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Le Gaec de la Poste lisse les écarts de Le Gaec de la Poste lisse les écarts de prix des taurillons grâce à une caisse d

Le Gaec de la Poste mutualise les aléas du marché des broutards et des jeunes bovins avec les autres adhérents de sa coopérative.

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1. Effet tampon. «La caisse de péréquation nous met à l'abri des variations saisonnières et hebdomadaires parfois importantes du cours des jeunes bovins», soulignent Vincent (à gauche) et Mathieu Robert.

2. Distribution. La ration à base de pulpe surpressée distribuée avec la mélangeuse assure une croissance moyenne de 1 550 g/j.

3. Triés par case. Les broutards sont pesés trois fois durant leur séjour sur l'exploitation. Cela permet de planifier leur départ trois mois à l'avance.

 

A Lavannes, dans la Marne, Vincent et Mathieu Robert n'ont pas les yeux rivés sur les cours lorsque des jeunes bovins arrivent en fin d'engraissement. Les deux associés du Gaec de la Poste chargés de l'atelier des taurillons concentrent leur attention sur les performances des animaux qui restent. Pourquoi?

 

Parce qu'ils adhèrent à la caisse de péréquation de leur coopérative, Capéval. «Nous nous mettons à l'abri de la variation saisonnière des cours, assure Mathieu. Ainsi que des écarts qui, d'une semaine sur l'autre, peuvent être importants.»

Le principe de fonctionnement est simple: lorsque les cours des jeunes bovins sur le marché dépassent ceux auxquels la coopérative les achète au Gaec, la différence tombe dans la caisse de péréquation.

Dans la situation inverse, la caisse comble l'écart entre le prix du marché et celui payé à l'éleveur. «C'est l'argent des producteurs, pas celui de la coopérative, insiste Vincent. Les sommes versées sont totalement mutualisées. Il n'y a pas, à l'intérieur de la caisse, une ligne qui porte notre nom avec de l'argent dessus qui nous est réservé.»

Double détente

La caisse de péréquation ne fonctionne pas uniquement à la vente des animaux gras. Elle joue aussi pour les achats du maigre. «Une fois par mois, une dizaine d'engraisseurs que nous avons élus pour un an se réunissent, détaille Mathieu. Ils fixent les grilles d'achat des jeunes bovins et celles de vente du maigre aux adhérents. Ils s'appuient sur l'état du marché et les prévisions de sortie. Ils tiennent aussi compte du prix de revient des animaux mis en place sept à huit mois auparavant et du solde de la caisse.»

La coopérative achète les broutards avant de les céder aux engraisseurs. Leur prix est fonction de leur poids, de leur classement et de la race. Historiquement, il s'agissait de mâles lourds et déjà primés.

Depuis le découplage total de la prime spéciale aux bovins mâles (PSBM), la tendance est à la réduction des poids de mise en place. Tous les kilogrammes d'un animal ne sont pas facturés au même tarif. Les premiers sont les plus chers.

Au Gaec de la Poste, les broutards arrivent par lots de 70 à 90 animaux. «Tout dépend du nombre de taurillons partis à l'abattoir les jours précédents, explique Mathieu. Les 870 places de l'atelier tournent en continu. Nous accueillons une quinzaine de lots chaque année, pour vendre de 1.200 à 1.300 animaux finis.» L'objectif est que les bovins achetés autour de 370 kg vifs affichent 410 kg de carcasse 210 à 220 jours plus tard.

S'ils ne regardent pas les prix de marché du jeune bovin chaque semaine, Vincent et Mathieu surveillent en revanche de près la «valeur ajoutée quotidienne» de leurs animaux. Ils la calculent en divisant la différence entre le prix du maigre et celui du gras par le nombre de jours d'engraissement.

«La coopérative nous envoie ces chiffres après le départ de chaque case, détaille Vincent. Ainsi qu'une synthèse par lot, une fois que tous les animaux arrivés ensemble ont été abattus. Compte tenu de nos charges, nous savons qu'à 2 €/kg, nous rémunérerons notre travail.»

Suivi au jour le jour

Un mois après leur arrivée, Vincent et Mathieu pèsent les broutards. Ils les allotent en fonction de leur poids pour constituer des cases homogènes. Deux autres pesées ont lieu pendant leur séjour sur l'exploitation, mais sans réallotement cette fois. Cela évite les bagarres. Il n'y a pas non plus de tri à l'enlèvement des jeunes bovins.

«Il y aurait des cases à moitié vides, ce qui pénaliserait le taux de rotation de l'élevage, souligne Vincent. Nous raisonnons en poids moyen de case pour prévoir les départs.» Ces derniers sont planifiés trois mois à l'avance au minimum.

«Depuis l'arrivée de l'euro, les variations hebdomadaires de cours sont plus importantes, note Vincent. La perte peut être rapide. Sur le long terme, nous subissons tout de même le marché, mais nous nous mettons à l'abri de 80 à 90% des aléas. En cas d'accident, la caisse joue le rôle d'une assurance qui ne coûte rien.»

 

Expert: OLIVIER DEVLOO, directeur de Capéval

«Un approvisionnement régulier et réactif pour nos clients abatteurs»

«La caisse de péréquation nous aide à garantir un approvisionnement régulier aux abatteurs. D'abord, nous avons une vision à six mois de nos sorties. Ensuite, notre grille de paiement incite les éleveurs à vendre les taurillons entre 380 et 430 kg de carcasse.

Au-delà de 440 kg, ils n'ont plus intérêt à les garder car nous appliquons des pénalités qui retournent à la caisse. Enfin, les animaux étant tous nourris avec le même type de ration à base de pulpe surpressée, les carcasses sont homogènes.

Cet outil nous apporte aussi une certaine souplesse dans la gestion des sorties pour répondre aux demandes ponctuelles de nos clients. Par exemple, en fin d'année, s'ils ont besoin d'animaux supplémentaires. Nous incitons alors financièrement les producteurs à vendre plus tôt.

Les animaux sont fatalement plus légers, ce qui peut pénaliser le classement. Avec un de nos clients, nous compensons la perte de valeur liée au classement et aux kilogrammes qui manquent.

Notre système a deux limites: la somme en caisse et la perception du décalage entre le prix de reprise des taurillons et celui du marché, lorsque ce dernier est porteur. Il faut accepter de ne pas toujours vendre au plus haut, pour ne pas tomber au plus bas.

En avril 2008, le prix était de 3,20 €/kg en péréquation, alors que le marché proposait 3,33 €/kg. Un an plus tôt, les cours étaient de 3 €/kg, alors que nous proposions 3,13 €/kg, avec un complément de 40 euros par animal, versé en fin d'année.

Nous réfléchissons à un dispositif complémentaire pour inciter des éleveurs à investir dans l'engraissement. Il faut sécuriser cet investissement, sans doute sous une forme plus contractuelle qu'aujourd'hui.»

 

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