Cinq pistes pour améliorer la fertilité Cinq pistes pour améliorer la fertilité des vaches laitières
Le combat se mène sur plusieurs fronts, en particulier en prim'holstein: veiller à une reprise rapide de l'état corporel en limitant le déficit énergétique de la ration, repérer les vaches à cyclicité anormale, guetter les retours en chaleur…
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La fertilité des vaches laitières se dégrade, surtout en prim'holstein. Mais la génétique n'explique pas tout. Une vache en mauvais état corporel, à haut niveau de production ou confrontée à des pathologies postpartum voit sa mise à la reproduction retardée et sa carrière compromise, constatent les études Nec+Repro (1) et Fertilia (2), dont les résultats seront présentés aux Journées 3R des 6 et 7 décembre.
1. Choisir un niveau de production laitière
Un pic de lactation élevé se traduit par une perte d'état corporel importante associée à un déficit énergétique, et par là un risque plus élevé de retours en chaleur décalés et de mortalité embryonnaire. « En reproduction, tout se cristallise autour du déficit énergétique en début de lactation, confirme Guy Charbonnier, de la coopérative d'insémination Eliacoop. Hyperstimuler une lactation hypothèque la capacité de la vache à se reproduire. » Mais ce n'est pas une fatalité. Il suffit souvent de rééquilibrer la ration en énergie et en azote et d'apporter des fibres, ou d'écrêter le pic de lactation pour en limiter les effets.
2. Limiter la perte d'état corporel
Une vache doit arriver au vêlage à 3,5 d'état, ne pas perdre plus de 1,5 point et reprendre de l'état entre 60 et 100 jours après vêlage. Plus du quart d'entre elles sont trop maigres. Dans ce cas, l'apparition de la première chaleur est retardée. Pour une note d'état inférieure à 1,5 à 30 jours postpartum, le décalage est de 16 jours, dans les élevages de l'étude Nec+Repro. «Les profils moyens se situent 0,5 point en deçà des recommandations, avertit Claire Ponsart, de l'Unceia. De plus, nous avons remarqué qu'une vache en mauvais état une année ne se rattrape pas l'année suivante. Au contraire, son état se dégrade au fil des lactations.» Une vache trop grasse rencontre elle aussi des difficultés de reproduction, avec une cyclicité irrégulière et une mortalité embryonnaire tardive élevée.
3. Repérer les pathologies postpartum
Parmi les femelles ayant une anomalie de cyclicité, 60% ont présenté une pathologie postpartum : non-délivrance, métrite, kystes ovariens... contre 30% pour celles à cyclicité normale. Or une pathologie de ce type retarde le retour en chaleur (décalage de 11 jours en moyenne dans l'étude) et hypothèque la fécondité. D'où l'importance de veiller au bon déroulement du vêlage.
4. Détecter les cycles anormaux
L'éleveur doit apprendre à distinguer précocement (à partir de 30 jours postpartum) les vaches présentant un risque de cycle anormal. Trois quarts des femelles sont cyclées normalement entre 30 et 80 jours après vêlage. Mais parmi elles, plus de la moitié ne sont pas vues en chaleur régulièrement. Chez celles présentant des anomalies, les cas d'anoestrus sont les plus fréquents (17 %). Il s'agit souvent de vaches maigres et hautes productrices, en déficit énergétique. La mise à la reproduction sera très décalée : plus de 90 jours après vêlage, avec un taux de gestation faible (30 à 35 %), aboutissant à un intervalle vêlage-vêlage de 420 jours. Les cycles irréguliers sont caractéristiques des femelles trop grasses.
5. Confirmer les signes de chaleurs
Les vaches expriment moins les chaleurs qu'avant. Dans l'étude, plus de 15% des laitières, surtout des fortes productrices, ont été vues pour la première fois en chaleur à plus de 90 jours. En parallèle, la durée de ces chaleurs est passée de 18 h à 12 h. Une observation attentive est requise pour surmonter cette double difficulté: au moins 20 minutes deux à trois fois par jour, lors des périodes d'inactivité. «Il est important de détecter la première chaleur, puis les suivantes, pour distinguer rapidement les cycles normaux et anormaux, souligne Claire Ponsart. Or nous avons observé avec Fertilia que 20% des éleveurs n'en notent pas la date. Pour les retours, un quart des éleveurs sont concernés. Pourtant, c'est le point de départ de la mise à la reproduction.»
Elle conseille aussi de toujours confirmer un signe de chaleur par au moins un autre indice, afin de limiter les IA réalisées au mauvais moment. Dans 35% des cas, l'inséminateur est appelé alors que seul un comportement non spécifique (chevauchement, nervosité, intérêt porté à la zone arrière des autres femelles, beuglements, glaires, baisse de la production de lait) a été vu. Cette pratique augmente notablement le risque d'inséminer au mauvais moment, qui passe de moins de 5% à 10% des IA.
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(1) Réalisée conjointement par le Contrôle laitier, Eliacoop, le PEP et l'Unceia, en 2004 et 2005 dans dix élevages de Rhône-Alpes.
(2) Réalisée par quinze coopératives d'insémination et l'Unceia dans 135 élevages.
Basées sur l'étude Nec+Repro, des formations ont été organisées pour les éleveurs de Rhône-Alpes. «Lors de ces séances, les éleveurs notent l'état corporel des vaches, explique Guy Charbonnier. Ils s'aperçoivent alors des difficultés à l'évaluer correctement. Il faut compter six mois pour assimiler les notations.»
Les signaux d'alerte→ PRODUCTION LAITIÈREVache à risque si: * haute productrice et pic de lactation précoce * TP < 28 g/l, souvent corrélé avec une perte d'état importante entre 0 et 60 jours * TP/TB < 0,7 → ETAT CORPOREL Soupçonner un problème de déficit énergétique du troupeau si: * plus de 30 à 40% des vaches perdent plus de 1 point de note d'état en un mois après vêlage ou plus de 1,5 point en deux mois * plus de 30 à 40% des vaches ont, un à deux mois après vêlage, une note d'état inférieure à 2 → CYCLICITÉ Risque d'anomalie en cas de: * première chaleur tardive (plus de 40 jours après vêlage). * pathologie après vêlage (non-délivrance, métrite…). |
CONSEIL Tenir un planning de reproductionPour chaque vache, noter les dates: - du tarissement - du vêlage - de la première chaleur - des chaleurs douteuses - des IA - des retours en chaleur, indicateurs de mortalité embryonnaire tardive - les pathologies et les traitements - le constat de gestation, à réaliser à 35 jours |
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