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Céréales Faire le ménage contre les mycotoxines

Pour Alain et Thierry Tuziak, la rigueur au champ et au stockage constitue la meilleure garantie pour s'en prémunir.

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«Nous n'avons pas fait le nettoyage exprès pour votre venue », plaisante Alain Tuziak au moment d'entrer dans le bâtiment de stockage du grain. Une précision qui n'a rien de superflu, tant la propreté de l'installation est impressionnante à un mois de la moisson.

A la ferme des Tuziak, à Saint-Georges-sur Arnon, dans l'Indre, cette rigueur est héritée d'une longue ex- périence dans la production de semences, désormais mise à profit dans la lutte contre les mycotoxines. Depuis cinq ans, les contrats passés avec Agroberry-Bionnet pour le blé dur alimentaire incluent en effet des seuils pour ces toxines produites par des cham- pignons, avec un prélèvement d'échantillons pour analyse à la récolte.

Propreté au champ et au silo

La propreté des silos est indispensable pour que d'éventuelles poussières contaminées de l'ancienne récolte ne viennent pas transmettre les hôtes indésirables à la nouvelle collecte. Mais le souci de la propreté ne se limite pas à la gestion des cellules.

«Nous travaillons toute l'année contre les mycotoxines, du semis jusqu'au stockage», confirment Alain et son fils, Thierry. Car si certaines toxines n'apparaissent qu'au stockage, d'autres, comme les redoutables Don, se développent au champ.

Le travail du «nettoyeur» commence avant de sortir le semoir, avec un broyage fin des pailles et un déchaumage qui font disparaître les éteules avant le labour. Puis c'est dans la culture que les Tuziak font place nette. La floraison, période très sensible, est strictement encadrée par deux passages de metconazole, l'un des fongicides les plus efficaces contre le fusarium, le champignon responsable de la production de Don.

Passage au séparateur

Le désherbage est lui aussi soigné afin d'éviter la présence d'impuretés à la récolte. Une fois stockée, cette « verdure » risque d'entraîner un échauffement du tas, favorable à la présence de mycotoxines. «Lors de la moisson, nous stockons le blé dur dans des cellules tampons pour avoir un bon débit de chantier, explique Alain. Le lendemain matin, si le grain n'est pas très propre, nous le faisons passer au séparateur avant de le stocker dans l'une des cellules, où il restera jusqu'à l'enlèvement, souvent au début de l'année suivante.»

Pour conserver le blé aussi longtemps sans dégradation, Alain et Thierry veillent par- ticulièrement au bon fonctionnement de la ventilation qui équipe les sept cellules, d'une capacité totale de 8.000 quintaux environ (voir encadré ci-dessous).

Jusque-là, cet arsenal de précautions a payé, malgré des exigences contractuelles plus strictes que la réglementation qui entre en vigueur cet été. « On fait le maximum pour éviter les contaminations, mais c'est une problématique très différente de celle du poids spécifique ou des protéines, constate Alain. Les analyses prennent plusieurs jours, il est impossible de connaître les résultats avant d'alloter. C'est un peu la loterie.»

Avec une question qui reste sans réponse: que faire si un lot s'avérait contaminé?

 

Rotation: précédent colza

A la ferme des Tuziak, les mycotoxines ont bouleversé l'assolement. La vingtaine d'hectares de blé dur contractualisé sont désormais implantés uniquement derrière colza. « L'expérience a prouvé que les précédents maïs, sorgho ou millet sont à proscrire avant les cultures sensibles comme le blé dur ou certaines variétés de blé tendre. Sinon les seuils imposés par les acheteurs dans l'alimentation humaine sont fréquemment dépassés », justifie Dominique Hallouin, responsable d'Agroberry.

 

 

Un suivi quotidien de la température

La température du grain dans les cellules fait l'objet d'une surveillance quotidienne, à l'aide de sondes équipées d'un écran digital et fichées en permanence dans les tas. « La bonne conservation commence par une moisson à maturité. Nous essayons de récolter à 14 ou 15 % d'humidité », explique Alain Tuziak. La ventilation permet d'abaisser la température par paliers, avec l'objectif d'atteindre 8 à 10 °C au cours de l'hiver.

«Si la température ne baisse pas régulièrement, nous transvasons le grain dans une autre cellule tout en ventilant afin d'identifier le problème et vérifier qu'il ne s'agit pas d'un foyer de chauffe dû à des impuretés. Généralement, c'est la température extérieure trop élevée qui est en cause.»

 

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