Lait Tensions toujours vives
Aucun accord n'a été conclu en Auvergne-Limousin, l'avenir d'Entremont reste incertain... Le dossier est toujours chaud.
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Trois semaines après sa signature, l'accord national sur le prix du lait se digère progressivement. Mais il suscite encore des vagues de mécontentement et des frictions dans plusieurs régions.
En Auvergne-Limousin, la réunion de l'interprofession régionale, le 23 juin, s'est soldée par un échec. Les producteurs réclamaient un prix de base moyen annuel à 280 €/1.000 l, hors flexibilité. Les industriels, arguant d'un prix régional inférieur au prix national, ont avancé celui de 276,53 €/1000 l. Les producteurs ont donc quitté la salle, après une intervention virulente des JA, laissant entrevoir de nouvelles mobilisations.
En Bretagne, ce sont toujours les difficultés d'Entremont Alliance qui focalisent l'attention. L'entreprise réfute les rumeurs de dépôt de bilan, mais se déclare ouverte à toutes les solutions pour conforter et pérenniser Entremont, y compris des partenariats avec d'autres groupes.
«Il y a d'ailleurs des projets dans les tuyaux», précise Alain Troalen, responsable des relations extérieures, sans pour autant confirmer ou infirmer les noms de Lactalis ou de Sodiaal.
Association de producteurs
Face aux incertitudes persistantes, les producteurs du groupe se sont organisés pour défendre leurs intérêts. Le 17 juin, ils ont lancé l'Association des éleveurs de Bretagne apporteurs de lait à Entremont Alliance.
«L'objectif est de fédérer l'ensemble des producteurs Entremont pour devenir un interlocuteur reconnu et un contrepoids par rapport aux décisions prises par l'entreprise, a expliqué Pascal Nizan, président de la nouvelle structure. La priorité est de faire revenir Entremont dans l'accord interprofessionnel. L'entreprise est fragilisée, mais les producteurs aussi. Ils n'ont pas à supporter toutes les conséquences des erreurs de stratégie de l'entreprise.»
Dans le Grand Ouest, l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) a organisé deux réunions qui ont rassemblé 1.200 personnes le 22 juin à Saint-Méen-le-Grand (Ille-et-Vilaine) et 1.500 le 23 juin à Saint-Hilaire-du-Harcouët (Manche).
L'Apli prône une grève des livraisons de lait simultanée dans les pays membres de l'Union. «Les règles du jeu étant européennes, il faut mener une action au niveau européen», estime Pascal Massol, son président.
En effet, les tensions ne sont pas l'apanage de la France. Les 19 et 22 juin, Bruxelles et Luxembourg ont vu défiler plusieurs milliers d'éleveurs de différents Etats membres, en parallèle du sommet européen des chefs d'Etat et du Conseil des ministres de l'Agriculture.
Pas de solution européenne à la criseLes chefs d'Etat et de gouvernement européens ont rapidement balayé le sujet de la crise laitière le 19 juin. Ils «invitent la Commission à présenter, dans les deux mois, une analyse de marché approfondie, incluant des options possibles pour stabiliser le marché». Mais en «respectant les conclusions du bilan de santé» de la Pac qui entérinent la suppression des quotas laitiers en 2015. Il y a donc peu à attendre de l'Europe. Les propos de Michel Barnier, à l'issue du Conseil agricole du 22 juin, tombent un peu à plat, lorsqu'il estime que «les ministres européens doivent entendre l'appel [de la profession] à maintenir des régulations, des systèmes de maîtrise des productions, notamment dans le domaine du lait». |
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