Login

Plan d'épargne retraite populaire Un intérêt plutôt limité

Le nouveau plan d'épargne retraite sera lancé dans les prochains mois. Il sera concurrencé par les dispositifs de retraite complémentaire facultatifs et d'autres produits de placements plus avantageux.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La loi sur la réforme des retraites donne la possibilité à tous les actifs, salariés ou non, de se constituer un capital retraite en bénéficiant d'avantages fiscaux. Mais s'engager dans un plan épargne retraite populaire (PERP) mérite réflexion. Le PERP allonge en effet la liste des contrats de retraite par capitalisation facultatifs (exemple: Coreva) que les agriculteurs peuvent souscrire en complément de leurs régimes de retraite de base et complémentaire obligatoires. Il s'ajoute aussi à la gamme des placements actuellement sur le marché (PEA, assurance vie) et des investissements immobiliers et fonciers qu'il est possible de réaliser pour se constituer un capital. Alors pas de précipitation tant que les décrets d'application ne sont pas publiés. Et avant de prendre toute décision, il est important de faire un tour d'horizon de son patrimoine, d'analyser les besoins de financement de son exploitation et d'estimer le niveau de revenu souhaité après la cessation d'activité. Il est possible de se faire aider par un conseiller en patrimoine de son centre de gestion.

Caractéristiques du PERP

Pour mesurer les avantages et les limites du plan d'épargne retraite populaire, il faut en connaître les principales caractéristiques. Les sommes versées par l'agriculteur souscripteur sont déductibles du revenu imposable (lire l'encadré intitulé «Déduction fiscale: des versements inférieurs à 23.769 euros»). Toutefois, les fonds versés seront bloqués pendant vingt, trente ou quarante ans, jusqu'à ce que souscripteur perçoive sa pension de retraite de base. Telle est la principale rigidité du PERP, car il faut être certain de ne pas avoir besoin de l'argent placé pour investir, rembourser ses prêts ou faire face à un coup dur. Par ailleurs, les frais de gestion contractualisés pendant toute la durée du plan réduiront la rentabilité des placements réalisés. Or, cumulés, ces frais peuvent représenter des sommes importantes.

Avantages fiscaux

L'agriculteur retraité touchera uniquement sous forme de rente imposable le capital qu'il s'est constitué (elle est éventuellement réversible au conjoint survivant). Elle sera calculée en fonction du montant de l'épargne et de la grille d'espérance de vie qui sera alors en vigueur. Or, avec l'allongement de l'espérance de vie, ce dernier paramètre jouera en défaveur de l'épargnant puisqu'il réduira le montant de la pension à percevoir.

Autre facteur à prendre en considération, l'inflation qui diminuera chaque année, en euros constants, la valeur de la rente.

Les banques pourront être tentées de mettre en avant les avantages fiscaux du PERP pour promouvoir ces placements. Mais il faut faire attention, parce que «la défiscalisation ne doit pas noyer le taux de rendement qui n'est pas assuré dans le temps», commente Jean-Marc Bihan-Poudec, consultant en patrimoine pour Cogedis. C'est la raison pour laquelle il vaut mieux s'assurer que les taux d'intérêt appliqués protégeront des risques d'inflation tout au long de la durée du placement.

Le PERP est un produit d'épargne qui privilégie les personnes imposables. Or, la plupart des agriculteurs le sont faiblement ou pas du tout. Et au niveau du Smic, les régimes de base et complémentaires garantissent dans l'état actuel des choses une retraite équivalente à 75% du salaire minimum pour une carrière complète. «Aussi est-il plus intéressant d'avoir une vision globale de la fiscalité de l'entreprise que de porter une attention démesurée au PERP et à ses avantages», affirme Jean-Marc Bihan-Poudec. Avec l'exonération des plus-values, les économies réalisées feront également partie du capital des exploitants à la retraite.

 

 

Les contrats ex-Coreva sont plus avantageux fiscalement

Les produits d'épargne de retraite complémentaire ex-Coreva sont plus équitables que les futurs PERP puisque les sommes versées sont assimilées à des charges. Selon Jean-Marc Bihan-Poudec de Cogedis, 1.000 euros versés coûtent à l'agriculteur 618 euros après MSA et impôt contre 802,6 euros pour un PERP. Mais le rendement n'est pas non plus garanti, les frais de gestion sont élevés et les cotisations réduisent le montant de retraite de base.

 

Déduction fiscale: des versements inférieurs à 23.769 euros

Pour être déductibles, les versements annuels sur un PERP et un produit d'épargne de retraite complémentaire facultatif (ex-Coreva) doivent être inférieurs à 10% du revenu imposable sans dépasser 23.769 euros par an (soit 10% de 8 fois le plafond annuel de la sécurité sociale de 29.711 euros). Plus le contrat est souscrit tôt, plus les versements sont faibles. Il faut épargner près de 272 euros par an pendant vingt ans placés à 4% pour avoir une rente de 350 euros par mois à sa retraite.

 

[summary id = "10022"]

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement