«Le confort de travail vaut le coût» «Le confort de travail vaut le coût»
Au moment de sa mise aux normes, le Gaec du Menhir a fait l'acquisition d'un robot. Quatre ans plus tard, les associés constatent que les coûts de fonctionnement sont relativement peu élevés, même si l'investissement pèse dans la trésorerie.
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Pour Gisèle et Michel Dugast, l'achat d'un robot, la construction d'un bâtiment neuf et l'installation de leurs deux fils correspondent à un aboutissement. «Michel s'est installé en 1972 et moi en 1992. Notre projet, c'était de posséder notre outil de travail. Nous l'avons obtenu à cinquante ans. Et notre bonheur est d'avoir installé nos fils», résume Gisèle. Dans leur parcours, 1997 a été une année charnière. Alors que les deux parents étaient en EARL depuis 1992, leur fils aîné, Yannis, est venu s'installer sur l'exploitation. «Nous pouvions donc passer en priorité pour la mise aux normes. Nous n'avons pas hésité.» Les trois associés construisent alors un bâtiment neuf sur une parcelle qui leur appartient. A l'époque, les conseillers leur parlent logettes et salle de traite, mais les éleveurs leur préfèrent un robot et une aire paillée. «Ce n'est pas notre truc de faire les choses à moitié. On les fait bien ou on ne les fait pas», justifie Michel. «Le coût d'un robot et d'une aire paillée s'élève à 2.744 euro par vache, celui d'une salle de traite avec logettes est de 2.286,70 euros. Le confort de travail vaut la différence», renchérit Yannis. Après vingt-sept ans de traite, Michel Dugast dit avoir vécu l'installation du robot presque comme un changement de vie. «C'était le 9 novembre 1998, à 14 heures 15. Je me souviendrai toujours de cette date», confie-t-il.
Trois semaines d'adaptation
Les dix jours précédant la venue du robot, les soixante-six vaches laitières avaient déjà pris possession de leur nouveau logement : une aire paillée de 450 m² et une aire d'exercice avec cornadis. Pendant cette période transitoire, le robot fonctionnait exclusivement pour la partie Dac. « La moitié des vaches se sont habituées à ce moment-là.». Une fois la salle de traite fermée, l'éleveur avoue avoir vécu dix jours difficiles. « Je dormais dans le bureau. Il fallait habituer les bêtes au robot. Et je devais tout surveiller. » Au bout de trois semaines, soixante-dix pour cent des bêtes avaient pris le pli.
Quatre ans plus tard, les associés font le point. A la question des coûts d'achat et de maintenance, ils apportent des réponses précises. Acheté 137.204 euros, mais autofinancé dans sa majeure partie, le remboursement du robot représente 7,57 euros pour 1.000 litres de lait produits. Le Gaec a emprunté 33.538,78 euros (220.000 francs) sur neuf ans. Il rembourse donc 4.669,11 euros par an, pour 620.000 litres de lait produits (quota + rallonge accordée par la laiterie + lait distribué aux veaux). A cela s'ajoutent les coûts de maintenance. Les Dugast ont opté pour un contrat d'entretien à 2.896,53 euros par an, soit 4,67 euros pour 1.000 litres de lait par an. En contrepartie, Lely, le constructeur du robot, effectue un contrôle de routine toutes les six semaines plus un contrôle complet tous les six mois.
En ce qui concerne les coûts de fonctionnement globaux sur l'exploitation, le poste EDF moyen s'élève à 4,57 euros pour 1.000 litres de lait. L'eau représente 3,05 euros pour 1.000 litres (1). Enfin, l'ensemble des produits consommables coûte 3,05 euros pour 1.000 litres. 79% sont liés à l'achat des produits d'hygiène de la traite, 21% aux divers accessoires (manchons, tuyaux, etc.). «Nous sommes assez exigeants sur l'hygiène de la traite. Le coût des produits ramené au litre de lait est pourtant relativement peu élevé, du fait de la capacité de traite du robot», commente Michel Dugast.
Globalement, le coût de fonctionnement du robot avoisine donc les 15,34 euros pour 1.000 litres de lait. Mais les éleveurs apprécient sans réserve les avantages gagnés. «Le premier grand changement, c'est qu'il n'y a plus de traite», s'exclame Michel. Lui et son deuxième fils Florent, installé en 2000, se chargent de la gestion du troupeau. Ils apprécient tous deux le temps libéré. Selon une étude de l'Inra, le robot permettrait de réduire entre 50 et 67% la durée d'astreinte liée à la traite. Les éleveurs ont toutefois des difficultés à effectuer ce type de décompte. Par rapport à la traite traditionnelle, leur temps s'organise différemment. «Je passe un quart d'heure par jour sur le micro-ordinateur pour l'analyse des résultats. D'autre part, je surveille souvent les animaux, en les visitant trois ou quatre fois par jour», explique Michel Dugast.
