« La dernière réunion a eu lieu le 3 octobre. Depuis, la laiterie n’a plus donné de nouvelles pour répondre aux propositions de l’organisation de producteurs. » En lait de brebis aussi, les négociations entre laiteries et organisations de producteurs (OP) sont compliquées. Les Bergeries Laitières d’Aqui’Oc, OP de 64 producteurs de l’Aveyron, du Tarn, du Tarn-et-Garonne et de la Dordogne, alerte sur sa situation dans deux communiqués de presse diffusés les 24 septembre et du 21 octobre 2024.

Les négociations avaient été entamées au début de septembre entre l’OP et sa laiterie Le Petit Basque, en Gironde (groupe SILL). Objectif, fixer le prix du lait pour la campagne de 2025. Problème, « l’augmentation proposée par la laiterie par rapport à 2024 ne compense pas l’augmentation cumulée des coûts de production depuis 2021 », décrypte Guillaume Favoreu, conseiller de l’OP et expert foncier et agricole chez Optimes.

0,8 Smic en moyenne

« Les charges ont bondi de 30 % entre le début de 2020 et 2024, contre 15 % pour le prix du lait payé. Depuis trois ans, le delta augmente entre rémunération et charges », dépeint Guillaume Favoreu. La variable d’ajustement ? « Le salaire des producteurs, qui se dégrade. » L’expert aligne les chiffres. « Le prix de revient du lait de brebis se situe autour de 1 500 €/ 1 000 litres actuellement, et la laiterie Le Petit Basque paye 1 100 €/ 1 000 litres. Cela permet aux éleveurs de toucher 0,8 Smic en moyenne. »

Les Bergeries Laitières d’Aqui’Oc indique ainsi attendre un geste fort de la part de la laiterie Le Petit Basque, mais s’inquiète du mutisme du transformateur depuis le début d'octobre à l’issue de la dernière réunion de négociation. « C’est le silence radio. Nous avions pourtant avancé en septembre. Chacun avait fait un pas vers l’autre. Le delta entre ce que l’OP demande et ce que la laiterie propose est faible en conventionnel, et un peu plus important en bio. »

« La laiterie ne publie pas ses comptes »

L’OP est dans l’incompréhension, d’autant que l’analyse des prix de vente industriels (PVI) de la laiterie « permet de supposer que leurs prix de vente ont augmenté de plus de 25 % ces dernières années », explique Guillaume Favoreu. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas de données plus précises car la laiterie ne publie pas ses comptes. »

Un accord rapide « permettrait pourtant de construire sereinement l’avenir et les prochaines étapes de la contractualisation et éviter la saisine du médiateur ». Ce cas n’est pas isolé à en croire Guillaume Favoreu. « Cette année, ça a été compliqué pour plusieurs OP de brebis un peu partout. Les laiteries laissent peu de marges de négociations aux producteurs. Le rapport de force est déséquilibré. »