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Place des femmes Les clés d’une gouvernance partagée

Dans leur documentaire Croquantes, Tesslye Lopez et Isabelle Mandin rappellent la pertinence d’un groupe non mixte en faveur de l’engagement. En tournée dans les salles en France.

Mesures incitatives, formations, guide, marrainage :  les groupes de femmes issues des structures agricoles donnent des solutions pour renforcer l’engagement des agricultrices à la tête des instances.

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Pour féminiser les gouvernances des structures agricoles, la mise en place de quotas obligatoires au sein des conseils d’administration reste un sujet controversé. « Le mot est banni, car il fait en priorité référence aux quotas laitiers, souligne la sociologue Clémentine Comer. Les femmes rétorquent souvent : « On n’est pas des marchandises ! ». Elles préfèrent parler de mesures incitatives ou obligatoires. »

Limiter les mandats

Si les réticences ont longtemps été fortes à l’égard du sujet de la mixité au sein des instances de décision, les lois dites de « parité » avec des impacts visibles en politique, ont progressivement fait évoluer les esprits, notamment dans les syndicats agricoles. La FNSEA qui se déclarait opposée à un seuil déterminé, évoque désormais la possible mise en place de mesures incitatives.

La Coordination rurale se montre plus récalcitrante : « C’est une question de compétences, pas de genre », indique Natacha Guillemet, responsable de la section agricultrices du syndicat. « Le tiers me semblerait raisonnable, complète toutefois sa présidente Véronique Le Floc’h. Mais plutôt que de mettre en place des seuils obligatoires, limiter la durée et le nombre des mandats me paraît être plus contraignants. »

Stéphanie Pageot, ex-présidente de la Fnab (Fédération nationale d'agriculture biologique), en charge du dossier sur « La place des femmes » lancé par le réseau, y est « plutôt » favorable : « A l’Inao (Institut national d’appellation d’origine), six représentants de la Fnab siègent dans les comités en lien avec le label bio. Or l’institut exige la parité. Ca nous a obligé à aller chercher des femmes, ce que nous n’aurions pas fait sans obligation. Sans cela, ça n’est jamais un sujet prioritaire. »

Le Haut conseil à la coopération agricole recommande dans son guide de gouvernance de faire le point sur le nombre de femmes dans son sociétariat et d’en déduire un seuil de représentativité. « Dans une coopérative sans femmes, la question de la féminisation de son conseil d’administration ne se pose pas », argumente Marine Nossereau de la Coopération agricole.

Se former

Parmi les autres leviers activés, la formation est défendue par l’ensemble des structures agricoles. La Fnab a créé, début janvier 2023, un groupe d’échanges pour des agricultrices souhaitant s’investir dans le réseau, gagner en compétences, en légitimité et en confiance. « Nous travaillons sur des problématiques comme la gestion du temps ou encore la prise de parole en public, reprend Stéphanie Pageot. Nous prévoyons aussi des séances techniques, mais aussi sur le fonctionnement des instances agricoles. Les femmes se posent beaucoup plus de questions que les hommes quand il s’agit de parler d’un sujet. Un groupe non mixte les aide à s’exprimer. »

Parmi les formations les plus sollicitées au sein de la Commission nationale des agricultrices de la FNSEA, prendre la parole en public, gagner en assurance, gérer son stress arrivent en tête de file. « Nous nous entraînons aussi à communiquer sur les réseaux sociaux, répondre aux médias en plus de suivre des formations techniques, indique sa présidente Jacqueline Cottier. Les groupes de femmes sont des tremplins pour accéder aux responsabilités. »

Gagner en légitimité

La commission non mixte de la Confédération paysanne travaille de son côté à l’édition d’un « Manuel d’autodéfense féministe face aux violences sexistes et sexuelle » : « On y trouvera notamment plusieurs pistes de réflexion sur les outils que le syndicat et ses comités départementaux doivent mettre en place pour favoriser la présence des femmes dans les instances de décision comme alléger le format des réunions, favoriser une animation inclusive, permettre la parole, etc. », décrit Paloma Cuevas, membre du collectif.  

Toutes les femmes interrogées dans ce dossier ont été appelées à prendre des responsabilités. Sans les sollicitations d’une femme ou d’un homme, aucune ne sait si elle se serait engagée au sein du réseau où elle siège.

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