses, qui favorisent le développement du sclérotinia.

Certaines légumineuses favorisent également la multiplication dans le sol d'Aphanomyces. En revanche, certaines variétés de vesce tolérantes à ce champignon sont intéressantes.

Avant tournesol, le sarrasin est à proscrire car difficilement maîtrisable en cas de repousses.

Pour le lin, le surplus de résidus végétaux (de graminées notamment) après destruction peut gêner la levée. Il faut donc essayer de semer tard (au début de septembre) et de détruire tôt (dès que la réglementation le permet), afin d'éviter un développement végétatif trop important.

La destruction par le gel est la plus simple mais si un passage de glyphosate se révèle nécessaire (et possible au niveau réglementaire), il faudra le réaliser assez tôt pour ne pas créer de phytotoxicité.

Les repousses de colza peuvent aussi faciliter le développement du verticillium. La moutarde, le radis et la navette favorisent les altises. La vesce et les protéagineux sont conseillés.

Toutes cultures : adventices, ravageurs et réserve en eau

Certains couverts concurrencent naturellement les adventices par étouffement. Il s'agit du sarrasin (s'il est semé tôt), du sorgho fourrager, de la vesce de printemps ou encore des crucifères. Le sarrasin, le seigle, l'avoine et la moutarde libèrent aussi des substances qui inhibent la germination des mauvaises herbes.

Du côté des ravageurs, les limaces apprécient le seigle, le tournesol, le colza et le nyger, mais ne sont pas friandes de phacélie, radis, avoine, moutarde, vesce et trèfle d'Alexandrie.

Pour favoriser la levée de la culture suivante, il faut éviter de détruire trop tard le couvert et d'enfouir une quantité trop importante de biomasse. La décomposition des résidus peut engendrer des substances néfastes pour la germination des semences. La réserve en eau du sol pourrait aussi être affectée. La destruction deux mois avant l'implantation de la culture suivante est nécessaire.

Au bout du compte, un mélange d'espèces (dont une légumineuse) est souvent conseillé afin de profiter des avantages de chacune en termes de couverture et de structure du sol, d'absorption d'azote, de facilité d'implantation et de destruction, de coût, d'intérêt fourrager...

 

 

Possible entre deux céréales d'automne

Entre deux blés, l'important est de semer un mélange de deux ou trois espèces, dont une légumineuse juste après la moisson, et de détruire le couvert au plus près du semis de la céréale, afin de profiter de la libération d'éléments fertilisants.

Mais prudence, les graminées sont déconseillées en couvert dans une rotation de céréales.

Des variétés de crucifères, notamment de moutarde brune, libèrent en se décomposant des éléments organiques qui, par biofumigation dans le sol, freinent le développement de certains champignons, dont le piétin échaudage.

En blé sur blé, des gains de rendement d'environ 5 q/ha par rapport à un sol nu pourraient être expliqués par ce phénomène. Mais une bonne implantation est nécessaire.

En semant du blé dans un couvert de colza, outre son aspect couvrant, ce dernier attire les limaces, qui ignorent la semence de blé.

 

 

 

Témoignage : PHILIPPE FOUCHER, agriculteur à Saint-Péravy-Epreux (Loiret)

 

« Il faut trois ans pour constater les effets des Cipan »

« J'ai semé les premiers engrais verts dès mon installation, en 1976, et j'ai vu les effets bénéfiques de l'azote et sur la structure des sols au bout de trois ans. Avec le remembrement de 1998, j'ai échangé 65 ha, sur les 85 de l'exploitation, qui n'avaient jamais reçu de couverts végétaux ; la différence était flagrante. »

Dans ces parcelles, des zones de gley apparaissaient au mois de mai alors que, dans les sols qui avaient reçu un couvert, aucune compaction n'était observée sur une profondeur de 1,20 mètre. Il y avait aussi beaucoup d'adventices...

Pour l'agriculteur, la moutarde pure ou le mélange moutarde-radis qu'il implante permet la levée des adventices pendant l'interculture, puis leur étouffement, et la respiration du terrain grâce aux nombreuses galeries formées par les vers de terre.

« La moutarde pousse et gèle plus vite que le radis, estime l'agriculteur. En revanche, le gros pivot du radis travaille la structure en profondeur et une production moins importante de matière verte permet de relarguer plus rapidement l'azote. »

Concernant les reliquats, d'après les analyses de sol de 2002, il restait 102 unités d'azote dans le sol au printemps, dont 43 u/ha dans l'horizon de 60 et 90 cm.

En 2008, le reliquat total était identique, mais il ne restait plus que 14 u/ha dans le dernier horizon.

« Les couverts ont permis de remonter l'azote disponible sur le premier horizon, ce qui me permet de réaliser mon premier apport d'azote de 100 u/ha sur blé en mars, lorsque les autres effectuent leur deuxième apport. A la fin d'avril, j'apporte à nouveau de 50 à 80 u/ha au moment du troisième apport de mes voisins. »

Philippe Foucher estime qu'il économise ainsi 60 à 80 u/ha.

Avec l'augmentation de la matière organique, Philippe note davantage d'humidité du sol. « Je récolte toujours mon blé 3 ou 4 jours après mes voisins, car il est moins stressé. »

Mais les deux premières années d'implantation du couvert, c'était l'inverse. « Pour éviter l'assèchement du terrain, il faut détruire le couvert le plus tôt possible, conseille l'agriculteur, et pour aider l'enracinement de la moutarde, un décompactage peut s'avérer nécessaire les premières années. »

 

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