Aux petits soins pour le pressage Aux petits soins pour le pressage

La production d'huile carburant et de tourteaux à la ferme ne tolère pas l'à-peu-près, contrairement à l'impression trompeuse que laissent parfois ces installations au look artisanal. Grâce aux retours d'expériences des pionniers et aux travaux de différents organismes (1), on cerne mieux les conditions techniques qui permettront de mettre toutes les chances de son côté lorsque ce carburant végétal arrivera dans le moteur.

Presser des graines sèches

Que l'on recoure à du colza ou à du tournesol, il est important d'utiliser des graines sèches (entre 5 et 7 % d'humidité) avec peu d'impuretés (moins de 2 %). La pression à froid (2) a le mérite de diminuer la teneur en phospholipides (composés phosphorés piégés dans les gommes) responsables des imbrûlés et de l'encrassement potentiel du moteur. Mais pas de les éliminer totalement. D'où la nécessaire décantation, puis filtration.

Schématiquement, on retrouve deux types de presses sur le marché agricole qui ont chacun leurs avantages et inconvénients. Leur principe d'extraction, vis ou barreaux, a une incidence notoire sur la teneur résiduelle en matière grasse dans les tourteaux. Les modèles à barreaux sont réputés pour extraire plus d'huile (on peut descendre jusqu'à 11-12 % de matière grasse dans le tourteau au lieu de 20-24 % avec les autres). Mais ces modèles coûtent plus cher que les presses à vis. Selon l'espèce animale qui consomme les tourteaux, le critère matière grasse prend donc plus ou moins d'importance : l'excès de lipides est pénalisant pour les vaches laitières et la quantité incorporée de tourteaux doit alors être limitée - 2 kg au maximum pour un tourteau à plus de 20 % - alors que les porcs acceptent facilement les tourteaux gras. Réduire le débit de pressage permettrait aussi de diminuer de quelques pour cent la teneur enmatière grasse du tourteau (3 % de différence en moyenne entre le groupe à 14 kg/h et celui à 37 kg/h selon une enquête de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire (3)).

A la sortie de la presse, il est recommandé de laisser refroidir le tourteau pour éviter la condensation, avant de le stocker au sec.

(1) Pour en savoir plus : FDCuma Mayenne, Institut des huiles végétales pures, Civam 44, associations Valenergol et Roule ma fleur, forum www.oliomobile.org.

(2) Trituration durant laquelle les graines ne sont pas chauffées au-delà de la température résultat du travail mécanique de la presse (50-60 °C pour une presse à barreaux par exemple).

(3) La chambre d'agriculture du Maine-et-Loire a réalisé une enquête sur une trentaine d'élevages de vaches laitières recourant aux tourteaux fermiers.

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