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Orge éviter les dépassements de protéines

Adapter la dose d'azote et fractionner à bon escient sont les deux recettes pour sécuriser le taux de protéines des orges de printemps brassicoles.

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La récolte 2005 a connu des taux de protéines exceptionnels. Bienvenues en blé, ces teneurs se sont révélées désastreuses pour bien des parcelles d'orge, qui ont dépassé la limite de 11,5 % fixée par les brasseurs. « Les fortes chaleurs de la deuxième quinzaine de juin ont pénalisé le remplissage et favorisé le transfert d'azote vers le grain, se souvient Christian Revallier, de la chambre d'agriculture du Loiret. Les protéines se sont concentrées dans de petits grains. »

Pour viser la fourchette de 9,5 à 11,5 % de protéines, la fertilisation de l'orge de printemps doit être fine- ment raisonnée. Le calcul de la dose d'azote est basé sur la méthode du bilan. Les besoins de la culture sont estimés à 2,5 kg d'azote par quintal de grains produit.

Marge de sécurité

Bien cerner l'objectif de rendement est primordial. Pour cela on s'appuiera sur la moyenne des cinq dernières années moins les extrêmes, en fonction de la parcelle et de la variété. « Pour des variétés à potentiel plus élevé, comme Sébastian, il faut compter récolter 6 à 7 q/ha de plus qu'avec Scarlett », note le spécialiste.

Idéalement, l'estimation de la fourniture en azote du sol repose sur la mesure du reliquat sortie hiver sur 90 cm. Même si l'orge est une culture de printemps, ses racines peuvent descendre très bas. « En sol profond, lorsque les reliquats sont importants entre 60 et 90 cm de profondeur, il y a toutes les chances d'en avoir autant entre 90 et 120 cm, ajoute Christian Revallier. Mieux vaut alors li- miter la dose, car tout le reliquat utilisable n'est pas toujours mesuré. Cela a parfois été le cas en 2005.»

La dose ainsi calculée est bien adaptée aux sols de craie et aux argilo-calcaires, qui minéralisent moins et ont tendance à produire des teneurs en protéines plus faibles que les sols limoneux. Ailleurs, elle doit être minorée de 0 à 30 kg d'azote par hectare. Cette marge de sécurité n'est pas nécessaire dans les parcelles qui peuvent être irriguées et dont le rendement est ainsi sécurisé. L'ajustement varie entre 0 et 20 kg/ha pour les variétés de type Astoria ou Cork, qui obtiennent une teneur en protéines inférieure de 0,6 à 1 % aux autres variétés. La réduction s'échelonne entre 10 et 30 kg/ha pour les orges de type Scarlett.

Fractionnement

Apporté précocement, l'azote sur orge est moins bien utilisé que sur blé. L'efficacité varie selon les modalités d'apport. L'azote épandu en une seule fois au semis est moins bien utilisé que s'il est apporté à 2-3 feuilles ou en deux fois. Dans les essais Arvalis, l'apport fractionné et l'apport unique début tallage ob- tiennent en moyenne un gain de rendement de 3 q/ha. Le taux de protéines progresse de 0,3 à 0,5 point, tout en restant dans les normes de qualité brassicoles.

« Apporter l'azote en une seule fois entraîne des variations de CAU (1) et donc une variabilité accrue du rendement et du taux de protéines », confirme Christian Revallier. A contrario, le fractionnement permet d'obtenir un taux de protéines plus régulièrement dans les limites imposées par la brasserie. Les sols de craie et les argilo-calcaires caillouteux, les semis précoces et les potentiels élevés sont les situations qui ont le plus à gagner avec le fractionnement.

« Pour les semis de février, je pousse à fractionner, avec un premier apport au semis (50 kg/ha) et le solde entre début et plein tallage, indique le conseiller. Après le 15 mars, mieux vaut être prudent et réaliser un apport unique au semis ou effectuer le second au plus tard au stade début tallage. » Si la dose totale est inférieure à 100 kg/ha, on optera pour un apport unique. Plus le reliquat sortie hiver est élevé, plus l'apport peut être retardé.

(1) Coefficient apparent d'utilisation de l'azote.

 

Dosage : calcul simplifié

L'autre méthode de calcul de la dose d'azote consiste à prendre en compte un besoin en azote de seulement 2,2 kg par quintal produit, ce qui revient à diminuer la dose de 15 à 25 kg/ha selon le rendement visé. Ce chiffre n'est pas à retenir pour les sols de craie ou les argilo-calcaires caillouteux.

 

 

Détecter les carences

Les outils de pilotage peuvent être utilisés pour détecter une éventuelle carence. La dose est apportée en totalité avant le stade plein tallage. Le test permet ensuite de vérifier si la plante n'est pas sous-alimentée. " On peut se poser la question lors d'années très humides, s'il y a eu du lessivage en février-mars, estime Christian Revalier. Ou encore si l'agriculteur obtient régulièrement des teneurs en protéines trop basses dans des sols argilo-calcaires. " Pour réaliser ce troisième apport sans risque, il est nécessaire de pouvoir irriguer.

 

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