Regrouper l'offre apparaît indispensable Regrouper l'offre apparaît indispensable
Les producteurs cherchent comment faire le poids dans les négociations commerciales face aux industriels.
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« Il y a en France environ 85 000 producteurs, confrontés à 200 transformateurs, rappelle la FNPL. En bout de chaîne, quatre centrales d'achat contrôlent 70 à 80 % des ventes de détail. » Afin de garder un contrôle sur les volumes et les prix, les éleveurs doivent surmonter leur position de faiblesse face à l'aval. En l'absence d'encadrement politique, une solution existe : concentrer l'offre.
Des groupements de producteurs : l'option de la FNPL
La FNPL encourage « une organisation collective sur un bassin laitier pertinent », de la taille du Massif central, du Sud-Ouest, ou encore du Grand Ouest. C'est cette structure qui discuterait avec les entreprises de la région. Des initiatives se mettent déja en place. Ainsi, l'Association des éleveurs livrant à Entremont Alliance ou la Fédération régionale des groupements de producteurs de lait de Mayenne, qui fédère les six groupements de producteurs du département, pourraient être les socles de futurs groupements.
De leur côté, les Jeunes Agriculteurs réfléchissent depuis plusieurs années à un projet de groupement d'intérêt économique (GIE) de collecte à l'échelle de grands bassins de production.
Cet organisme gérerait les volumes, ces derniers étant répartis aux transformateurs selon leurs débouchés. Le prix du lait dépendrait de la valorisation proposée par l'entreprise.« Au-delà du type de structure la mieux adaptée, que ce soit une organisation de producteurs (OP), un GIE ou une coopérative, la question cruciale est celle du transfert de propriété du lait, souligne Gilles Psalmon, directeur de la FNPL.
Sur ce sujet, on est aujourd'hui coincé par le droit européen de la concurrence. » Car ce transfert de propriété peut fragiliser économiquement la structure : une fois le lait acheté aux producteurs, il lui faut absolument trouver des acheteurs, sous peine de se retrouver en situation de faillite. Plusieurs échecs récents (la coopérative de collecte URCVL ou le GIE Sud-Lait) incitent à la prudence. D'autres, en revanche, semblent tirer leur épingle du jeu, comme la coopérative Laitnaa (Nord-Aisne-Ardennes), qui a pris soin d'assortir le transfert de propriété avec des contrats de longue durée.
Droit de la concurrence : un enjeu, l'assouplir
La taille maximale que les groupements de producteurs peuvent atteindre sans risquer d'être en « position dominante » est très limitante. La FNPL réclame donc une modification du droit de la concurrence, afin de l'adapter aux besoins français. Une demande utopique, pour Tomas Garcia-Azcarate, de la Commission européenne.
Selon lui, il n'y aura jamais unanimité entre Etats membres à ce sujet, les pays du nord n'ayant aucun intérêt à aider une filière laitière française concurrente. Inutile, estime pour sa part Jean-Marc Belorgey, de l'Autorité de la concurrence, pour qui le droit offre déjà toute une palette d'outils (lire l'interview ci-contre).
Les premières propositions faites à ce sujet par le groupe d'experts de haut niveau créé par Bruxelles « sont insuffisantes et totalement inadaptées », estime Henri Brichart, président de la FNPL. Il a donc transmis ses propres suggestions aux commissaires européens à la concurrence et à l'agriculture, Joaquin Almunia et Dacian Ciolos, le 23 mars. Il propose que le regroupement de producteurs dans une structure de commercialisation soit autorisé au niveau de « bassins laitiers pertinents ».
Il demande également que les producteurs bénéficient d'un mandat de négociation collective sans transfert de propriété, comme dans la filière fruits et légumes.Jusqu'à présent, Bruxelles refusait de toucher au droit de la concurrence. Mais elle semble désormais prête à mettre de l'eau dans son vin. Ainsi, « il existe des possibilités de dérogation limitée au droit de la concurrence », estimait Jean-Luc Demarty, de la Commission, le 7 avril. Quant à Dacian Ciolos, il a promis le 26 mars « des mesures à caractère réglementaire avant la fin de l'année ».
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