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Richard Fontaine Hors cadre, mais pas hors jeu

Coupé du milieu agricole, ce petit-fils de maraîcher a suivi ses rêves et s'est installé.

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Retrouvailles. Après des études peu enthousiasmantes de paysagisme, Richard Fontaine (à droite) a remplacé son copain d'enfance, Romain Maloisel, pour une saison de choux-fleurs. Ensuite,ils ont décidé de s'installer ensemble.

 

 

1. Diversification. Richard et Romain ont développé la vente directe sur la ferme et travaillent à un projet de point de vente collectif.

2. Sa référence. Richard suit les traces de son grand-père, ancien agriculteur, très engagé dans la vie locale.

  

«Indissociables»,le mot est tout de suite lâché par Richard Fontaine. Il définit bien l'association avec Romain Maloisel, avec qui il s'est installé en Gaec, A la mi-2008, au coeur de la zone légumière de Saint-Malo, dans le nord de la Bretagne. Le rendez-vous se déroule sur le siège de l'exploitation, dans la cuisine de Marie-Claire Maloisel, mère de Romain et troisième associée du Gaec. L'ambiance est familiale. Pourtant, comme on dit dans le jargon, il s'agit d'un «Gaec entre tiers avec un hors-cadre familial».

Richard n'est pas fils d'agriculteur. Il n'a pas de lien de parenté avec les Maloisel, mais il est originaire du village. Il a fréquenté la même école primaire que Romain, puis leurs chemins ont bifurqué. Sans hésitation, Romain a opté pour un lycée agricole, spécialisé en production horticole. «J'ai toujours eu dans l'idée de m'installer», affirme-t-il.

 Intégration réussie

 

Richard, de son côté, s'est rabattu sur le paysagisme. En 2006, à la fin de son apprentissage, il remplace Romain parti en stage de six mois au Canada. «Un heureux hasard», explique Richard.

 

Il entame la saison de choux-fleurs, muni de bottes et vêtu de cirés, car la coupe est manuelle, souvent au froid et à l'humidité. Un travail rude que Richard connaissait bien. «Mon grand-père est un ancien maraîcher, raconte-t-il. J'ai baigné dans ce milieu depuis l'enfance. Les mercredis et les vacances, je les passais à la ferme plutôt qu'au centre aéré.»

Travailler dur ne lui pose pas de problème. «Ici, nous sommes toujours à fond. Et les journées me semblent moitié moins longues que lors de mon apprentissage», ajoute-t-il.

Le supplice pour Richard? Se taire. Le souvenir d'un ancien maître de stage qui lui interdisait de parler aux clients, l'a marqué. «C'est simple, s'il ne parle pas, c'est qu'il a un problème», confirme Romain.

Richard aurait pu choisir d'être salarié dans le paysagisme, il décide d'être «son propre patron», chef d'exploitation. La famille Maloisel l'y encourage. Mais qu'en pense son entourage? Premier averti, son grand-père, Pierre Fontaine, avoue: «Je l'aurais plutôt un peu découragé.»

L'ancien agriculteur de soixante-dix-sept ans l'a incité à bien réfléchir. Il l'a mis en garde sur la pénibilité du métier, l'insécurité du revenu, les aléas climatiques et les tracasseries administratives. Mais il admet, sans étonnement, que son petit-fils «a l'air d'être bien dans sa voie».

Des discussions sur les nouvelles techniques culturales se nouent entre eux. «Ça va m'empêcher de vieillir trop vite!», se réjouit désormais le retraité.

En 2007, Richard et Romain entament leur parcours à l'installation. «Moi qui ne voulais plus entendre parler de l'école, j'étais prêt à reprendre une formation», déclare Richard. Ce ne sera pas nécessaire: il peut valider ses compétences acquises par l'expérience.

A l'exploitation de 72 hectares des Maloisel se rajoutent 10 hectares loués par Richard. Les futurs associés décident de développer la vente directe sur la ferme et travaillent à un projet de point de vente collectif à Saint-Malo. Ils «prennent ensemble les habitudes de travail».

Des engagements professionnels

Comment s'organise la répartition des tâches? «Je suis plus "crayon" et Richard est plus "téléphone"», résume Romain. A vingt-trois ans, les deux jeunes reconnaissent avoir beaucoup à apprendre. A commencer par la technique. Et c'est sans parler de la comptabilité dont ils ont, pour l'instant, laissé la charge à Marie-Claire Maloisel…

L'expansif Richard s'est vite «fait embarquer pour donner un coup de main» à différentes manifestations agricoles et pour prendre des engagements professionnels. Il est déjà administrateur au syndicat Jeunes Agriculteurs et élu au conseil de station au sein de la coopérative Terres de Saint-Malo.

A JA, il apprécie de discuter avec des agriculteurs d'autres branches et aussi «l'ambiance festive». Là encore, il suit les traces de son grand-père, conseiller municipal, puis maire de sa commune pendant trente-sept ans. Richard veille à ce que ses responsabilités n'empiètent pas trop sur le travail. «Il va falloir que j'apprenne à dire non», dit-il en riant.

 

Concrétiser ses désirs

«Prendre conscience de ses aptitudes et de ses désirs et vouloir les concrétiser. Rêver d'autonomie. Trouver sa voie, choisir un métier d'engagement: devenir paysan!»

 

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