Dégâts de corbeaux sur le maïs Lutte chimique réduite
Depuis 2004, pour éloigner les corbeaux des jeunes maïs, seules les semences traitées au thirame peuvent être utilisées.
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L'an dernier, quelque 35.000 à 45.000 hectares de maïs ont subi des attaques de corbeaux dans de nombreuses régions, jusqu'au stade 8 feuilles. Certains maïsiculteurs ont dû ressemer des bouts de parcelles. Auparavant, ces dégâts étaient présents uniquement sur maïs doux. Les corbeaux freux (lire l'encadré) déterrent les jeunes plantules à la recherche de la graine, en suivant les lignes de semis, en laissant des trous de quelques centimètres. La consommation du grain de maïs entraîne le sectionnement de la partie végétative et la mort de la plante.
A proximité des grands arbres
Les attaques, qui peuvent entraîner la disparition de 10 à 100% de pieds, sont plus importantes sur les parcelles à proximité de grands arbres qui servent de dortoirs aux corbeaux. Autre facteur de risque : la coïncidence entre la présence des oisillons dans le nid (qui oblige les adultes à rechercher une grande quantité de nourriture) et le stade 2-4 feuilles des maïs. «Le plus souvent, ce sont les semis précoces qui sont attaqués, mais parfois aussi les ressemis», détaille-t-on à Arvalis. Selon l'institut technique, cette recrudescence de dégâts en 2004 serait liée au fait que le thirame était le seul répulsif autorisé employé. En effet, l'anthraquinone n'est plus utilisée depuis l'an dernier pour enrober les semences de maïs, même si elle possède toujours une autorisation de mise sur le marché français jusqu'à son réexamen en 2006 dans le cadre de la réhomologation européenne. Les firmes phytosanitaires ne croient guère au retour de ce répulsif, utilisé dans très peu de pays.
Thirame à 160 g/q
En 2005, à nouveau, seul le thirame pourra être utilisé. «Mais son efficacité semble plus limitée que celle de l'anthraquinone en situation à forte pression», indique Didier Lasserre, d'Arvalis, qui s'attend à encore plus de dégâts cette année. «Il n'y a plus de semences traitées au Gaucho. Or il a été observé que l'imidaclopride, moins appétent pour les corbeaux, limitait légèrement les dégâts.»
Pour ce printemps, dans les zones les plus exposées, Arvalis conseille d'utiliser les semences traitées avec Gustafson 42 S à 160 g/q (fongicide et corvifuge). En complément, un effarouchement acoustique, des protections pyro-optiques ou des leurres pour empêcher les nidifications (1) peuvent être envisagés. Dans les autres situations, le thirame à 50 g/q (Gusto AC, uniquement corvifuge) pourra limiter les dégâts, mais pas à 100%.
(1) Voir La France agricole du 21 janvier 2005, page 40.
Une seule espèce responsableSeul le corbeau freux ( Corbus frugilegus ) est à l'origine de dégâts sur le maïs. Il vit en colonies de quelques couples à plusieurs milliers d'individus, en plaine ou à proximité des villes. D'une taille de 45 cm et d'une envergure de 90 cm, le corbeau freux a un plumage noir-violacé, un bec droit et gris, avec une zone grisâtre dénudée autour de la base du bec (ce qui permet de le distinguer de la corneille noire). Il nidifie dans de grands arbres (corbeautières) et se nourrit de graines après la moisson ou en germination. Classé gibier, le corbeau freux peut être chassé pendant les périodes d'ouverture. Susceptible d'être classé «nuisible» annuellement, par arrêté préfectoral, il peut être détruit à tir jusqu'au 10 juin sur autorisation préfectorale et piégé toute l'année. |
Témoignage : GILBERT BARNACHON, agriculteur à Communay (Rhône) «J'ai perdu 15% de ma récolte en 2004»«Les attaques de corbeaux dans mes 40 hectares de maïs irrigué m'ont fait perdre environ 15 q/ha l'an dernier. Certaines parcelles étaient touchées à 15%, mais d'autres à plus de 50%, notamment dans les parties les plus argileuses et les plus motteuses. Je n'ai pas ressemé. Pourtant, nous pensions avoir suffisamment régulé les populations de corbeaux, en concertation avec la société de chasse. Mais nos parcelles se situent le long du Rhône, zone où ces oiseaux nichent et prolifèrent. Les semences traitées avec l'anthraquinone permettait de limiter les dégâts. Les premières fortes attaques ont eu lieu il y a quatre ans, dans des champs semés avec des lots non traités à l'anthraquinone. J'ai dû ressemer quelques bouts de parcelles. Cette année, je vais utiliser des semences plus dosées en thirame, et mettre un insecticide du sol (carbofuran), traitement que je ne faisais pas auparavant mais cela aurait un effet répulsif. J'essaie également de ne pas être le premier à semer le tournesol et le maïs pour ne pas subir toutes les attaques de corbeaux.» |
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