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« Sur le front » du maïs : « agriculteurs, prenons la parole »

La FNSEA, ses associations spécialisées dans les grandes cultures et les JA estiment que l'émission « Sur le front » d'Hugo Clément concernant le maïs « a pris des allures de procès à charge ».

Après la diffusion de l’émission « Sur le front » relative au maïs le 16 juin 2025 sur France 5, Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), appelle les agriculteurs à expliquer aux citoyens la réalité de leur métier avec transparence et à « rétablir la vérité ».

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Quel est votre regard sur l’émission « Sur le front » consacrée au maïs et diffusée le lundi 16 juin 2025 sur France 5 ?

« C’était affligeant, un procès à charge contre la production de maïs français, contre les agriculteurs, avec des éléments inexacts, partiels et déconnectés de la réalité de la production de maïs en France.

Pourtant, nous avions été sollicités et nous avions répondu à l’ensemble des questions qui nous avaient été posées par écrit sur tous les thèmes qui ont été abordés : agronomie, gestion de l’eau, débouchés… Nous n’avons retrouvé aucun des éléments factuels que nous avons transmis. Il faut que ces pratiques, qui n’ont rien d’un journalisme objectif, cessent. Les producteurs ne le supportent plus. Pendant la diffusion, j’ai reçu des réactions de producteurs révoltés. Ce genre de reportage est inacceptable et inaccepté par les agriculteurs. »

« Ce genre de reportage est inacceptable et inaccepté par les agriculteurs », estime Franck Laborde, président de l’Association générale des producteurs de maïs (AGPM), (©  AGPM)

Comment pensez-vous pouvoir davantage faire entendre votre point de vue ?

« En nous exprimant publiquement sur ce que nous faisons : nous, les producteurs, nous sommes les mieux placés pour le faire. Nous connaissons la réalité de la production. Prenons la parole pour rétablir la vérité sur l’ensemble de nos productions. Nos pratiques n’ont rien à envier aux pratiques de l’agriculture partout ailleurs dans le monde, bien au contraire. Par exemple si on prélève de l’eau, il faut dire combien, pourquoi, ce qu’elle devient…

J’encourage mes collègues à expliquer très sincèrement ce qu’ils font et pourquoi. Tout le monde peut le comprendre. La première fois est toujours la plus difficile mais on se rend compte que très souvent, on est compris. Les enquêtes d’opinion indiquent que les citoyens font plutôt confiance aux agriculteurs : il n’y a pas de raison que cela change. »

La FNSEA, ses autres associations spécialisées dans les grandes cultures et les JA se sont associées à l’AGPM pour dénoncer d’une seule voix le traitement médiatique de l’émission par communiqué le 17 juin (lire l'encadré). Pourquoi ?

« À force de marteler de tels mensonges, en attaquant l’agriculture et ses débouchés, on prend le risque d’affaiblir encore plus la production française. Cela pourrait décourager l’aval, mettre des gens au chômage, et faire en sorte que nous dépendions encore plus des importations. Dans le réseau signataire, nous ne l’acceptons pas. C’est pour cela que nous nous exprimons. Cette solidarité, très spontanée, nous donne encore plus de force. »

Revenons à l’émission : quels sont les principaux points qui auraient mérité, selon vous, d’être nuancés ?

« Un des points les plus marquants est qu’il a été indiqué que peu de maïs est destiné à l’alimentation humaine. En réalité, près de 90 % du maïs cultivé en France l’est, de façon directe ou indirecte via l’alimentation animale.

En lien avec cela, le sujet de la méthanisation a été monté en boucle, en laissant sous-entendre que des quantités astronomiques de maïs y sont destinées de façon. Alors que 2,5 % des surfaces de maïs cultivées en France sont utilisées dans les méthaniseurs.

Et puis, au sujet de l’eau : le gave d’Oloron, c’est chez moi, je connais parfaitement le sujet. Les termes utilisés pour parler des prélèvements et du « croupissement » de l’eau sont totalement honteux. Nous y prélevons 1 % du volume d’eau qui s’écoule durant le mois de juillet et d’août, lorsque les niveaux sont les plus bas. C’est régi par l’État, et une cellule de crise se réunit sous la présidence du préfet des Pyrénées-Atlantiques, au cas où il faudrait restreindre les prélèvements.

Voilà quelques chiffres, alors que le reportage ne mettait en avant que des suppositions, des analyses personnelles qui ne s’appuient sur rien de factuel. »

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