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Conscientes des contraintes liées à l'accueil à la ferme, Martine Charbonneau et Armelle de Jerphanion ont adapté leur projet.
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«C'est à la suite du partage que nous nous sommes lancés dans l'accueil», explique Martine Charbonneau. Elle et son mari Jean-Claude exploitent une cinquantaine d'hectares de vignes et de céréales à Chérac, dans la Charente-Maritime.
«Nous nous sommes retrouvés propriétaires d'une partie de la maison d'habitation située dans le corps de ferme familial. Tout de suite, malgré la demande, il nous a semblé impossible de la louer à l'année. Elle est trop proche des bâtiments d'exploitation. Nous devions alors choisir entre gîte et chambre d'hôtes.
Nous avons contacté l'office du tourisme qui nous a orientés vers des sessions de formations touristiques. Là, j'ai pu discuter avec des agriculteurs qui faisaient de l'accueil à la ferme. J'ai vite compris que le gîte ne nous convenait pas. Toujours à cause de la proximité des bâtiments d'exploitation.
Dans un gîte, les clients restent plusieurs jours sur place et je ne me voyais pas sans cesse m'inquiéter de voir des enfants au milieu du matériel. Ce n'était pas le cas avec la chambre d'hôtes.
Nous sommes à 50 km de mer. Ici, les gens passent, ils ne restent pas. D'autant que nous ne souhaitions pas proposer de restauration. En revanche, je me suis très vite rendu compte que la chambre d'hôtes demandait énormément de présence.
Les clients téléphonent, ils arrivent, on ne peut pas donner d'heure. Il y a aussi le temps consacré à l'accueil, au petit-déjeuner, à l'entretien des chambres. Mais comme depuis 1988, je m'occupais du point de vente de pineau et de cognac sur l'exploitation, cette contrainte n'en était pas vraiment une pour moi.
Avec le magasin qui attire une clientèle de passage, j'étais déjà sur place 7 jours sur 7 pendant une bonne partie de l'année.
De plus, j'avais découvert que le contact avec la clientèle me plaisait beaucoup. Tout de suite, nous avons vu la complémentarité entre la chambre d'hôtes et la vente des bouteilles.
Nous avons contacté le bureau départemental de Gîtes de France qui nous a indiqué la fréquentation moyenne et les prix pratiqués dans notre secteur, ainsi que les modalités d'agrément et les aides disponibles.
Nous avions alors une idée du chiffre d'affaires, nous pouvions engager les travaux. Le fait d'être dans leur catalogue nous a d'ailleurs permis de remplir nos chambres dès la première saison en 1998, conformément aux prévisions.»
Depuis, Martine et son mari «passent leur été en ermites sur l'exploitation». Mais Martine est ravie et affirme qu'elle ne reviendrait en arrière «pour rien au monde».
Il lui semble néanmoins risqué de se lancer dans une telle activité avec de jeunes enfants. «Trop de contraintes avec la vie de famille.»
C'est pour cette raison notamment qu'Armelle de Jerphanion a renoncé à sa table d'hôtes. Elle et son mari Guillaume sont à la tête d'une exploitation viticole et céréalière d'une centaine d'hectares à Pontevès (Var).
A la suite de la réforme de la Pac de 1992, ils s'inquiètent de trouver des revenus complémentaires. Leur exploitation, une ferme du XVIIIe siècle située au coeur de la Provence, comporte des bâtiments inutilisés.
En 1993, ils se lancent avec trois chambres et une table d'hôtes. Cette dernière ne fera pas long feu. «Si les chambres d'hôtes occupent beaucoup (une bonne demi-journée chaque jour en saison), cela reste assez souple», explique Armelle de Jerphanion.
Ici, la clientèle reste souvent plusieurs jours et Armelle, trilingue, a beaucoup misé sur les étrangers. «La table d'hôtes vous prend vos soirées que vous ne passez plus en famille», souligne Armelle, qui estime qu'on a souvent tendance à penser que les agriculteurs ont toujours du temps à donner.
«Si l'équilibre entre la famille, l'exploitation et le tourisme à la ferme est rompu, c'est l'ensemble qui en pâtit.» D'autant, comme le soulignent de nombreux agriculteurs, qu'il n'est pas évident de cotoyer des vacanciers quand on est débordé.
Certains n'hésitent pas à dire qu'il faut aussi se méfier d'une clientèle de trop haut de gamme dont les exigeances gomment le côté sympathique de l'accueil.
Les chiffres: moins de 20.000 agriculteurs concernésSelon les chiffres du recensement agricole de 2000, 18.500 agriculteurs sont concernés par les activités de tourisme rural, soit environ 3% du total (contre 16.500 lors du comptage effectué en 1988). La grande majorité des exploitations se limite à des activités d'hébergement et la plupart travaille sous label. - Activités d'hébergement (environ 16.000 agriculteurs): environ 12.000 sous le label Gîtes de France, 800 sous la marque Bienvenue à la ferme (fermes de séjour et camping), 250 sous la marque Accueil paysan et 3.000 hors réseau. - Activités de restauration (environ 1.000 agriculteurs): environ 800 Bienvenue à la ferme (fermes-auberges et goûters à la ferme) et 150 Accueil paysan - Activités de loisir (environ 1.500 agriculteurs): 750 Bienvenue à la ferme (fermes équestres, fermes pédagogiques et découverte, chasse), 125 Accueil paysan et 700 hors réseau. |
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