Le semis dense de maïs ensilage dope le Le semis dense de maïs ensilage dope le rendement
Dans ses terres à bonne réserve hydrique, Henri Banteignie sème son maïs ensilage à 140.000 gr/ha. Il gagne en rendement de matière verte et sèche, avec toutefois une moindre valeur énergétique.
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«Je voulais limiter l'achat de coproduits tels que les pulpes de betterave surpressées pour mes 60 vaches laitières. J'ai donc cherché à accroître la production à l'hectare de maïs ensilage. Lorsqu'il est implanté en terres limono-argileuses, je sème généralement de 135.000 à 145.000 grains par hectare, avec un écartement entre les rangs de 45 cm. J'obtiens 24 à 25 tonnes de matière sèche (MS) à l'hectare, avec une valeur alimentaire qui peut être un peu moins bonne sur certains points», explique Henri Banteignie, en Gaec avec son frère, Olivier, à Montrécourt, dans le Nord.
L'idée de semer son maïs à forte densité est venue au Gaec il y a une quinzaine d'années. «J'ai commencé par tester diverses variétés selon la technique du semis en double rang. Une ligne de semis était alors intercalée entre deux rangs normaux. Les résultats obtenus étaient très positifs pour certaines variétés.» Le rendement en MS/ha de maïs comme Aviso et Amigo augmentait de près de 50% entre un semis en simple rang (106 900 gr/ha) et un autre en double (137 900 gr/ha). A l'inverse, d'autres variétés enregistraient des résultats plutôt favorables au semis en simple rang. Au vu de ces essais, le choix des variétés lui est donc apparu très important. S'il était préférable de privilégier des hybrides précoces et à bonne résistance à la verse et au charbon, le critère «port de la plante» était tout aussi important pour semer à forte densité.
Meilleure répartition en interrang de 45 cm
Henri Banteignie, qui a opté aujourd'hui pour un semis en simple bande avec un interrang de 45 cm, privilégie les variétés de maïs à port dressé. Le choix de cet écartement permet ainsi d'atteindre des densités de semis de 135.000-145.000 gr/ha tout en limitant la pression de population sur le rang. «Dans les essais que je réalise chaque année, la taille des plantes augmente avec la densité de semis. Un maïs semé à 120.000 gr/ha en 75 cm mesure près d'un demi-mètre de plus qu'un à 83.000 gr/ha. En interrang de 45 cm, les graines, pour une même densité, sont moins serrées sur la ligne et donc mieux réparties sur la surface. La plante a moins besoin de se développer vers le haut pour chercher la lumière. Bien que toujours réelle, la différence de hauteur entre deux densités de semis est alors moins marquée qu'avec un interrang de 75 cm.» Récoltant avec un bec Kemper, l'agriculteur n'a pas de problème pour ensiler. Sur ses 18-20 ha d'ensilage produit chaque année, quelque 3 ou 4 ha sont encore implantés avec un écartement de 75 cm. Une partie peut éventuellement être récoltée en grain en cas de surplus d'ensilage. Malgré un diamètre de tige plus faible, ses semis à 140.000 gr/ha ne sont pas plus sujets à la verse. Le tonnage récolté est bien supérieur à celui d'un semis d'environ 100.000 gr/ha.
Un taux de matière sèche variable
Ces deux dernières années, les rendements ont avoisiné 25 t de MS/ha. Toutefois, le taux de MS varie fortement selon les années. En année bien pourvue en eau, «les fortes densités sont souvent moins avancées à la récolte et ont donc un taux de MS moins élevé», témoigne Didier Villain, de la coopérative de Saint-Hilaire-lez-Cambrai. A l'inverse, ils sont «plus vite secs quand la disponibilité en eau est plus faible». Anjou 249 en 2005 avait un taux de MS de 35% dans les semis à 139.000 gr/ha, de 32,7% à 81.000 gr/ha. En 2006, la tendance était de 28% en forte densité contre 30% en basse densité.
UFL, PDIN et PDIE sont légèrement plus faibles pour les fortes densités de semis. Les épis moins pourvus en grains concourent en partie à rendre l'ensilage un peu moins riche en amidon. Olivier Banteignie préfère compenser ce manque en ajoutant du blé dans la ration plutôt que d'avoir trop d'amidon qui obligerait à utiliser davantage de pulpe de betterave surpressée. Il ajoute 15 t de blé, ou l'équivalent, chaque année aux 450 t de MS d'ensilage de maïs produites. L'herbe enrubannée, les pulpes, la paille ou encore les fanes de pois complètent la ration du troupeau de 60 vaches laitières à 9 000 litres de lait par an (42 g de TB et 32 g de TP par kg de lait).
Une surface potentiellement réduite
L'augmentation de la densité de semis n'a pas eu d'impact sur le choix des indices de précocité (260-280) et les dates de semis. Les variétés Crazi, Campanis et Codisco ont été choisies cette année. Les fortes doses impliquent une augmentation du coût de la semence à l'hectare. Toutefois, la surface de maïs est réduite. Selon ses essais de 2005, il suffit de 19,6 ha de maïs à 139.000 gr/ha pour produire l'équivalent de matière sèche de 25 ha de maïs à 102.000 gr/ha.
«Produisant plus de MS/ha, j'adapte la dose d'azote. J'épands environ 30 t/ha de fumier qui couvrent les besoins en acide phosphorique et en potasse. J'ajoute ensuite 80 unités d'azote en complément.» En termes de lutte phytosanitaire, le Gaec utilise les mêmes produits aux mêmes doses que pour un semis classique. Il reste toutefois vigilant. «Je désherbe en postsemis prélevée. Les maïs étant semés en 45 cm, leur feuillage fait rapidement obstacle au traitement, rendant l'intervention moins efficace.» Le risque charbon lui semble également plus important.
Points forts - Meilleur rendement en matière sèche - Achat de pulpe surpressée limité - Réduction des surfaces de maïs ensilage Points faibles - Coûts à l'hectare plus élevés pour la semence et les engrais - Valeur alimentaire moins bonne - Forte sensibilité au manque d'eau |
Réduire la densité en cas de manque d'eauSi la majorité des maïs ensilages de l'exploitation sont implantés sur labour d'hiver, cinq hectares le sont chaque année derrière un seigle ou un ray-grass. «Au moment de semer mon maïs, ces couverts ont pompé une partie de l'eau du sol. Je réduis donc la densité de maïs à 115.000-120.000 gr/ha pour éviter que le rendement de matière sèche ne chute. Le terrain étant assez argileux cette année, je suis même descendu à 105.000 gr/ha.» En effet, la densité de semis est modulée en fonction de la situation. «Si je sème la plupart de mes maïs entre 135.000 et 145.000 gr/ha, j'estime qu'il n'est pas raisonnable de viser de telles densités dans certaines conditions. Je suis donc plutôt à 115.000-120.000 gr/ha dans une parcelle séchante, le long d'un bois ou encore lorsque le printemps est sec.» |
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