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David Fosse loue terres et bâtiments pou David Fosse loue terres et bâtiments pour limiter l'investissement

Sans capital de départ, David a repris une exploitation laitière en louant le foncier et les bâtiments et en rachetant le troupeau.

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1. Objectifs. «Avoir la passion du métier ne suffit pas pour s'installer, alertent David et Mélissa. Il faut être clair sur ses objectifs de salaire et de vacances. Les résultats actuels ne nous permettent pas de faire appel au service de remplacement plus de quinze jours par an.»

2. Mise en commun. Pour réduire les charges de structure, la SCEA détient 80% du matériel en commun avec leur voisin, Philippe Badaroux, et fait appel à la Cuma.

3. Entraide. «Si l'environnement est trop individualiste, ce métier n'est pas envisageable.»

 

C'est dans son premier métier d'acheteur de veaux en Lozère que David Fosse a rencontré Joseph Cayroche. L'éleveur laitier, avec 26 vaches montbéliardes sur 110 ha (dont 40 ha en propriété) est à la recherche d'un repreneur. Sur quinze candidats à la reprise, le futur cédant préfère David, originaire du Cantal, compétent et motivé, en ménage avec Mélissa, même si l'élue est encore aux études.

 

Joseph Cayroche, privilégiant la continuité de l'exploitation plutôt que la vente au plus offrant, propose au jeune homme de 22 ans la location des bâtiments et de ses terres. L'investissement de départ sera limité à l'achat du cheptel et du matériel.

David saisit l'opportunité de réaliser son rêve. Il quitte son emploi à la coopérative Cobevial et enchaîne le stage à l'installation, avec six mois de parrainage auprès de Joseph Cayroche, à Chastel-Nouvel (Lozère). C'est une période délicate financièrement pour le jeune couple, qui doit continuer à faire face aux dépenses quotidiennes.

Finalement, l'installation est confirmée. Le cédant et David s'accordent sur l'évaluation du troupeau, du matériel et des stocks. Le fermage pour les terres et les bâtiments est fixé à 2.600 € HT annuels. Les anciens bailleurs sont d'accord pour poursuivre la location avec David pour 70 ha.

Le couple fait le tour des banques et choisit la Banque populaire: «Nous avons eu un bon contact humain et ils ont eu confiance en nous. En outre, ils n'ont demandé qu'un gage sur le tracteur et pas de caution de nos parents.» David investit 110.000 euros, financés par un prêt bonifié MTS-JA à 2% sur quinze ans et la dotation JA.

Au 1er avril 2000, il est exploitant individuel, au forfait, avec un quota de 142.000 litres sur 110 ha. Les premiers résultats sont encourageants mais en deçà de l'étude prévisionnelle d'installation «euphorique», constate David. En 2002, avec 175.000 litres produits, l'exploitation dégage un EBE de 35.000 euros.

Son BTS en productions animales en poche, Mélissa Roques travaille à l'extérieur avant de participer à temps plein sur l'exploitation. En 2003, la jeune femme originaire de Marseille s'installe à son tour avec les aides et développe la vente directe de viande en caissettes.

Le couple, non marié, crée la SCEA "Les Amourios" dans laquelle ils détiennent chacun 50% des parts. Le capital de la société est constitué du cheptel, des stocks et du matériel de l'exploitation de David, pour un montant total de 170.000 euros. Mélissa rachète la moitié des parts sociales avec son prêt bonifié à 2% sur quinze ans.

Avec 210.000 litres de quotas et un troupeau agrandi à 36 vaches, la SCEA investit pour rénover la salle de traite et la stabulation.

Retour à zéro apres cinq ans

A l'automne de 2005, l'exploitation fait face à une crise majeure: en cinq jours, quinze vaches décèdent d'une indigestion à la suite de la perforation accidentelle du silo à grains. La banque accorde immédiatement un prêt pour racheter huit vaches. Les collègues font preuve de solidarité, raconte le couple, reconnaissant: «Un voisin nous a donné deux vaches, un autre nous en a prêté cinq, certains ont envoyé des chèques.»

Grâce à ce soutien humain et financier, le couple redresse la barre. Après une année 2005 «blanche» en termes de revenus, l'exploitation dégage, entre 2006 et 2008, un EBE moyen de 50.000 euros. Après remboursement des emprunts professionnels et des prêts JA, le revenu disponible par associé s'établit entre 9.000 et 13.000 euros, pour les besoins de la famille et la construction de leur maison.

«Nous n'avons pas de marge de manoeuvre, explique le couple, qui suit attentivement les charges. Nous avons des contacts réguliers avec le banquier et avec notre comptable du CER France Lozère pour suivre nos indicateurs de gestion et prévoir l'activité.»

Mais, en 2009, de nouveaux nuages assombrissent l'avenir, avec la perte de 40 ha de terres reprises par un propriétaire et la chute du prix du lait. L'idée d'une association avec leur voisin éleveur laitier, avec qui ils partagent déjà 80% du matériel, prend alors forme. Tous les trois envisagent de créer un Gaec à la fin de l'année, pour travailler sur une structure de 190 ha, avec 500.000 litres de lait.

«Nous pourrons encore réduire les charges et mieux partager le temps de travail», expliquent David et Mélissa. «Nous sommes obligés de nous agrandir: le contexte économique incite à la restructuration, pas à l'installation sur des petites structures, regrette Mélissa. C'est la fuite en avant.»

 

Reprise: trouver les financements

Un jeune agriculteur peut prétendre à des aides spécifiques à l'installation, sous condition d'éligibilité. Il existe la dotation d'installation (DJA) (de 8.000 à 35.000 euros pour les actifs à titre principal) et les prêts à taux réduits MTS-JA (actuellement de 1% en zone défavorisée et de montagne et de 2,5% en zone de plaine, pour un montant maximal de 110.000 euros).

Le Crédit agricole reste le premier distributeur, avec 77% des parts de marché des prêts bonifiés, suivi du Crédit mutuel (14%) et des Banques populaires (7 %), pour 466 millions d'euros empruntés, d'après des données de 2007 du Cnasea.

Le coût de l'installation (*), de 96.400 euros en moyenne nationale sur les cinq dernières années, varie fortement selon l'activité et la région (supérieur à 200.000 euros en Picardie, contre moins de 56.000 euros en Alsace et en Paca).

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(*) Somme des actifs repris en bilan d'ouverture pour les jeunes ayant bénéficié de la DJA entre 2004 et 2008. Source: Observatoire de l'Adasea sur le site www.adasea.net .

 

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