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L'incertitude sur le foncier est notre q L'incertitude sur le foncier est notre quotidien»

Pierre Marcille a quitté Bondoufle qui dévorait ses terres pour s'installer à Vert-Le-Grand. La ville se rapproche toujours.

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Venue de Bondoufle (Essonne) aujourd'hui totalement urbanisée, la famille Marcille connaît les risques que court l'agriculture périurbaine. L'expropriation a commencé en 1972 avec la construction de la ville nouvelle.

«Nous avons pu rester jusqu'en 1984. Ma mère avait déjà acheté des bâtiments et des terres à Vert-Le-Grand en prévision du déménagement», explique Pierre Marcille. Lui part s'installer dans le Cher.

Déçu des performances il reprend Vert-Le-Grand: «Aujourd'hui je cultive 170 ha de céréales, dont 50 ha à Bondoufle à titre précaire. Ces terres peuvent m'être retirées à tout moment. Je négocie une convention de location annuelle avec l'agence foncière de la région parisienne. Rien n'est prévu pour les éventuels dégâts si la reprise s'effectue un mois avant la récolte.»

Pierre Manille regrette le décalage entre les discours des élus favorables à l'agriculture périurbaine et la réalité: «Récemment, sans discussion préalable, nous avons découvert un projet de construction d'un centre écologique de traitement des déchets à Vert-Le-Grand. Nous avons créé une association de défense. Je ne veux plus repartir. Je cherche à maintenir la cohérence de mon exploitation. Je travaille déjà un peu comme entrepreneur de travaux agricoles. Depuis la réforme de la Pac en 1992, de nombreux propriétaires ont recours à cette solution».

Maîtres du foncier

Vice-président de la chambre d'agriculture d'Ile-de-France, Pierre Marcille suit l'agriculture périurbaine: «Les élus veulent être maîtres du foncier. Ils vont créer une agence foncière dans L'Essone. Or, la Safer existe déjà. Si elle n'existait pas, nous n'aurions aucun poids. Pourquoi les élus ont-ils besoin d'avoir la maîtrise du foncier? Je sais que cela bougera encore.

Si près de Paris, nous perdrons plus vite 50 hectares que nous les retrouverons. D'un autre côté trente ans après notre expropriation, nous cultivons encore à Bondoufle. Si je l'avais su, je ne me serais pas précipité dans le Cher. L'incertitude est notre quotidien.»

 

Agriculteur et coopérateur «grignoté» le long de la Seine

«Nous avons la chance d'avoir la Seine pour le chargement des céréales. Mais nos charges fixes sont élevées: les camions de transport perdent beaucoup de temps dans les embouteillages de la région parisienne. Nous collectons des micro-plateaux céréaliers enclavés entre ville et routes.

Nos silos se retrouvent en ville. Les poussières, les bruits du séchage posent des problèmes au voisinage. Depuis l'accident du silo de Blaye, nous devons multiplier les rapports d'expertise coûteux. Depuis quatre ans, la remise aux normes nous a coûté 2,3 € du quintal. Une grande surface s'est ouverte à côté d'un silo. Le préfet a fait fermer le silo. Nous conserverons nos silos tant qu'ils ne nous coûteront pas.»

Seul agriculteur de la ville nouvelle d'Evry, Jean-François Isambert a repris ces terres quand celles de ses parents à Saclay ont été absorbées par la construction de l'Ecole polytechnique. «Arrivé en 1981, j'ai accueilli tout groupe organisé qui le demandait. Aux responsables élus, j'ai expliqué qu'ils n'avaient pas besoin de ma ferme mais que moi j'avais besoin de pérennité.

J'ai soigné mon environnement et refusé tout panneau publicitaire. Il faut que les citadins soient attachés au paysage qu'offre ma ferme pour que je puisse rester. Mais en trois ans, mon espace s'est cependant réduit de 350 à 250 ha. Je vais me diversifier pour rester. Dans mes moments de découragement, je me dis: si je dois être grignoté, je préférerai qu'ils prennent tout d'un coup. Par petits bouts c'est usant et ici on ne retrouve pas de petites surfaces.»

 

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