Le désherbinage réduit les phytos sur ma Le désherbinage réduit les phytos sur maïs
Pierre Léonard a opté depuis trois ans pour le désherbinage de ses quarante hectares de maïs grain.
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TECHNIQUE. C'est d'abord l'intérêt du binage pour le maïs qui a poussé Pierre Léonard à investir dans une désherbineuse.
Installé sur 230 ha à Iré-les-Prés, dans la Meuse, Pierre Léonard implante environ quarante hectares de maïs grain chaque année. Depuis trois ans, il a opté pour le désherbinage pour gérer les mauvaises herbes de cette culture, même s'il ne se trouve pas en zone de captage. Chénopodes, liserons et laiterons constituent les principales adventices à éliminer. Avant 2006, le maïs était désherbé en plein, avec un mélange Harness-Lagon en postsemis-prélevée, complété par Equip en postlevée en cas de difficulté avec le chiendent.
«Le désherbage ne posait pas de problèmes: la rotation relativement longue limite l'apparition d'adventices résistantes.» Ce n'est donc pas un souci de maîtrise des mauvaises herbes qui pousse Pierre à changer mais l'intérêt du binage pour la culture, puis l'impact économique et environnemental. «Il y a toujours eu du binage sur l'exploitation car cela permet d'aérer le sol», raconte Pierre, qui vient de succéder à son père. D'où l'idée d'utiliser cette technique pour éliminer les adventices entre les rangs, associée à un désherbage chimique sur le rang. «Je traite ainsi seulement un tiers de la surface.»
Pour cela, Pierre, qui a aussi une entreprise de travaux agricoles (ETA), a investi 8.200 euros dans une désherbineuse: 30% ont été subventionnés par l'agence de l'eau Rhin-Meuse dans le cadre du plan végétal pour l'environnement.
Des conditions optimales à respecter
Pour obtenir une efficacité optimale du désherbinage, plusieurs conditions doivent être réunies. «L'idéal est de réaliser un passage le plus tôt possible, dès que l'on voit poindre les maïs pour attaquer les adventices à un stade très précoce. Mais, avec mon matériel, je ne peux pas biner avant le stade des 4 à 6 feuilles du maïs sous peine de recouvrir les plants avec de la terre. Si besoin est, je repasse une deuxième fois avec un binage seulement, avant le stade limite du passage du tracteur.»
Pour intervenir, le terrain doit être bien ressuyé, ce qui réduit souvent la fenêtre d'intervention. Parfois le binage n'est pas possible. «C'est le cas des champs très sales historiquement, notamment avec beaucoup de chiendent ou de liserons. Idéalement, il faudrait préparer les parcelles avant le semis en les nettoyant mécaniquement ou chimiquement.» En revanche, Pierre bine même les sols à gros cailloux.
Sur le rang, le désherbage est réalisé avec l'association Diphar (0,1 l/ha)-Emblem (0,33 kg/ha), à laquelle est ajouté un mouillant (Isotac). En cas de problème de chiendent, 0,5 l/ha d'Equip complète le mélange. Avec cette technique, il désherbe un hectare et demi à deux hectares à l'heure selon les parcelles, à comparer aux dix à vingt hectares avec un pulvérisateur. «Un guidage automatique de la bineuse nous ferait certainement avancer un peu plus vite.» Avec la cuve, qui permet de traiter six hectares, l'autonomie est faible comparée aux trente à cinquante hectares réalisables avec un pulvérisateur classique. En 2006, il a ainsi désherbiné cent cinquante hectares entre l'exploitation et les surfaces réalisées par l'ETA. Les années 2007 et 2008 ayant été pluvieuses, le désherbinage a été pratiqué seulement sur cinquante hectares. Le reste a été traité en plein.
Satisfait malgré les contraintes
Après trois ans d'expérience, Pierre livre ses premières impressions. «Avec un herbicide en plein, le risque de rater son désherbage est quasi nul car la fenêtre d'intervention est large. En désherbinage, si on ne peut pas réunir toutes les conditions, il faut abandonner et traiter en plein sans quoi l'efficacité du passage sera insuffisante. J'applique alors le programme qui était prévu sur le rang. Mais quand le désherbinage est réalisé dans de bonnes conditions, la maîtrise des adventices est tout à fait satisfaisante.» Le binage a par ailleurs un effet positif sur la culture en aérant le sol. «Un binage vaut un arrosage. Cet effet est très visible quand deux parcelles de maïs sont situées côte à côte avec l'une désherbinée et l'autre pas: la première est beaucoup plus verte que l'autre dans les jours qui suivent.»
Autre intérêt: le gain économique grâce à la réduction des quantités de produits phyto. «Si je compte le temps passé, le nombre de passages et le coût des produits, le coût de revient est le même qu'un désherbage en plein. Mais si je retire le temps passé, il y a un gain indéniable sur le coût des produits: 33 euros/ha en moyenne, 52 euros/ha en cas de chiendent.» La disponibilité nécessaire peut poser un problème à certains, notamment les éleveurs car cela correspond en général aux périodes de fenaison. Enfin, le fait de ne traiter qu'un tiers de la surface présente un intérêt pour l'environnement. C'est d'ailleurs une des techniques promues par la mission «captage» de la chambre d'agriculture de la Meuse auprès des agriculteurs concernés. Pour l'instant, quelques-uns l'ont adoptée.
Pour Pierre Léonard, le désherbinage fait partie des techniques d'avenir pour limiter l'utilisation des produits et cultiver du maïs avec peu d'intrants. «Contrairement à ce qui est souvent dit, le maïs n'est pas une culture polluante: dans la région, l'irrigation n'est pas nécessaire car la pluviométrie est suffisante. Je n'utilise ni insecticide – des trichogrammes peuvent être employés contre la pyrale si c'est nécessaire –, ni fongicide, et j'opte pour le désherbinage dès que possible. Un couvert est également implanté en interculture pour éviter les sols nus. Quant au poste de l'azote, les éleveurs peuvent utiliser leur fumier.»
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Bien choisir sa désherbineuse
Pierre Léonard utilise une désherbineuse à six rangs, repliable, munie d'une cuve de 400 litres qui traite environ 6 ha. Elle est équipée de deux disques de part et d'autre, ce qui procure une bonne stabilité dans les champs en pente. Pierre Léonard aimerait s'équiper d'une machine qui lui permettrait d'intervenir avant le stade des 4 à 6 feuilles: les champs seraient alors plus propres au moment du passage et les maïs moins concurrencés. Sans compter que la fenêtre d'intervention serait plus large, ce qui diminuerait le risque météorologique. Il souhaiterait aussi un matériel d'une plus grande largeur pour réduire la contrainte du temps.
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