Labels Capter l'attention des clients baladeurs
L'adhésion à un réseau a un coût qui se justifie si la qualité des services suit et que le nombre de clients touchés progresse.
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Dès qu'ils s'approchent des deux piliers qui marquent l'entrée de la ferme de Gorgeat à Azé (Loir-et-cher), les touristes sont rassurés: le panneau Gîtes de France est là, apposé juste au-dessus du sigle AB. Nadège et Michel Boulai se sont installés en agriculture biologique en 1986.
Ils créent leur gîte, leurs cinq chambres et leur table d'hôtes l'année suivante. Ils ont immédiatement adhéré à la charte de Gîtes de France qui a classé leurs hébergements «3 épis» sur une échelle allant de un à cinq.
Jean-Pierre Monteils, conseiller en tourisme rural, explique: «Les réseaux et leurs labels sont la clef d'entrée pour les clients. Cela les met en confiance.» A la ferme de Gorgeat, dès le premier coup d'oeil sur la cour fleurie et le jardin qui entoure la piscine, les touristes se disent qu'ils sont bien tombés: tout est conforme à l'annonce (1).
Selon Nadège, «le label accordé par Gîtes de France est la reconnaissance de nos efforts d'accueil et la valorisation immédiate de nos hébergements auprès de la clientèle de ce réseau. Au départ, nous étions tenus d'adhérer dix ans à un réseau parce que nous avions obtenu des subventions. Mais vingt-deux ans plus tard, ce label reste une valeur forte pour nous distinguer, alors que se multiplient les hébergements, en particulier sur internet, avec des marques opaques».
Des services à mesurer
Le réseau Gîtes de France a été créé en 1955 pour rassembler les gîtes ruraux. Il propose gîtes et chambres d'hôtes et occupe la première place devant Clé vacances. Il compte encore 17% d'agriculteurs dans ses rangs.
Ce deuxième réseau aux exigences plus souples, créé en 1995, est surtout implanté dans l'Ouest et sur le littoral. Il attribue à ses hébergements une à cinq clés. Ces deux réseaux ont un accord avec Bienvenue à la ferme, association créée au sein des chambres d'agriculture.
Ils labellisent l'accueil et Bienvenue à la ferme apporte aux 1.400 agriculteurs de Gîtes de France et aux 80 de Clé vacances, la caution sur la qualité de l'environnement agricole. Accueil paysan, proche de la Confédération paysanne, propose un troisième réseau d'hébergement depuis 1987. Il se refuse à classer les logements mais demande à ses adhérents de créer avant tout des liens sociaux, de partager leur savoir-faire sur des systèmes d'exploitation respectueux des ressources naturelles et humaines.
Tous ces réseaux ne se contentent pas de vérifier la conformité de l'accueil à leur charte. Ils éditent des guides, proposent des conseils juridiques, un site internet. Ils donnent aussi accès à la clientèle étrangère (15% chez Gîtes de France). Nadège Boulai, présidente de son relais départemental, est très vigilante sur l'adaptation de son réseau.
Comme les autres, Gîtes de France multiplie les marques complémentaires. Actuellement, il met au point une thématique: «écogîtes». Elle aimerait que l'écologie soit partie intégrante de la charte de tous les hébergements, et non une option. «Par conviction et parce que la clientèle de la destination campagne, en particulier celle qui vient du nord de l'Europe, y est sensible.»
Depuis sept ans, la ferme de Gorgeat adhère au site internet ECEAT, la référence en Europe pour l'accueil dans des fermes biologiques. «Cela me coûte 125 euros et correspond exactement à notre offre et à la conception que nous avons de notre métier.»
Enfin, face à l'argument du prix souvent avancé pour quitter un réseau, Nadège Boulai met ses factures à plat: «Au final, nous dépensons 1.000 euros dans les réseaux, dont 80 euros pour Bienvenue. Notre gîte et nos cinq chambres sont labellisés Gîtes de France. Un client sur cinq réserve par l'intermédiaire de leur centrale partagée. Les autres nous contactent directement grâce à notre site. Nous totalisons dix-huit semaines de location en gîte et 110 nuitées par chambre. L'acceptation du réseau et de son prix dépend de la qualité des services apportés, du nombre de clients touchés. Parfois, les sites pas chers coûtent cher, entre coûts cachés et manque de visibilité.»
Pourtant, certains agriculteurs séduits par internet se laissent tenter. Ils gardent le service minimum d'un réseau juste pour le label. Ils créent leur site, gèrent leurs réservations. D'autres, à l'image de ces agriculteurs provençaux d'Agrivacances, se regroupent pour créer leur propre portail qui valorisera leur spécificité agricole dans une région ultratouristique.
Selon Jean-Pierre Monteils, avant de choisir, les agriculteurs doivent regarder comment fonctionnent leurs réseaux locaux: «Quelle est la dynamique du relais départemental? Qui tient les rennes? Quels services apportent-ils? Ce partage d'expériences entretient la dynamique de perfectibilité des acteurs du tourisme. Cela fait la différence par rapport à la simple présence sur internet.»
(1) Gîtes de France reçoit 900 réclamations par an pour 35 millions de nuitées, touchant surtout l'accueil et le confort.
François Moinet, journaliste et formateur (1):"Le loueur veut un service pour entrepreneur, pas pour amateur"On adhère à un réseau pour plusieurs raisons: l'obtention de subventions, le label qualité qu'il délivre, sa notoriété et sa visibilité, son service promotionnel ou commercial... Le réseau procure aussi le plaisir de rencontrer d'autres propriétaires de gîtes ou de chambres d'hôtes: on échange, on se rassure, on s'entraide. De plus, le réseau favorise les actions collectives et a une influence auprès des autres professionnels de l'accueil. Pour rester performants, les réseaux vont devoir être très réactifs. La garantie «qualité» de leur label, qui rassure les touristes, est leur fond de commerce. Quand elle n'est pas au rendez-vous, avec internet, le retour de bâton est immédiat: l'évaluation du consommateur est instantanément mise sur la place publique. Cela impose de réagir très rapidement quand la qualité d'une location se dégrade. D'autant plus que les sites internet durcissent la concurrence et facilitent le zapping des clients. Sans compter que des structures privées de commercialisation vont chercher à séduire et à s'assurer l'exclusivité des prestataires les plus dynamiques. Le réseau restera attractif s'il est très «à l'écoute», rendant des services ciblés aux entrepreneurs que sont ses adhérents: proposer des formations, aider à élaborer et à maintenir des sites internet de qualité, informer sur les évolutions de la demande, fournir un appui juridique, assurer une promotion ou une commercialisation efficaces, réfléchir au positionnement touristique local, s'impliquer dans la défense des intérêts du secteur touristique auprès des collectivités locales... Par exemple, les vacances à la campagne sont fortement associées aux paysages et à la qualité de l'environnement: les associations de producteurs doivent s'impliquer dans la mise en valeur des sites, des villages, des paysages auprès des collectivités locales. Cette forte implication dans le développement local contribuera à améliorer la qualité touristique du territoire et sa fréquentation. (1) Auteur du livre « Tourisme rural », Éditions La France agricole. Son blog : http://fmoinet.blogspot.com |
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