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Travail du sol et protection des culture Effets contradictoires

Bien gérer gestion les adventices, les ravageurs et les maladies n'est pas toujours chose facile.

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1. Désherbage: le labour contre bon nombre de graminées

La présence depuis plus d'un an de brome ou ray-grass dans le sol induit une perte de viabilité.

 

RÉPARTITION DANS LE SOL. Le labour permet de diluer les graines sur la profondeur de travail alors qu'un passage superficiel les concentre en surface.

 

La gestion des adventices est essentielle et dans un contexte de développement de graminées résistantes (sulfonylurées et fops). Ainsi, le labour présente un réel intérêt, au même titre que les rotations, les faux semis ou même l'alternance des modes d'action des herbicides utilisés dans la rotation. Le travail superficiel favorise les adventices à germination superficielle, essentiellement des graminées telles que le brome, le vulpin, le ray-grass, les panics, les sétaires et les digitaires, mais aussi du gaillet. Ces mauvaises herbes présentent un taux annuel de décroissance (TAD) élevé, c'est-à-dire que le stock semencier est assez éphémère. Pour exemple, 95% des semences de brome enfouies vont dépérir dans l'année. L'efficacité d'un labour intermittent est bien souvent meilleure que celle d'un labour réalisé tous les ans: les graines présentes plus longtemps dans le sol sont plus facilement détruites. Il semble toutefois que le labour enfouit plus de semences viables qu'il n'en remonte en surface et, de ce fait, pourrait être réalisé tous les ans.

Moindre efficacité des racinaires

Inversement, le labour favorise les dicotylédones (chénopodes, stellaires, géraniums...), dont le TAD est plus faible et le stock semencier plus persistant qui germe profondément. Cependant, il n'est pas toujours évident de généraliser cette règle, car des travaux ont démontré que la durée se vie des graines de colza est plus courte quand elles restent en surface. Les techniques sans labour (TSL) peuvent également induire le développement de vivaces et le fait d'enfouir le rhizome permet de freiner le développement de l'adventice. «Quand on passe au travail simplifié, on observe une augmentation du coût de désherbage à l'hectare», fait savoir Gérard Citron, spécialiste du désherbage chez Arvalis (voir l'infographie ci-après). Il y a une pression plus forte des graminées et des vivaces en présence d'un travail superficiel. En techniques simplifiées, il est parfois nécessaire de réaliser des faux semis et le nombre de passages de glyphosate à l'interculture est plus élevé. Quant à l'efficacité des herbicides racinaires elle est réduite en travail simplifié, les résidus de cultures présentant un effet écran. Cela oblige à utiliser plus d'herbicides foliaires, ce qui peut induire plus de résistances.

 

 

 

Stock semencier: soigner le déchaumage

En TSL il est recommandé de multiplier les faux semis de bonne qualité. « Des progrès peuvent être réalisés car beaucoup déchaument à 10 cm, et les mauvaises herbes ne lèvent pas bien », indique Jérôme Labreuche, d'Arvalis. <br/>Autre piste : ne pas déchaumer du tout et passer avec un semoir qui perturbe le moins possible le sol.

 

2. Ravageurs favorisés par les techniques simplifiées

Limaces, campagnols, zabres... préfèrent les sols non retournées.

 

TECHNIQUES SANS LABOUR. Les limaces sont favorisées par les techniques simplifiées et la présence de résidus de culture en surface.

 

L'incorporation des résidus de cultures par labour et la suppression totale d'adventices qui représentent des refuges et une source de nourriture limitent les populations de limaces. Lors du travail du sol, lesoeufs de limaces remontent en surface, dessèchent et meurent. Plusieurs déchaumages rappuyés, éventuellement couplés avec un labour, permettent aussi de ralentir l'activité des adultes.L'apparition des limaces est favorisée lorsque le labour est réalisé dans des conditions humides, si le lit de semence reste trop motteux. « Dans nos essais, nous avons démontré que le non-labour ne détruit pas les limaces, surtout quand il est associé aux couverts végétaux détruits tardivement », indique Jérôme Labreuche, d'Arvalis.

Rongeurs sensibles

Le labour entrave par ailleurs le développement des colonies de campagnols des champs et terrestres. Il semble aussi qu'il présente un intérêt pour lutter contre les hannetons, les taupins ou même les zabres des céréales. Sur zabres, cette méthode culturale exposerait les insectes au froid en les remontant en surface. Il est reconnu que la réalisation d'un déchaumage après la récolte perturbe les pontes et diminue la présence du coléoptère.Les larves de lépidoptères présentes sur maïs - pyrales et sésamies - augmentent notablement les risques de fusarioses et de mycotoxines. Comme elles passent l'hiver dans les cannes de la plante, il est conseillé de broyer ces dernières juste après la récolte pour détruire un maximum de chenilles. Le labour permet, lui, d'enfouir profondément les éventuelles chrysalides restantes pour éviter aux adultes de remonter. Il aurait également une action sur les charançons de la tige du colza et sur les méligèthes qui se maintiennent dans les résidus de culture.

 

Les vers de terre plus heureux sans labour

La microfaune, utile ou neutre, est en revanche importunée par le labour. C'est notamment le cas des araignées et des vers de terre. Des études menées par Arvalis et l'Acta ont démontré que passer au travail simplifié permet d'augmenter le volume de galeries de lombrics et celui de leurs rejets.

 

3. Maladies: davantage de pression en non-labour

L'enfouissement des résidus réduit la contamination des cultures.

 

MEILLEURE EFFICACITÉ. Le broyage des cannes de maïs limite la quantité de résidus infectieux.

 

Le travail simplifiéfavorise la transmission des maladies aux plantes, notamment dans le cas de successions favorables (blé sur blé, blé sur maïs). Pour compenser cette pression parasitaire, une protection fongicide plus soutenue, une diversification de la rotation ou des variétés plus tolérantes sont à envisager.

Enjeux qualitatifs

Avec l'abandon du labour, les résidus de culture sont maintenus en surface et peuvent faciliter le développement de certaines maladies. C'est le cas pour l'helminthosporiose, maladie favorisée en blé sur blé : un broyage et/ou un enfouissement sont alors nécessaires pour diminuer la quantité de résidus infectieux et éviter la propagation de la maladie. C'est également vrai pour la fusariose sur épis du blé, quand le précédent est un maïs ou un sorgho. Ce travail contribue par ailleurs à limiter la contamination en mycotoxines de type Don. Sur les cultures oléagineuses, des maladies comme le phoma sur colza ou le phomopsis sur tournesol nécessitent également une bonne gestion des pailles pour minimiser les risques.

 

Piétin-verse: ne pas enfouir

Pour le piétin verse, les résultats d'études menées par Arvalis et par l'Inra demeurent encore contradictoires. «Le labour conserve les résidus infectieux en profondeur. Une fois remis à la surface, leur pouvoir virulifère est plus fort que s'ils étaient restés sur le sol», signale Jérôme Labreuche.

 

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