Login

« Nous louons une partie de notre toitur « Nous louons une partie de notre toiture»

La rentabilité des projets photovoltaïques se discute. Celle du Gaec des Acajous est confortée par un contrat de location avec son installateur.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

«Notre centrale photovoltaïque financera nos nouveaux bâtiments puis permettra une diversification de revenus», calculent Stéphane Peultier et Cédric Bednarek, les deux associés du Gaec des Acajous, à Pierreville (Meurthe-et-Moselle).

Simple en apparence, la concrétisation de ce projet illustre bien les difficultés que peuvent rencontrer les agriculteurs intéressés par l'installation de panneaux solaires.

«Avec l'arrivée de Cédric, la rentabilité de l'exploitation passe par un agrandissement de notre troupeau allaitant, d'où la nécessité de délocaliser les bâtiments d'élevage, enclavés dans le village, et d'en édifier de plus vastes», explique Stéphane Peultier.

Les associés pensent d'abord équiper en panneaux une seule des trois constructions concernées. Mais la puissance prévue atteint déjà 66 kilowatts, ce qui requiert un transformateur allant jusqu'à 250 kW.

Cet équipement coûte le même prix qu'un transformateur de classe inférieure, d'une capacité de 36 kW. Ils décident du coup de se rapprocher des 250 kW. Toutes les toitures exposées en plein sud seront couvertes.

Revenu immédiat

Il reste à trouver les fonds nécessaires à l'installation d'une telle centrale. Pour résoudre ce problème, les associés se tournent vers Eneovia Est, leur installateur.

Les deux associés du Gaec investissent 392.000 euros, et l'entreprise, 810.000 euros. Sur les 1.659 m² de toiture à couvrir de panneaux photovoltaïques, celle-ci louera 1.102 m².

«Chaque année, Eneovia Est nous versera 4 % du revenu de l'électricité produite sur cette partie de la toiture, soit environ 4.000 euros. Nous bénéficierons d'une rentrée financière immédiate et régulière, scellée par un bail emphytéotique de trente ans, que les panneaux produisent ou non, détaille Stéphane Peultier. Eneovia Est implantera les mêmes modules que ceux qu'ils nous fourniront. Cela signifie que notre partenaire croit en ses produits et confirme notre confiance dans le projet.»

Le coût de l'installation s'élève à 4,9 euros du watt crête (Wc). L'électricité sera vendue à EDF 58,3 centimes/kilowattheure (kWh) (tarif 2009, les panneaux étant intégrés au bâti).

Pour le Gaec, le temps de retour sur investissement calculé par le logiciel de la chambre d'agriculture est de treize ans. Il passe même à 8,7 ans grâce à l'octroi d'une subvention de 105.000 euros versée par l'Arel (1), comme sept autres projets agricoles lorrains.

Sans la location, il aurait été de dix-sept ans. «La centrale paie les pans de bâtiments qu'elle couvre, hors intérêts d'emprunts», résument les associés.

Du point de vue juridique, Stéphane et Cédric pensent à la création d'une société distincte du Gaec pour leur activité photovoltaïque. Une option qui conférerait plus de souplesse à leur patrimoine.

Attention aux surestimations

Le projet du Gaec des Acajous met en évidence le principal obstacle au développement du solaire photovoltaïque en agriculture.

Sans l'aide de l'Arel, il aurait fallu largement plus d'une décennie pour rentabiliser l'installation. Une durée bien loin des huit ou neuf ans de retour sur investissement souvent promis par les installateurs de panneaux qui prospectent les agriculteurs, mais plus réaliste (lire le tableau ci-dessous).

La solution passe par des groupements d'achat, permettant de tirer les tarifs vers le bas, tout en améliorant les connaissances des agriculteurs en matière d'énergie photovoltaïque.

_____

(1) Agence régionale de l'environnement en Lorraine.

 

 

 

«Le photovoltaïque n'est pas la poule aux oeufs d'or»

Il est impossible de rentabiliser une centrale photovoltaïque en moins de dix ans. C'est le constat que Philippe Eulry et Sylvain Pichot, du CER France AdHEO, ont établi en étudiant des projets d'installations solaires agricoles.

«Les installateurs annoncent des temps de retour sur investissement inférieurs à la décennie. Il faut se méfier de ces approches partielles, parfois fantaisistes, qui ne prennent pas en compte la fiscalité agricole. Parmi leurs défauts, elles oublient les cotisations sociales et sous-estiment les taux d'emprunt. En agriculture, les projets sont rentabilisés au bout de seize à dix-sept ans, ce qui réduit l'intérêt d'un tel investissement. Concernant la location de toiture, de nombreux flous juridiques persistent. Il est donc conseillé d'étudier le projet sous toutes ses coutures», met en garde Phillipe Eulry.

«Les loyers proposés aux agriculteurs vont du simple au quadruple (de 1 à 4 €/m²), attention aux arnaques !» alerte Pascal Rol.

Et le conseiller d'ajouter: «Un projet n'est intéressant que si le prix du Wc installé est inférieur à 4,5 €. Compte tenu des prix actuels des modules, il est difficile d'obtenir un tel tarif, même en groupement d'achat. Le décollage de l'énergie solaire agricole n'est aujourd'hui envisageable qu'avec des aides publiques, en plus du tarif préférentiel de rachat. En attendant, il faut se battre sur le prix des panneaux, les taux d'emprunt et bien organiser le montage technique et juridique de son projet. A l'avenir, les panneaux deviendront moins chers. Nous avons calculé qu'avec un tarif de 0,45 €/kWh, qui concernera la majorité des projets agricoles après 2010, il faudra que leur prix baisse de 30 % pour assurer des rentabilités satisfaisantes.»

 

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement