La crise laitière ébranle les certitudes La crise laitière ébranle les certitudes
La crise laitière sonnera-t-elle le glas de la politique libérale ? En France, le ministre de l'Agriculture semble opter pour une démarche interventionniste, tandis que les députés européens s'interrogent sur le bien-fondé des décisions de la Commission.
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Dès son arrivée au ministère, Bruno Le Maire s'est attaqué à la crise laitière. Le 15 juillet, il a convoqué tous les acteurs de la filière, en élargissant la réunion aux syndicats minoritaires et aux distributeurs.
Son plan de bataille: mettre en place «une stratégie nationale collective» afin «d'améliorer la compétitivité» de la filière. Il pousse à poursuivre la restructuration des élevages et des industries, et à améliorer la valeur ajoutée des produits laitiers.
Le ministre a réaffirmé que l'avenir passe par la contractualisation. Mais il veut désormais s'en mêler de plus près.
Même si ce contrat «est d'abord du ressort de la filière», il souhaite qu'il y ait «un suivi de la puissance publique». Bruno Le Maire a également exigé «le plein respect de l'accord du 3 juin sur le prix du lait par tous les industriels, y compris par Entremont».
Il est loin le temps où la Répression des fraudes interdisait toute entente entre producteurs et industriels... Des missions de suivi plancheront sur ces thèmes, avec une échéance au 30 septembre.
L'apaisement passera aussi par la transparence «totale» sur le prix du lait. L'Observatoire des prix et des marges publiera les résultats de son enquête le 29 juillet. Cependant, tous ces efforts seront vains s'ils vont à l'encontre de la politique européenne. Or la Commission ne montre aucune inflexion dans son rapport sur la crise laitière publié le 22 juillet.
Un rapport décevant
Ceux qui en attendaient des propositions novatrices seront déçus. Mariann Fischer Boel avait reçu comme consigne, de la part des ministres européens de l'Agriculture, de rester dans le cadre de la réforme de la Pac.
Elle s'en tient donc à des mesures techniques limitées de soutien (aides au stockage, intervention ou restitutions), l'assouplissement des règles d'octroi d'aides publiques en relevant le plafond des «minimis», ou des programmes de promotion des produits laitiers.
Bruxelles envisage aussi de réaffecter les pénalités des éleveurs en dépassement au profit d'aides à l'abandon de la production. Par ailleurs, la Commission «ne reviendra pas sur les décisions déjà prises quant au système des quotas». Elle exclut ainsi le gel ou la baisse des quotas.
De telles mesures «ne feraient que créer de l'incertitude, retarder le processus de restructuration et ne rendraient guère service aux producteurs de lait».
Les syndicats agricoles sont divisés sur les réponses à ce rapport. Le Copa-Cogeca, dont la FNSEA est membre, se montre assez frileux. Il demande un plus grand recours aux outils existants de soutien des prix, une relance de la consommation et davantage de transparence des prix et des marges, mais il ne sort guère des limites établies par Bruxelles.
Quant à une baisse des quotas, le Copa estime que ce n'est pas la solution.
Les syndicats «dissidents», Via Campesina (auquel adhère la Confédération paysanne) et l'European Milk Board (auquel adhèrent l'Organisation des producteurs de lait et l'Association des producteurs de lait indépendants) réclament, eux, une réduction de 5% des quotas et une régulation des volumes au niveau européen.
Paradoxalement, un soutien inattendu pourrait leur venir du Parlement européen. Le 21 juillet, ce dernier a auditionné la Commission. Ses conclusions sont sévères: «Les mesures prises ou envisagées par la Commission sont insuffisantes.»
Mariann Fischer Boel est donc attendue le 1er septembre avec d'autres propositions. Une majorité de députés s'est aussi prononcée pour «un réajustement des quotas» en suspendant leur hausse, voire en les baissant.
AidesDans le cadre du plan d'aide aux exploitations laitières, le ministère de l'Agriculture a annoncé une enveloppe de 18 millions d'euros pour la prise en charge des intérêts d'emprunts dus en 2009. Les dossiers doivent être déposés avant le 30 septembre auprès des DDAF. |
Entremont: 245 €/1 000 l en juillet et aoûtAprès deux jours d'intenses négociations, Entremont s'est finalement engagé, le 17 juillet, à payer le lait 245 €/1 000 litres pour juillet et août. Ce montant ne satisfait pas entièrement les éleveurs, puisqu'ils réclamaient le respect de l'accord interprofessionnel. «J'ai conscience que ce n'est pas un chiffre formidable, concède Bruno Le Maire. Mais nous allons utiliser ces deux mois pour trouver une perspective industrielle pour le groupe.» Selon l'association des éleveurs livrant à Entremont, l'entreprise sera cédée ou fusionnée dans les semaines à venir. Deux offres de reprise ont été faites, l'une par Sodiaal, l'autre par Lactalis. Une information non confirmée par le groupe mayennais. «Tant que l'actionnaire majoritaire n'a pas fait connaître sa position, nous ne pouvons pas faire d'offre. Cependant, nous ne cachons pas que nous sommes intéressés par l'outil industriel», précise Luc Morelon, responsable communication chez Lactalis. |
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