Reportage - «L'irrigation du blé dur est Reportage - «L'irrigation du blé dur est notre assurance récolte»
Chez Philippe et Gilles Breynat, dans le Sud-Est, l'irrigation est une évidence pour la rentabilité de cette céréale.
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«Sans irrigation, ce n'est pas la peine de faire du blé dur», affirment Philippe et Gilles Breynat, agriculteurs à Vaunaveys-la-Rochette, dans la Drôme. Sur les 120 hectares de leur exploitation, 95 sont irrigués cette année et si une majorité concerne le maïs, un peu plus de 10 ha sont consacrés au blé dur depuis trois ans.
«Sans eau, le rendement et la qualité du grain sont trop aléatoires, l'irrigation est notre assurance récolte.» Selon les sols et surtout le climat, l'enrouleur passe d'une à quatre fois avec 35 à 40 mm à chaque tour. «Nos terres sont soit sableuses, soit argileuses, et le plus souvent dans la même parcelle. Il est donc difficile d'adapter l'arrosage.» Le premier passage a été fait le 16 avril après deux semaines sans pluie. «En faisant un trou avec le piochon dans les terres sableuses (les plus légères et donc plus sensibles au manque d'eau) et en arrachant un pied on voit vite si le blé dur manque d'eau et si le sol est sec. Le but, c'est d'intervenir avant que la plante souffre et que les feuilles jaunissent. Et quand on commence à irriguer, il ne faut plus s'arrêter. On vise un certain potentiel et on apporte l'engrais et l'irrigation en fonction. Si on arrête l'arrosage alors qu'il y a encore des besoins, on pénalise plus la plante que si on n'avait pas du tout irrigué.»
Peu de risque de maladies
Ainsi, les tours d'eau s'enchaînent à 8-10 jours d'intervalle de la montaison de la fin de mars au début d'avril selon les pluies jusqu'en juin. Au stade du gonflement (de la mi-mai au début de juin), le troisième apport d'azote est distribué. Si la rosée du matin suffit à favoriser l'absorption de l'ammonitrate pour les deux premiers apports (20 janvier et 16 mars cette année), l'irrigation est nécessaire pour le troisième apport qualité. «Ici, on n'a pas de problème de fusariose ou de moucheture car l'eau ne stagne pas sur les feuilles. En trois heures, elles sont sèches. Et l'irrigation au moment du remplissage du grain nous permet d'éviter l'échaudage. Les maladies, c'est un risque à prendre pour conserver le rendement.» Petit risque, puisqu'en trois ans, aucune maladie ne s'est déclarée grâce à deux traitements fongicides. Grâce à cette conduite, Philippe et Gilles atteignent 75 à 80 q/ha et 13,5 à 14,5 points de protéine selon les rotations. Sans irrigation, une perte de rendement de 15 à 20 q/ha pourrait être notée. Un manque à gagner plus important que le coût de l'irrigation, surtout que le matériel est déjà amorti grâce aux autres cultures irriguées (maïs, blé tendre, pois). «Les enrouleurs attendent sous le hangar au printemps alors autant les valoriser pour le blé dur.»
Etre patient avec le ventLa bise, le vent du Nord, peut durer plusieurs jours. La patience est de rigueur mais si c'est trop long, l'irrigation se fait la nuit et le matin lorsque le vent est moins violent. |
Un gain net de 200 €/ha
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Chez Philippe et Gilles Breynat, l'eau nécessaire à l'irrigation provient de plusieurs réseaux de la Drôme et de la Bourne (pour un coût de 0,064 €/m3) et d'un forage individuel (0,046 €/m3 HT d'électricité, les charges fixes étant amorties). Dans les terres les plus légères, le blé dur est irrigué en quatre passages (1.400 m3). Au maximum, l'irrigation revient donc à 90 €/ha sans compter le travail et le temps. Avec une tonne de blé dur payée 145 €, il faut un rendement supplémentaire de 6 q/ha pour rentabiliser. La production est largement atteinte puisque les agriculteurs gagnent de 15 à 20 q/ha en irriguant, soit un gain net de 128 à 200 €/ha.
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