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Nicolas Sarkozy Nicolas Sarkozy

Voici les réponses de Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, aux questions posées par La France Agricole aux candidats à l'élection présidentielle de 2007.

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1 - Quelles sont les perspectives du métier d'agriculteur ?

Les perspectives du métier sont redevenues favorables car les agriculteurs ont su répondre aux préoccupations de la société: production d'une alimentation diversifiée et de qualité tant gustative que sanitaire, soutien d'une économie agroalimentaire créatrice d'emploi sur tout le territoire, prise en compte croissante des attentes environnementales ainsi que des enjeux climatiques à travers les énergies renouvelables. Bref, le slogan «Pas de pays sans paysans» est plus que jamais d'actualité.

Nicolas Sarkozy ne nie pas les crises sévères que traversent les producteurs de fruits et légumes d'hiver et les viticulteurs, mais globalement, l'objectif affiché par la profession de faire un effort sur les prix peut devenir une réalité avec une meilleure organisation commerciale des producteurs et la recherche de nouveaux débouchés non alimentaires.

Par ailleurs, les chiffres 2006 de l'installation montrent un frémissement à la hausse encourageant. Les jeunes ont besoin de perspectives économiques fortes. C'est ce que leur apporte la loi d'orientation agricole de 2006, notamment en facilitant la transmission d'une entité économique. L'idée de Dominique Bussereau de travailler sur un parcours de professionnalisation est aussi à creuser. Il doit être tout aussi qualifiant et performant mais ouvert à un nouveau public.

2 - OMC: L'Europe doit-elle encore faire des concessions pour parvenir à un accord? Comptez-vous vous opposer à un accord qui léserait les intérêts agricoles français et comment?

A travers la dernière réforme de la Pac, l'Union européenne a fait, par anticipation, sa part du chemin vers un possible accord. La balle est à présent dans le camp de ses partenaires commerciaux et en particulier des Etats-Unis dont la volonté de faire évoluer le Farm Bill reste à démontrer.

D'autre part, la donne politique a beaucoup évolué depuis le début du cycle de Doha. D'abord, il y a une prise de conscience des interactions entre les questions agricoles et les enjeux planétaires en matière d'environnement. Ensuite, la question de l'équilibre alimentaire mondial doit trouver sa solution dans le développement des agricultures vivrières et non seulement dans les échanges commerciaux. Nicolas Sarkozy l'a bien compris lorsqu'il affirmait lors de la visite du Sia que «les négociations à l'OMC sont trop sensibles pour être laissées aux seules mains de fonctionnaires européens. Il faut que les représentants politiques reprennent le dossier en main».

3 - Faut-il encore une Pac après 2013? Certains trouvent que le budget de la Pac devrait être redéployé vers la recherche et l'éducation, êtes-vous de ceux-là?

Il faut d'abord rappeler que l'échéance de 2013 n'est pas négociable. L'Europe doit se donner le temps de redonner un socle politique à sa future Pac. Cinquante ans après la signature du traité de Rome (1957), la question n'est pas de se mettre d'accord sur un budget, mais de redonner du sens à la notion de «préférence communautaire», autrement dit de reformuler le projet politique qui lie, et engage solidairement, les vingt-sept Etats membres de l'Union. Plutôt que d'opposer les thématiques, il s'agira de les articuler entre elles, par exemple à travers un programme européen de recherche sur l'impact des produits chimiques ou sur la génomique, ou encore en précisant la complémentarité entre la gestion des marchés agricoles et un programme européen de développement des énergies renouvelables. Enfin, il faudra répondre à cette question essentielle posée par les pères fondateurs en 1957: quel prix attachons-nous à la sécurité alimentaire?

4 - En 2008, l'examen à mi-parcours de la Pac doit-il se cantonner à un bilan de santé, évoluer vers une redistribution des aides ou se transformer en une réforme encore plus profonde?

