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Vers la ferme à "zéro carbone" à Grignon Vers la ferme à "zéro carbone" à Grignon (02-10-2009)

La ferme expérimentale de Grignon compte devenir une référence sur les pratiques sobres en énergie et gaz à effet de serre.

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1. Optimisation. A Grignon, le projet d'optimisation de la consommation d'énergie et des émissions de gaz à effet de serre emploie une dizaine de personnes, dont Sophie Carton et Yves Python, ingénieurs d'études.

2. Mesure des rejets. Six vaches sont équipées d'un dispositif de mesure des rejets de méthane, gaz à effet de serre, selon les types d'alimentation.

3. Communication. Le projet Grignon Energie Positive comprend un volet de communication vers les scolaires et le grand public.

Une maison à énergie positive est une habitation qui fabrique plus d'énergie qu'elle n'en consomme. La ferme expérimentale de l'institut de formation et de recherche AgroParisTech à Grignon, dans les Yvelines, s'est fixé un objectif: montrer qu'une exploitation agricole performante peut modifier ses pratiques pour optimiser ses besoins en énergie et devenir productrice de chaleur et d'électricité. C'est le projet Grignon Energie Positive (qui associe financeurs publics et privés), dirigé par Olivier Lapierre, également directeur du Centre d'étude et de recherche sur l'économie et l'organisation des productions animales (Céréopa).

Tout a commencé par un bilan de la ferme en 2006. L'exploitation consomme alors 17 millions de mégajoules (MJ) d'énergie fossile, soit la consommation annuelle de 100 habitants. En parallèle, elle émet 2.800 tonnes équivalent CO2, autant que 440 habitants.

La fertilisation arrivait loin devant avec 30% de la consommation d'énergie. Puis venaient les carburants (22%), les aliments du bétail (18%), l'électricité (11%). Même si ces chiffres peuvent paraître élevés, le bilan global de la ferme était largement positif. «L'exploitation consommait autant que 100 habitants, mais produisait de quoi en nourrir 7.500 à 9.500», souligne Sophie Carton, ingénieur d'études. A partir de ce constat, l'équipe a recherché des pistes d'amélioration pour chacune des productions.

 

 

Baisse de la consommation d'énergie

Pour l'atelier laitier, la première des voies est le maintien du haut niveau de productivité, à plus de 9.000 litres par vache. «L'effectif de vaches nécessaires pour réaliser le quota est ainsi moins élevé et les besoins par litre produit sont plus faibles», indique Yves Python, ingénieur d'études.

L'équipe a également travaillé sur l'alimentation: tourteau de colza gras pour densifier la ration en énergie et baisser les émissions de méthane, foin de luzerne autoproduit. Des terres peu productives en céréales ont été converties en prairies, valorisées par les vaches taries et les génisses. Le résultat est intéressant. «La consommation d'énergie rapportée au litre de lait a baissé de 40% entre 2006 et 2008 et les émissions de gaz à effet de serre ont chuté de 17%, pour arriver à 2 MJ et 600 g de CO2 par litre standard», souligne Sophie Carton.

En 2010, la ferme poursuivra dans cette voie en aménageant le bâtiment pour améliorer le confort et la productivité. Les vaches en deuxième partie de lactation auront accès à une prairie ensemencée, en complément d'une ration ajustée à la disponibilité en herbe.

En revanche, l'impact des modifications de pratiques culturales n'est pas flagrant. Entre 2006 et 2008, la consommation d'énergie des cultures a progressé de 14% et les émissions de gaz à effet de serre de 4%. Ce résultat médiocre cache un choix qui devrait porter ses fruits à long terme: la substitution d'une partie des engrais minéraux, poids lourds du bilan énergétique, par les fumiers et lisiers de l'élevage laitier. «Nous avons pris le parti d'épandre des effluents sur un maximum de cultures, donc la dose épandue à l'hectare est plus faible qu'auparavant, précise Dominique Tristant, directeur adjoint de la ferme. Les arrière-effets de ces épandages n'apparaîtront que dans plusieurs années.» Cela implique de bien gérer les intercultures et de piloter au plus fin la fertilisation.

En 2010, le développement de la féverole et de la luzerne évitera l'application de 7.500 unités d'azote minéral. Enfin, la ferme de Grignon a choisi le non-labour pour réduire son utilisation de carburant. Depuis 2008, ces pratiques s'accompagnent de la récupération de la menue paille pour réduire le stock de mauvaises herbes au champ et assurer une meilleure maîtrise du désherbage en non-labour.

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Pour en savoir plus sur la ferme : www.agroparistech.fr/energiepositive

 

Projet de méthanisation

Entre 2006 et 2008, la consommation de la ferme est passée de 408 à 315 tep (tonnes en équivalent pétrole).

L'unité de méthanisation en projet devrait produire 664 tep de chaleur et d'électricité à partir des 10.000 tonnes de fumiers, lisiers et déchets extérieurs. L'équivalent de 81% des rejets de gaz à effet de serre de la ferme sera évité. Pour tendre vers une ferme à zéro carbone.

 

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