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Semis de maïs Jouer sur la densité

Alors que certains agriculteurs augmentent la densité pour semer des variétés plus précoces, d'autres la réduisent pour limiter les besoins en eau.

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Les raisons sont nombreuses pour vouloir modifier la densité de semis préconisée par les semenciers. Jean-Paul Renoux, d'Arvalis, observe d'ailleurs que «aujourd'hui, on a besoin de moins de plantes à l'hectare car les températures et le rayonnement estival sont plus importants sur le territoire. Les variétés sont aussi plus robustes et les pertes à la levée sont donc moindres. Une surdensité de quelques pour cent supplémentaires suffit désormais».

Densité seuil

Parmi les différentes composantes du rendement, la densité de semis et le potentiel de la parcelle jouent un grand rôle. Dans une situation où le peuplement est faible, on observe que quels que soient la variété de maïs et le potentiel du sol, le rendement augmente fortement avec la densité. Dans cette phase, cette dernière est donc le principal moteur de l'expression du rendement. Mais après avoir atteint une densité seuil, les plantes entrent en concurrence. Le rendement croît toujours mais à un rythme plus faible. Il stagne même dans une parcelle où le potentiel est limité, le rendement optimal est alors atteint. Dès lors, l'ajout de plantes supplémentaires conduit à une chute de potentiel occasionnée par une augmentation des cas de stérilité, de verse... Cette tendance apparaît aussi en terrain à bon potentiel mais à partir d'une densité plus élevée. Dans l'intervalle, la culture peut profiter certaines années de conditions exceptionnelles pour valoriser les plantes supplémentaires.

Adapter la densité à la précocité

En maïs grain, lorsque la disponibilité en eau n'est pas limitante, une variété tardive offre un meilleur rendement qu'une variété précoce tout en étant implantée à densité plus faible. Le rayonnement intercepté est en effet une autre composante du rendement. Plus l'indice foliaire est important (surface foliaire verte par hectare) et plus le potentiel de rendement peut être élevé.

Certains agriculteurs souhaitent donc implanter des variétés un peu plus tardives qui produisent plus de feuilles. Ainsi, à indice foliaire égal, la densité de semis peut être réduite par rapport à une variété plus précoce. Mais le risque de faire coïncider la période de déficit hydrique avec celle où la plante a le plus besoin d'eau augmente aussi. Par ailleurs, l'humidité de ces variétés risque également d'être plus élevée à la récolte. Le rendement bien que meilleur avec une variété tardive est alors impacté par le coût de séchage de plus en plus important.

D'autres producteurs ont plutôt opté pour une stratégie d'évitement qui privilégie des variétés plus précoces semées plus tôt. La densité de semis est alors augmentée pour palier une surface foliaire verte et un rayonnement plus faibles.

 

Tenir compte de la disponibilité en eau

L'interception de la lumière n'est pas toujours l'élément limitatif du rendement, mais c'est plutôt la disponibilité en eau. Pour faire face à des restrictions de l'usage de l'eau, certains agriculteurs ont donc essayé en 2005 de réduire leur densité de semis de 5.000 à 8.000 plantes/ha dans la zone Poitou-Charentes, secteur où les densités sont de l'ordre de 90.000 à 95.000 plantes/ha en variétés demi-précoces (C2) et 85.000 à 90.000 en demi-tardives. Selon Guillaume Clouté, d'Arvalis, il semblerait que ces agriculteurs s'en soient plutôt bien sortis. Il estime toutefois que des essais menés sur plusieurs années seraient nécessaires pour préciser ces résultats. Jean-Paul Renoux, également d'Arvalis, veut d'ailleurs mettre en garde contre une réduction trop importante de la densité: «En demi-tardif ou en demi-précoce, on rentre dans une zone de risque à partir d'un semis à moins de 80 000 plantes/ha. On ne se met plus en position de réussir les bonnes années mais on essaie de sauver les meubles.»

 

 

Approche technico-économique : trois itinéraires à l'étude

Arvalis travaille actuellement sur une approche plus technico-économique de la production du maïs. Les essais mis en place par le Rite (Réseau d'intérêt technique et économique qui associe Arvalis et ses partenaires sur le terrain) s'articulent autour de trois itinéraires.

Le premier vise un potentiel de production maximal.

Le second, dit «économe», doit permettre à des secteurs à potentiel limité de rester rentables en employant des semences commercialement amorties donc moins chères ou des variétés récentes semées à faible densité.

Et enfin le troisième itinéraire qui prend en compte des situations telles que le manque d'eau durant le cycle avec adaptation de la densité ou développement de stratégie d'évitement.

 

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