L'examen à mi-parcours ne doit pas aller au-delà de l'examen de santé. Mais il peut être l'occasion de corriger certains défauts de la Pac comme l'excès de paperasse ou encore la trop grande complexité des mesures d'écoconditionnalité. Par exemple, les contrôles sont devenus difficiles car les critères ne sont plus objectifs (hectares, etc.) mais qualitatifs. Et il n'est pas interdit de faire preuve de bon sens en écoutant les remarques et suggestions des agriculteurs, notamment sur les distorsions engendrées par les normes de production ou encore sur l'absence de dispositif de gestion de crise. Enfin, la réussite de ce bilan d'étape conditionnera la suite des discussions entre Etats membres. Le bilan de santé de la Pac en 2008 doit permettre de commencer à jeter les bases d'une nouvelle Pac. Les dix nouveaux Etats membres pèseront sûrement lourd dans ce débat, comme la Finlande ou la Suède en 1995 dont l'entrée dans l'UE a généré les questions sur la conditionnalité.

5 - Faut-il développer les biocarburants industriels?

Deux objectifs justifient le développement des biocarburants. D'abord parce que c'est une première réponse en attendant les produits de deuxième génération, pour diminuer notre dépendance vis-à-vis du pétrole et pour améliorer le bilan environnemental en matière de gaz à effet de serre. A ce titre, il faudra revoir la politique douanière. Il ne faut pas avoir d'initiative malencontreuse sur l'importation des carburants hors de l'UE, je pense au Brésil par exemple. En effet, la création de toute pièce d'une nouvelle filière nécessite de ne pas être soumis à une concurrence trop rude. Elle doit être accompagnée les premières années. Deux ou trois ans de répit seront nécessaires pour permettre à nos industriels de mettre en place les outils de production, aux constructeurs automobiles de proposer des moteur «flex-fioul» et à la distribution d'éthanol à la pompe de se généraliser. 40.000 emplois sont en jeu en France. Ensuite, cela permet une régulation des marchés des matières premières agricoles prioritairement destinées à l'alimentation en leur offrant un débouché nouveau. Sans oublier l'apport des sous-produits pour l'alimentation animale. Autant de raisons qui justifient la poursuite de cette politique de développement industriel créatrice d'emplois par un effort de défiscalisation intégrale dès la loi de finances pour 2008.

6 - Etes-vous favorable au développement des bioénergies en circuit court? Dans les faits et au-delà des discours, on observe depuis de nombreuses années que beaucoup de «bâtons ont été mis dans les roues» de ces microfilières de proximité (tracasseries administratives, paperasserie et fiscalité dissuasives, tarif de rachat de l'électricité insuffisant). Vous engagez-vous à ce que le double langage cesse?

(*) biogaz, huile végétales pures, chaudières polycombustibles, etc.

Le processus de développement des bioénergies en circuit court n'est qu'à son début, mais il s'annonce prometteur. Les pouvoirs publics devront préciser le cadre juridique et donner plus clairement une perspective de rentabilité économique pour favoriser le développement de ces filières. Beaucoup reste à faire en matière de valorisation de la biomasse, par exemple le bois, et des déchets urbains ou agricoles. Il faut également stimuler la recherche pour permettre le développement de PME françaises capables de se placer à la pointe de la technologie et de facilité sa diffusion.

L'Etat devra également s'entendre avec les collectivités territoriales qui sont très engagées sur ces sujets afin de préciser les rôles de chacun.

7 - Jusqu'où doit aller la prise en compte de l'environnement? Croyez-vous par exemple à une agriculture sans pesticides?

Dans une perspective de développement durable, la prise en compte des impératifs de préservation de l'environnement doit se concevoir dans un souci d'équilibre avec nos règles sociales et avec la volonté d'assurer notre compétitivité économique. C'est donc avant tout une démarche globale de progrès.

La réduction et l'usage mieux raisonné des produits phytosanitaires, de même que le développement de nouveaux produits moins agressifs pour l'environnement s'inscrivent dans ce processus.