Une production en hausse de 10%
Cette présence est bénéfique puisque le taux de réussite en première IA est actuellement de 70%, alors que la production tourne, cette année, à 9.500 kg de moyenne. «Je pense que je connais mieux mes vaches aujourd'hui. Je prends le temps de les regarder et je possède toutes les données techniques grâce au robot.» La qualité du lait est aujourd'hui excellente. La teneur moyenne en germes totaux s'élève à 10.000. La teneur en spores butyriques est comprise entre 200 et 400 et la teneur en cellules est inférieure à 150.000. De plus, le troupeau déclare moins d'une mammite par mois. Autant de bénéfices que les éleveurs estiment devoir à 60% au bâtiment et à 40% à la traite. Autre changement, l'alimentation des vaches laitières a été un peu modifiée. Le concentré n'est plus distribué en salle de traite mais au Dac. «Le Dac a attiré les animaux au départ. Il permet aujourd'hui de bien maîtriser la consommation de concentré.» Comme c'est le cas dans beaucoup d'exploitations, les vaches restent toute l'année au bâtiment. L'Institut de l'élevage a d'ailleurs constaté que le nombre d'élevages pratiquant le zéro pâturage a quasi doublé avec l'acquisition d'un robot. Il passe de 24 à 50%.
Après quatre ans d'utilisation, les éleveurs ont observé au début de 2002 une augmentation de la production de 10%. Un gain de production que l'Inra de Clermont-Theix a constaté dans les deux tiers des élevages équipés depuis plus de deux ans. Si le robot de traite joue un rôle dans cette amélioration, puisqu'il augmente le nombre de traites, le réaménagement du logement semble aussi avoir sa part dans cette évolution.
(1) Moyenne obtenue sur quatre ans de fonctionnement, en comptant 620 000 litres de lait produits.
L'EXPLOITATION du Gaec du Menhir- Saint-Hilaire-de-Loulay (Vendée) - Gaec à 3,25 UTH - 70 VL prim'holsteins, une trentaine de génisses - Quota : 574.903 litres - Moyenne économique: 9.500 kg/VL, à 37,5 de TB et 31,5 de TP - SAU: 90 ha, dont 35 ha de céréales, 25 ha de maïs irrigué et 7 ha en jachère, le reste en prairie. |
Contrôle laitier: un surcoûtPour suivre un élevage équipé d'un robot de traite, le contrôle laitier doit louer un préleveur d'échantillons spécifique. Il lui faut ensuite réorganiser ses tournées. Un contrôleur devra passer plusieurs fois dans la journée pour changer les paniers d'échantillons, avant de déplacer l'appareil d'élevage en élevage. En additionnant le nombre d'analyses, plus élevé, les kilomètres supplémentaires et le temps passé par le secrétariat pour traiter les données, le contrôle laitier de Vendée compte 20 euros supplémentaires par vache et par an. Un surcoût qui n'est pas répercutés, pour l'instant, sur les adhérents concernés. |
Parents-enfants : deux points de vueEn 1997, le propriétaire du site où est construit leur bâtiment refuse les investissements liés à la mise aux normes. La famille Dugast décide donc de construire un bâtiment neuf sur une parcelle qui lui appartient. Quitte à construire du neuf, la question est posée: «Pourquoi refaire une salle de traite identique alors qu'elle sera dépassée dans dix ans?» Le point de vue de la mère de famille a pesé lorsque le Gaec a envisagé l'achat du robot. «C'est moi qui ai lancé l'idée, reconnaît Gisèle Dugast. Mon mari est un éleveur dans l'âme. Le troupeau, c'est sa vie. Mais je m'interrogeais sur l'avenir: que faire si les jeunes n'aimaient pas la traite comme leur père?» Elle est consciente de l'écart qui peut exister entre les deux générations. «Nous, les parents, on a toujours privilégié notre vie professionnelle par rapport à notre vie privée. Pour les enfants, aujourd'hui, c'est l'inverse.» Pour Michel, son mari, l'objectif a toujours été de «travailler mieux». Pour les jeunes, il est d'«augmenter les prélèvements et de prendre plus de vacances»… Aujourd'hui, Yannis, son fils, apprécie de ne plus être pressé par l'horaire de traite, donc moins stressé. |
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