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Assemblée nationale Les débats sur les néonicotinoïdes ont commencé

Les débats sur le projet de loi permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes en enrobage de semences pour la betterave, ont commencé à l’Assemblée nationale. Ce texte « ne veut pas opposer économie et écologie » mais est une question de « souveraineté », a affirmé le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie.

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« C’est un texte difficile, important qui ne veut pas opposer économie et écologie, a insisté Julien Denormandie le ministre de l’Agriculture en ouvrant les débats ce 5 octobre 2020 à l’Assemblée nationale. La question est celle de notre souveraineté. La filière de la betterave est aujourd’hui en danger, a-t-il ajouté. Il faut avoir l’humilité de reconnaître que nous sommes dans une impasse. »

L’avenir de la filière sucrière française en jeu

L’utilisation des néonicotinoïdes est interdite depuis 2018. Avec ce projet de loi, le gouvernement s’appuie sur l’article 53 du règlement européen sur les produits phytosanitaires permettant de déroger à l’interdiction de certains produits lorsqu’il existe un « danger qui ne peut être maîtrisé par d’autres moyens raisonnables ».

 

« Aujourd’hui il n’existe pas d’alternative, qu’elle soit chimique ou agronomique, a affirmé Julien Denormandie Denormandie. Nous sommes tous favorables à l’arrêt des néonicotinoïdes, nous sommes tous favorables à la transition agro-écologique, mais cela ne peut pas être au prix de tuer une filière française pour importer des sucres polonais, allemands ou belges. »

 

La baisse des rendements menace la filière sucrière française, qui emploie 46 000 personnes, estime la profession. « Souhaitons nous laisser notre première place (de producteur de sucre) au niveau européen ? Pour une question de dogmatisme ? », a interrogé le rapporteur du texte Grégory Besson-Moreau, député du groupe La République en marche.

 

Plusieurs voix se sont élevées ces derniers jours et dans l’hémicylcle pour proposer de financer la totalité des pertes des betteraviers plutôt que de réautoriser les néonicotinoïdes. « La « mise sous perfusion économique de la filière » voulue par certains détracteurs du projet de loi, n’est « pas rendue possible par l’encadrement européen » leur a répondu Julien Denormandie.

 

Une motion de rejet préalable

Le patron du groupe La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a ensuite défendu une motion de rejet préalable du projet de loi, jugeant qu’« une faute va se commettre. Nous allons décider quelque chose de dangereux pour nos semblables, pour nos enfants, nos petits-enfants » et demain d’autres dérogations seront demandées, a-t-il affirmé.

 

Le président du groupe parlementaire LFI a estimé en outre que « la betterave française est malade du libre-échange » davantage que des pucerons. « Vos propos d’estrade ne feront jamais pousser une betterave dans notre pays », lui a rétorqué Julien Denormandie. Une majorité des députés (92 sur 126 votants) ont voté contre la motion de rejet.

 

À la tribune, plusieurs députés ont déploré l’absence dans l’hémicycle de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili qui a fait voter en 2016 l’interdiction des néonicotinoïdes. Delphine Batho, députée Écologie democratie solidarités, a dénoncé ce « revirement spectaculaire », s’opposant fermement à « l’empoisonnement intentionnel des terres de France ». Comme Nicolas Hulot dans le Journal du dimanche, elle appelle les députés à « refuser ce contre-sens historique ».

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