Le renoncement par principe ou par idéologie aux pesticides est en revanche totalement irréaliste et peut même entraîner une dégradation de la qualité sanitaire des aliments.

8 - L'agriculture est-elle d'abord faite pour produire?

L'acte de production est l'essence même de la profession agricole. Ils s'exprime certes sous des formes très diverses et cependant adaptées à chaque terroir.

De même, la finalité première qui est la production alimentaire est aujourd'hui complétée par de nouveaux débouchés.

Mais cet acte de production doit être remis au coeur de notre politique agricole par une organisation plus efficace des filières et en fin de compte par une meilleure rémunération du produit.

9 - La France doit-elle cultiver des OGM?

Avant d'être une question agricole, les OGM représentent d'abord un enjeu en matière de recherche. Ils soulèvent aussi la question de la mise en pratique du principe de précaution qui n'est pas, à nos yeux, un principe d'immobilisme.

Ensuite, il faut répondre aux interrogations des Français (et les agriculteurs en font partie!) sur les avantages et la réalité des risques liés à cette technique.

Seul un débat public parlementaire sans a priori permettra de dire s'il faut accepter des plantes OGM, et si oui, lesquelles, et surtout dans quelles conditions.

10 - Que comptez-vous faire pour abaisser les charges pesant sur les exploitations agricoles?

Les exploitations agricoles sont devenues de véritables entreprises qui doivent profiter de toutes les possibilités en matière de fiscalité et d'allègement du coût du travail. La loi d'orientation de 2006 a levé les derniers verrous. C'est maintenant aux agriculteurs d'utiliser les outils mis à leur disposition, comme l'assolement en commun. C'est particulièrement important en matière de transmission des exploitations agricoles afin de faciliter l'installation des jeunes agriculteurs.

D'autre part, il faut poursuivre le développement de l'assurance récolte et la généralisation à l'ensemble des productions.

11 - Etes-vous favorable à une TVA sociale en agriculture?

Nicolas Sarkozy a annoncé qu'il veut expérimenter la TVA sociale en lui transférant une partie des cotisations afin d'alléger le coût du travail et d'améliorer le pouvoir d'achat des salariés. Cette mesure est extrêmement intéressante pour le secteur agricole, puisque les produits importés contribueraient à financer notre couverture sociale, ce qui permettra de gommer certaines distorsions de concurrence.

La TVA sociale viendrait ainsi en appui des allègements de charges instaurés pour les employeurs de main-d'oeuvre saisonnière par la loi d'orientation agricole de 2006 et la loi rurale de 2005. Des efforts importants sont également à faire pour les salariés en terme de formation pour répondre aux besoins de compétence de plus en plus pointue (traçabilité, conditionnalité, etc.)

12 - Que comptez-vous faire pour maintenir les services publics en milieu rural et développer la couverture des campagnes par les moyens modernes de communication?

L'actuelle majorité a déjà largement contribué à redonner ses chances au milieu rural, notamment par une meilleure couverture du territoire pour les téléphones mobiles, l'internet ou encore la TNT.

Les efforts devront se poursuivre tant sur les infrastructures de transport que pour un meilleur accès aux soins ainsi qu'aux équipements scolaires et périscolaires modernes.

13 - Que proposez vous pour enrayer le grignotage des terres agricoles?

Une réflexion doit être engagée sur la base du rapport Boisson. La terre agricole n'est pas extensible et il faut que l'Etat revoie les règles afin de limiter au strict minimum l'artificialisation des sols.

14 - Faut-il revaloriser les retraites agricoles et si oui comment ?

Les retraites ont connu une revalorisation entrée en application au début de 2007. Mais force est de constater que l'objectif des 85% du Smic n'est pas atteint.

Il convient donc de poursuivre l'effort tout en veillant à assurer l'équilibre financier du FFIPSA. La TVA sociale comme nouvelle source de contribution peut utilement y contribuer.

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